Читаем Du brut pour les brutes полностью

On discute le bout de gras. Elle m’apprend qu’elle fait son droit, que son père a un élevage de bourrins dans la Manche (le Haras Quiry, l’un des plus réputés). Il est vice-président adjoint honoraire du Jockey Club ; quelqu’un de très bien, comme vous pouvez en juger. Il a une écurie de courses ; ses couleurs, c’est fleur de lys et feuilles de rose sur gueule de bois.

Ses canassons se font monter par des virtuoses de la selle ; et sa femme se fait monter le petit déjeuner au lit tous les matins. Le gratin, quoi ; pas le gratin dauphinois, le gratin normand, c’est-à-dire la crème du gratin.

Elle me questionne alors sur ma personne. Je voudrais pouvoir lui dire que je chasse à courre, que j’ai un yacht mouillé à Saint-Trop’ et que je me suis marré comme un bosco au dernier thé de la marquise Du Car de Tour de Manivel ; mais, en fait de souvenirs, je n’ai que mes enquêtes avec Pinuche et Béru ; Félicie, ma brave femme de mère qui réussit si bien les paupiettes de veau et les petites midinettes embroquées à la va-vite après deux heures de Cinzano. Rien de très reluisant, sans doute, pour une particulée, mais pourtant c’est si dense, si chaud, si vrai, tout ça.

— Moi, fais-je, je ne suis qu’un pauvre flic, mon petit. Je prends des rhumes, des gnons, des coups de feu, et j’en donne ! C’est banal.

Elle est remuée comme un sucre dans une tasse de café.

— On dirait que vous faites des complexes ?

— Non. Mais je mesure la distance qui nous sépare.

— Cinquante centimètres ! évalue-t-elle en clignant de l’œil.

Oh ! pardon. Comment interpréteriez-vous ça, vous autres, avec vos petits cerveaux minuscules et poussiéreux ? Moi je me dis que c’est un vache appel du pied. Je me dis aussi qu’une paire de tartes n’a jamais tué un homme et je peux risquer le paxon.

Alors je pose mon verre, je me penche sur la gosse Monique, j’oublie son dabuche à blason, ses bourrins, ses larbins, ses châteaux, ses ancêtres. Je m’appuie contre son arbre généalogique et je te lui roule ma galoche des grands jours, celle qui m’a valu le premier prix de patinage artistique, catégorie figures, aux championnats du monde de Tombouctou.

Vicomtesse, peut-être, mais femme, sûrement ! La môme Monique trouve ça à sa convenance et me donne envie de bisser. Dont acte !

Ça devient vite de la passion, puis de la frénésie, et enfin du délire. Un délire proche du delirium très très mince.

En moins de temps qu’il n’en faut à un vigile de la zone bleue pour relever le numéro de votre chignole, nous nous retrouvons sur un canapé voisin.

La lutte est ardente et noire. Il est évident qu’une demoiselle née doit faire un peu de rebecca avant de se laisser oblitérer de blason. Y a des incidents de frontière et je suis obligé de parlementer à la douane, enfin elle se rend compte que mon passeport est en règle, et elle accepte que je lui joue Zazie dans le métro.

L’instant est de qualité, le canapé est Louis XVI, la musique est douce, l’heure bleue et la faute d’Adam originelle et originale.

Y en a — j’en connais — qui préfèrent la mousse au chocolat, moi pas. Bref, on se paie du bon temps à plein tarif. On se propose, on accepte, on s’offre, on se rend que c’en est une bénédiction. Une heure plus tard, M. Sinatra ayant été remplacé au pied levé par Paul Anka (de malheur) nous retrouvons nos esprits, nos chaussures et nos verres de scotch. Je me cogne trois rasades et, n’ayant plus rien à demander à Monique, elle-même ne trouvant plus rien à m’offrir, je prends congé. Elle m’escorte jusqu’au perron. Je lui file rambour pour le lendemain, car je suis un petit prévoyant qui assure toujours ses arrières, et après un ultime baiser miauleur, je la quitte.

Je monte dans ma calèche, mais au moment de fouetter mes treize bourrins, je constate que le démarreur est aussi efficace que l’organisme des Nations unies. J’ai beau l’actionner, le moteur se croise les bras.

Je soulève le capot pour mater les entrailles de mon bolide. Je me dis que ça vient peut-être de l’arrivée d’essence, mais des clous : celle-ci est en parfait état. Pas d’erreur, c’est l’allumage qui me joue un tour. Pourtant, aucun fil n’est cassé… Je ne suis pas le Paganini de la mécanique, aussi n’insisté-je point outre mesure. Résigné, je retourne à la maison des de Souvelle. Je sonne et le frais minois de Monique ne tarde pas d’apparaître at the fenêtre of the premier étage.

— Qu’y a-t-il ? s’inquiète-t-elle.

— Ma voiture est en panne, chérie. Me permettez-vous de rester ?

— Attendez, je descends…

Elle s’annonce. Mine de rien, je me paie une rallonge. Elle se laisse chouchouter un peu. Puis, me refoulant tendrement, murmure :

— Grand fou ! Il est l’heure de rentrer chez vous. Prenez ma voiture… Vous me la ramènerez demain.

C’est offert de si bon cœur que j’accepte.

— Le garage est à droite, avertit la tendre Monique, excusez-moi de ne pas vous y accompagner, mais dans ma tenue…

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