Читаем Désenchantées полностью

Elle jeta un regard au vieil homme, il avait les yeux fixés sur la grille devant laquelle quelques parents en avance commençaient à arriver, au grand soulagement de Lilou.

— Je suis dans l’obligation légale de vous prévenir que j’enregistre cette interview, poursuivit-elle très vite en posant son téléphone ouvert sur l’application dictaphone entre eux.

Lilou se rendit compte qu’elle ne savait pas quoi dire. Elle n’avait pas préparé de questions.

— Je voudrais savoir, commença-t-elle, quelles sont vos hypothèses concernant la disparition de Sarah Leroy ?

Il tourna lentement le visage vers elle et fronça ses épais sourcils qui se rejoignaient au-dessus de son nez.

— De loin, je vous ai prise pour Caroline.

— Je ne sais pas qui est Caroline, rétorqua Lilou, déstabilisée.

— Moi non plus, répondit-il après un moment de réflexion.

— Et Sarah ? Vous vous souvenez de Sarah ?

— Bien sûr, je ne suis pas sénile !

— Dites-moi, je ne me souviens plus, pourquoi la police vous a interrogé à l’époque déjà ?

Il haussa les épaules.

— Sarah venait souvent me voir, je lui ai appris à ramasser les moules à la cuillère. C’est un travail délicat parce qu’il faut replacer les petites moules sur le rocher, pour qu’elles continuent de se développer.

— Et c’est pour ça qu’ils vous ont arrêté ?

Il se renfrogna.

— Elle m’avait donné sa médaille et ils ont cru que je l’avais volée. Ils me l’ont prise, ils ne me l’ont jamais rendue. C’était le seul souvenir que j’avais d’elle. Ma pauvre petite Caroline.

Ses sourcils s’affaissèrent, la tristesse envahit ses traits et Lilou ne put s’empêcher de murmurer :

— Je suis désolée.

Il secoua la tête, perdu dans ses pensées.

— J’attendais le beau temps avec elle. Sans soleil, elle était coincée.

Lilou fronça les sourcils.

— Sarah ?

— Caroline était ma fille, ma petite fille !

Il se tourna vers elle, l’air inquiet. Il se mit à tordre nerveusement ses mains aux veines saillantes.

— S’il vous plaît, n’embêtez pas Angélique avec ça, ce n’est pas de sa faute.

Lilou ne comprenait plus rien.

— Angélique ?

— La petite Courtin. L’amie de Sarah !

Lilou eut l’impression qu’il allait se mettre à pleurer et même si l’évocation inattendue de la sœur de Fanny avait instantanément fait germer mille questions dans sa tête, elle posa une main rassurante sur son bras.

— Ne vous inquiétez pas, je ne vais embêter personne, monsieur René, c’est juste un projet scolaire.

— Je vois bien que vous êtes de la police, grommela-t-il en dégageant son bras, vous êtes venue pour les arrêter, c’est ça.

— Arrêter qui ?

— Angélique, Morgane, Jasmine… Les Désenchantées, elles étaient gamines, elles ne savaient pas ce qu’elles faisaient.

— Les quoi ?

La sonnerie stridente de l’école les fit sursauter tous les deux. Il se leva aussitôt et se dressa sur la pointe des pieds pour mieux voir les enfants qui franchissaient la grille sans pour autant s’approcher.

— Caroline, chuchota-t-il, Caroline, c’est Papa…

Les enfants le dépassaient sans le voir, ils couraient vers leur mère ou leur père les bras tendus. Le vieux René souriait de ce spectacle. Son visage ridé s’était illuminé.

— Merci beaucoup pour votre temps, monsieur René, dit Lilou, soudain triste pour lui.

— Oui, oui, reviens me voir quand tu veux, j’habite juste derrière le rocher du Corsaire, on ira ramasser les moules.

*

Document de travail

Affaire Sarah Leroy – année 1998

Angélique et Benjamin ne se quittaient plus, ce n’était un secret pour personne. Quand Sarah était à la piscine, ils rentraient du collège ensemble, le soir, ils se parlaient sur Internet ou au téléphone. La majeure partie de leurs forfaits textos était destinée l’un à l’autre. Évidemment, les autres élèves faisaient des allusions bébêtes sur Angélique et Benjamin. À cet âge, une vraie amitié fille-garçon n’est pas si fréquente.

Éric emmenait souvent son petit frère avec lui jouer au foot avec ses copains, boire une bière ou jouer de la guitare le samedi soir. Rien de bien méchant. Dans la famille des séducteurs, Éric était plus gendre idéal que bad boy. Il ne fumait pas, il ne se saoulait pas à coups de bières ou de vodka premier prix comme certains de ses copains, il ne séchait pas les cours. Ses notes étaient excellentes, il avait rempli les dossiers pour rentrer en classe préparatoire après son bac en vue d’intégrer une grande école. Iris et son beau-père, Bernard Leroy, ne cessaient de vanter les qualités de ce fils aîné si beau, si intelligent, aimable et serviable à souhait, distribuant à tour de bras des « Bonjour madame, au revoir madame, je vous en prie, après vous, c’est moi qui vous remercie » avec un sourire exquis. Certes, Éric était un peu volage. Chez les Leroy, les filles défilaient comme les soldats à la parade du 14 Juillet, mais c’était bien de son âge. Qui aurait pu lui en vouloir ? Il avait bien le temps de trouver la bonne.

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