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«Et celui-là qui est permanent et bien fondé est près de s'épanouir dans un champ de force selon ses lignes de force d'abord invisibles. Celui-là je le dis rempart admirable, car le temps ne l'usera point mais le bâtira. Le temps est fait pour le servir. Et peu importe s'il semble nu.

«Le cuir du caïman ne protège rien si la bête est morte.»

Ainsi considérant la ville ennemie, encastrée dans son armature de ciment, je méditais sur sa faiblesse ou sur sa force. «Est-ce elle ou moi qui menons la danse?» Il est dangereux, dans un champ de blé, de jeter un seul grain d'ivraie, car l'être de l'ivraie domine l'être du blé, et peu importe l'apparence et le nombre. Ton nombre est porté dans la graine. Il te faut dérouler le temps pour le compter.


CLVIII


Ainsi ai-je médité longtemps sur le rempart. Le rempart véritable est en toi. Et le savent bien les soldats qui te font tournoyer leurs sabres. Et tu ne passes plus. Le lion est sans carapace mais son coup de patte va comme l'éclair. Et s'il saute sur ton bœuf, il te l'ouvre en deux comme un placard.

Certes, me diras-tu, est fragile le petit enfant, et tel qui plus tard changera le monde eût aisément été soufflé dans ces premiers jours comme une chandelle. Mais j'ai vu mourir l'enfant d'Ibrahim. Dont le sourire était au temps de sa santé comme un cadeau. «Viens», disait-on à l'enfant d'Ibrahim. Et il venait vers le vieillard. Et il lui souriait. Et le vieillard en était éclairé. Il tapotait la joue de l'enfant et ne savait trop quoi lui dire, car l'enfant était un miroir qui donnait un peu de vertige. Ou une fenêtre. Car toujours l'enfant t'intimide comme s'il détenait des connaissances. Et tu ne t'y trompes guère, car son esprit est fort avant que tu l'aies rabougri. Et de ses trois cailloux il te fait une flotte de guerre. Et certes le vieillard ne reconnaît point dans l'enfant le capitaine d'une flotte de guerre, mais il reconnaît ce pouvoir. Or, l'enfant d'Ibrahim était comme l'abeille qui puise tout autour pour faire son miel. Tout lui devenait miel. Et il te souriait de ses dents blanches. Et toi tu restais là en sachant quoi saisir à travers ce sourire. Car il n'est point de mots pour le dire. Simplement, merveilleusement disponibles ces trésors ignorés, comme ces coups de printemps sur la mer avec une grande déchirure de soleil. Et le marin se sent brusquement changé en prière. Le navire pour cinq minutes va dans la gloire. Tu croises tes mains sur ta poitrine et tu reçois. Ainsi de l'enfant d'Ibrahim dont le sourire passait comme une occasion merveilleuse que tu n'eusses su en quoi, comment saisir. Comme un règne trop court sur des territoires ensoleillés et des richesses que tu n'as même pas eu le temps de recenser. Dont tu ne pourrais rien dire. Alors c'est celui-là qui ouvrait et fermait ses paupières comme des fenêtres sur autre chose. Et, bien que peu bavard, t'enseignait. Car le véritable enseignement n'est point de te parler mais de te conduire. Et toi, vieux bétail, il te conduisait comme un jeune berger dans les invisibles prairies dont tu n'eusses rien su dire sinon que pour une minute tu te sentais comme allaité et rassasié et abreuvé. Or, c'est celui-là qui était pour toi signe d'un soleil inconnu, dont tu apprenais qu'il allait mourir. Et toute la ville se changeait en veilleuse et en couveuse. Toutes les vieilles venaient essayer leurs tisanes et leurs chansons. Les hommes se tenaient devant la porte pour empêcher qu'il y eût du bruit dans la rue. Et l'on te l'enveloppait et te le berçait et te l'éventait. Et c'est ainsi que se bâtissait entre la mort et lui un rempart qui eût pu paraître imprenable car une ville entière l'entourait de soldats pour soutenir ce siège contre la mort. Ne va pas me dire qu'une maladie d'enfant n'est qu'une lutte de faible chair dans sa faible gaine. S'il existe un remède au loin on a dépêché des cavaliers. Et voilà que ta maladie se joue aussi sur le galop de tes cavaliers dans le désert. Et sur les haltes pour les relais. Et les grandes auges où l'on fait boire. Et sur les coups de talon au ventre, car il faut gagner la mort à la course. Et certes, tu ne vois qu'un visage fermé et lisse de sueur. Et cependant ce qui se combat, se combat aussi à coups d'éperon dans le ventre.

Enfant chétif? Où vois-tu qu'il le soit? Chétif comme le général qui mène une armée…

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