Ce qui s’est passé après l’épisode de la bagarre, personne ne l’a su. Si vous interrogez ceux qui étaient au lycée à cette époque avec Sarah Leroy, Angélique, Jasmine et Morgane, ils vous diront qu’ils n’ont plus jamais vu Sarah parler avec Angélique. À l’époque, ils se souvenaient de l’altercation, bien sûr, et qu’Angélique l’avait provoquée. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Angélique a été suspectée jusqu’à l’apparition providentielle, dans le sac de sport d’Éric Chevalier, du blouson en daim blanc de Sarah. À l’époque où le blouson a été trouvé, la France entière faisait des hypothèses sur ce qui était arrivé à Sarah. La police était inondée de faux témoignages. Il y avait ceux qui pensaient que Sarah avait été exécutée par ses copines pour une histoire de garçon qui aurait mal tourné, ceux qui accusaient le père, la belle-mère, un prof avec qui elle aurait eu une liaison (l’infirmière scolaire avait rapporté que Sarah avait été enceinte en début d’année, alors qu’on ne lui connaissait aucun petit ami), ceux qui étaient persuadés que Sarah était encore vivante, qui appelaient pour affirmer qu’ils l’avaient croisée, à Nice, à Bruges, qu’elle avait été kidnappée par une secte, qu’elle était entrée au couvent ou y avait été enfermée de force par ses parents, qu’elle était une extraterrestre repartie vivre sur sa planète… Il y en a même un qui a appelé la police et juré ses grands dieux qu’il l’avait croisée à l’aéroport de Londres, juste avant les attentats du World Trade Center, et que d’ailleurs ces deux événements étaient peut-être liés, avait-on vérifié la possible connexion entre Sarah Leroy et Al-Qaida ?
Bref, du grand n’importe quoi.
La vérité, la voici : le soir même de l’épisode de la bagarre, Angélique est allée sonner chez les Leroy. Elle était furieuse, elle voulait en découdre. Depuis des mois, elle ne réagissait pas aux insultes et aux agressions de Sarah, mais elle en avait marre de prendre sur elle. Elles allaient mettre les choses au clair, une bonne fois pour toutes.
Sarah lui a ouvert. Avant qu’elles aient pu échanger une seule parole, Éric, qui avait entendu la sonnette, est apparu derrière elle. Depuis qu’il avait abandonné la prépa, il traînait chez lui. Ses anciens copains travaillaient déjà ou poursuivaient leurs études. Il s’ennuyait.
— Qu’est-ce que tu fous ici ? a-t-il demandé.
Angélique n’a pas répondu, elle scrutait Sarah. À l’apparition d’Éric dans son champ de vision, son ancienne amie avait sursauté et un éclair d’angoisse, immédiatement dissimulé, avait traversé ses pupilles. Cette terreur froide, cette imperceptible rétractation du corps face au danger, Angélique l’a instantanément reconnue. Elle la connaissait par cœur. Elle l’éprouvait chaque fois que surgissait, au détour d’un couloir du lycée, la silhouette d’Éric Chevalier, et avec lui, le souvenir de ce qu’il lui avait fait dans le hangar à bateaux.
— Bon, qu’est-ce que tu veux ? a répété Éric, agacé par son silence.
Angélique a semblé se réveiller, elle a fixé Éric et, prise de panique, a sorti la première chose qui lui est passée par la tête :
— Je cherchais Benjamin.
Sarah n’a pas réagi, elle avait le regard vide, comme si la simple présence d’Éric l’avait anesthésiée, comme si elle avait oublié qui était Angélique. Éric a eu l’air vaguement soulagé.
— Il n’est pas là, a-t-il marmonné, tu n’es pas la bienvenue ici.
Et il a refermé la porte.
Aujourd’hui,
Lilou
Анна Михайловна Бобылева , Кэтрин Ласки , Лорен Оливер , Мэлэши Уайтэйкер , Поль-Лу Сулитцер , Поль-Лу Сулицер
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