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«Moi aussi j'ai réconcilié et j'ai connu le matin frais où la bien-aimée te réclame le lait de chèvre et le pain tendre. Et te voilà penché sur elle, une main soutenant la nuque, l'autre haussant le bol jusqu'aux lèvres pâles, et toi regardant boire. Tu es chemin, véhicule et charroi. Il te semble, non que tu la nourrisses, ni même que tu la guérisses, mais que tu la recouses à ce dont elle était, ces campagnes, ces moissons, ces fontaines, ce soleil. Un peu pour elle désormais, le soleil fait tourner le moulin chantant des fontaines. Un peu pour elle on construit l'aqueduc. Un peu pour elle la carriole fait son grelot. Et, car elle te semble enfantine ce matin, et non désireuse de sagesse profonde, mais bien plutôt des nouvelles de la maison et des jouets, et des amis, tu lui dis donc: «Écoute…» Et elle reconnaît l'âne qui trottine. Alors elle rit et se tourne vers toi, son soleil, car elle a soif d'amour.

«Et moi qui suis vieux géomètre, j'ai ainsi été à l'école car il n'est de relations que celles auxquelles tu as songé. Tu dis: «Il en est de même…» Et une question meurt. J'ai rendu à tel la soif de l'ami: je l'ai réconcilié. J'ai rendu à telle la soif du lait et de l'amour. Et j'ai dit: «Il en est de même…» Je l'ai guérie. Et, d'énoncer telle relation entre la pierre qui tombe et les étoiles, qu'ai-je fait d'autre? J'ai dit: «Il en est de même…» Et d'énoncer ainsi telle relation entre des lignes, j'ai dit: «En le triangle cela ou ceci c'est la même chose…» Et ainsi, de mort des questions en mort des questions, je m'achemine doucement vers Dieu en qui nulle question n'est plus posée.»

Et, quittant mon ami, je m'en fus de mes pas lents, moi qui me guéris de mes colères, à cause que, de la montagne que je gravis, se fait une paix véritable qui n'est point de conciliation, de renoncement, de mélange, ni de partage. Car je vois condition là où ils voient litige. Comme il en est de ma contrainte qui est condition de ma liberté, ou de mes règles contre l'amour qui sont condition de l'amour, ou de mon ennemi bien-aimé qui est condition de moi-même, car le navire n'aurait point de forme sans la mer.

D'ennemi concilié en ennemi concilié — mais d'ennemi nouveau en ennemi nouveau — je m'achemine moi aussi le long de la pente que je gravis, vers le calme en Dieu — sachant qu'il ne s'agit point, pour le navire, de se faire indulgent aux assauts de la mer, ni pour la mer de se faire douce au navire, car, des premiers, ils sombreront, et des seconds, ils s'abâtardiront en bateaux plats pour laveuses de linge — mais sachant qu'il importe de ne point fléchir, ni pactiser par faux amour, au cours d'une guerre sans merci qui est condition de la paix, abandonnant sur le chemin des morts qui sont condition de la vie, acceptant des renoncements qui sont condition de la fête, des paralysies de chrysalides qui sont condition des ailes, car il se trouve que tu me noues en plus haut que moi-même, Seigneur, selon ta volonté, et que je ne connaîtrai point la paix ni l'amour hors de Toi, car en Toi seul celui-là qui régnait au nord de mon empire, lequel j'aimais, et moi-même seront conciliés, parce qu'accomplis, car en toi seul tel que j'ai dû châtier malgré mon estime, et moi-même, serons conciliés parce qu'accomplis, car il se trouve qu'en Toi seul se confondent enfin dans leur unité sans litige l'amour, Seigneur, et les conditions de l'amour.


CCVII


Certes est injuste la hiérarchie qui te brime et t'empêche de devenir. Cependant tu iras, à lutter contre cette injustice, de destruction d'architecture en destruction d'architecture jusqu'à la mare étale où les glaciers se seront confondus.

Tu les souhaites semblables les uns aux autres, confondant ton égalité avec l'identité. Mais moi je les dirai égaux de pareillement servir l'empire et non de tant se ressembler.

Ainsi du jeu d'échecs: il est un vainqueur et un vaincu. Et il arrive que le vainqueur s'habille d'un sourire narquois pour humilier le vaincu. Car ainsi sont les hommes. Et tu viens, selon ta justice, interdire les victoires d'échecs. Tu dis: «Quel est le mérite du vainqueur? Il était plus intelligent ou connaissait mieux l'art du jeu. Sa victoire n'est que l'expression d'un état. Pourquoi serait-il glorifié pour être plus rouge de visage ou plus souple, ou plus chevelu, ou moins chevelu…?»

Mais j'ai vu le vaincu d'échecs jouer des années durant dans l'espoir de la fête de la victoire. Car tu es plus riche de ce qu'elle existe si même elle n'est point pour toi. Ainsi de la perle du fond des mers.

Car ne te trompe point sur l'envie: elle est signe d'une ligne de force. J'ai fondé telle décoration. Et les élus s'en vont se pavanant avec mon caillou sur la poitrine. Tu envies donc qui je décore. Et tu viens selon ta justice, laquelle n'est qu'esprit de compensation. Et tu décides: «Tous porteront des cailloux contre leur poitrine.» Et certes, désormais, qui s'affublera d'un pareil bijou? Tu vivais non pour le caillou mais pour sa signification.

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