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Et le frère aujourd'hui le lavera de ces crachats et lui fera rempart, de sa gloire, contre les pierres. Et lui le chétif sera purifié par le grand vent d'un cheval au galop. Et l'on ne verra plus sa laideur, car son frère est beau. Sera lavée son humiliation car son frère est de joie et de gloire. Et lui le tachu se réchauffera dans son soleil. Et désormais les autres, l'ayant reconnu, l'inviteront à tous leurs jeux: «Toi qui es de ton frère, viens courir avec nous… tu es beau en ton frère.» Et il priera son frère de les faire monter eux aussi, tour à tour, sur l'encolure de son cheval de guerre, afin qu'ils soient, à leur tour, abreuvés de vent. Il ne saurait tenir rigueur à ce petit peuple de son ignorance. Il les aimera et leur dira: «A chaque retour de mon frère je vous réunirai et il vous racontera ses batailles…» Donc il se serre contre toi car tu sais. Et en toi il n'est point si difforme, car tu vois son frère aîné au travers.

Mais tu venais lui dire d'oublier qu'il est un paradis et une rédemption et un soleil. Tu venais le priver de l'armure qui le faisait courageux sous les pierres. Tu venais le soumettre à sa boue. Tu venais lui dire: «Mon petit d'homme, cherche autrement à exister, car il n'est point à espérer de promenade en croupe sur un cheval de guerre.» Et comment lui annoncerais-tu que son frère a été chassé de l'armée, qu'il s'achemine honteux vers le village, et qu'il boite si bas, sur la route, qu'on lui jette des pierres?

Et si, maintenant, tu me dis:

«Je l'ai moi-même désenseveli, mort, de la mare où il se noya, car il ne pouvait plus vivre, faute de soleil…»

Alors je pleurerai sur la misère des hommes. Et, par la grâce de tel visage tachu, non d'un autre, de tel cheval de guerre, non d'un autre, de telle promenade en croupe un jour de gloire, et non d'une autre, de telle honte au seuil d'un village, non d'une autre, de telle mare enfin dont tu m'as raconté les canards et la pauvre lessive qui séchait sur les bords, voici que je rencontre Dieu, tant va loin ma pitié au travers des hommes, car tu m'as guidé sur le véritable sentier en me parlant de cet enfant-ci et non d'un autre.

Ne cherche point d'abord une lumière qui soit un objet parmi des objets, celle du temple couronne les pierres.


C'est en graissant ton fusil avec respect et pour le fusil et pour la graisse, c'est en comptant tes pas sur le chemin de ronde, c'est en saluant ton caporal pour le caporal et pour le salut, que tu prépares en toi l'illumination de la sentinelle — c'est en poussant tes pièces d'échecs dans le sérieux des conventions du jeu d'échecs, c'est en rougissant de colère si ton adversaire triche avec la règle, que tu prépares en toi l'illumination du vainqueur d'échecs. C'est en sanglant tes bêtes, c'est en grognant contre la soif, c'est en maudissant les vents de sable, c'est en butant et en grelottant et en brûlant que — sous la condition que tu demeures fidèle non au pathétique des ailes qui n'est que fausse poésie à l'étage de la chenille, mais à ta fonction de chaque instant — tu peux prétendre à l'illumination du pèlerin qui sentira plus tard qu'il a fait le pas de miracle aux soudains battements de son cœur.

Le pouvoir m'a été refusé, aussi poétiquement que je te parlasse d'elle, de déverrouiller tes joies en réserve. Mais j'ai pu t'aider à l'étage des matériaux. Je t'ai parlé sur l'entretien des puits, sur la guérison des ampoules des paumes, sur la géométrie des étoiles, comme tout aussi bien sur les nœuds des cordes, quand une de tes caisses glissait de travers. Afin qu'il chantât leur cantique je t'ai convoqué celui-là qui, avant de se faire chamelier, ayant quinze années durant navigué sur mer, n'eût point trouvé dans l'arrangement des bouquets de fleurs, comme dans l'art des parures de danseuses, source de poésie plus exaltante. Il est des nœuds qui t'amarrent un navire, et qu'un doigt d'enfant fait s'évanouir rien qu'en les frôlant. D'autres qui paraissent plus simples que l'ondulation du cou d'un cygne, mais tu peux soumettre l'un d'eux à ton camarade, et parier contre sa victoire. Et, s'il tient le pari, tu n'as plus qu'à bien t'installer pour rire à ton aise, car de tels nœuds rendent furieux. Et mon professeur n'oubliait pas, dans la perfection de ses connaissances, bien qu'il fût borgne, dévié de nez et exagérément bancal, les boucles frêles dont il convient que tu fleurisses le présent pour la bien-aimée. La réussite n'étant parfaite qu'à condition que la bien-aimée te les puisse dénouer du geste même qui cueille les fleurs. «Alors, te disait-il, ton présent enfin l'émerveille et elle pousse un cri!» Et tu fermais les yeux tant il était difforme, quand il mimait le cri d'amour.

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