Читаем Du brut pour les brutes полностью

Dans sa tenue, on peut faire bien des choses, sauf aller se baguenauder dehors en automne. Je la remercie à ma façon, dans un style très particulier. Et je vais ramasser sa chignole. Il s’agit d’un cabriolet M.G.B.

Je démarre en trombe. Voilà qui est bien agréable. Je me prends pour Stirling Moss. Décidément, vous le voyez, la vie est pleine d’imprévus. Je roule sur une avenue déserte, en direction de Saint-Denis. Ces petits engins sont merveilleux à piloter. Au volant de ce truc-là, on se prend pour un surhomme. Les mecs ont toujours besoin de dépassement, c’est pourquoi ils se font rembourrer leurs costars par leur tailleur et se remuent le prose pour aller dans la Lune.

J’arrive au carrefour et j’oblique sur la droite pour aller chercher les boulevards extérieurs… A cet instant, j’aperçois la lumière de deux phares dans le rétro de la M.G.

Comme cette truffe de chauffard me laisse ses lampions pleins phares dans le dossard, je décide de me laisser doubler et je ralentis. La chignole suiveuse ralentit itou au lieu de passer.

Du coup, j’ai le radar qui fait tilt. Mon ange gardien, toujours en exercice, m’avertit qu’un pastaga maison se prépare. Je change alors de tac-tic et je presse le champignon. La bagnole miaule sauvagement et se rue en avant. Cramponne-toi, Dudule ! C’est la méchante course-poursuite dans la banlieue endormie.

J’ai beau mettre la gomme, l’enviandé de derrière ne me lâche pas. C’est un gnace qui n’a pas appris à conduire sur une machine agricole, parole !

J’aborde enfin les boulevards extérieurs. Ils sont bien éclairés.

Me voilà quelque peu rassuré. Je choisis une zone ultra-lumineuse et je freine sec. Cette fois, la tire ne ralentit pas. Elle arrive à ma hauteur. J’ai juste le temps d’apercevoir le canon d’une mitraillette braquée par la portière avant. C’est pas la première fois que ce genre d’histoire m’arrive. Illico, je me couche sur la banquette.

Vrrroum !

Le tireur d’élite a défouraillé et m’a envoyé le potage. La tôlerie du cabriolet en prend un vieux coup.

Je compte jusqu’à deux, mais posément, et je hasarde mon œil de lynx par le vasistas. Les feux rouges de l’automitrailleuse s’immobilisent. La guinde, manœuvrée de main de maître, vire de bord sur le boulevard et revient à la charge.

Je comprends, sans qu’on ait besoin de me faire un dessin, que si j’attends la suite du programme, j’ai quatre-vingt-dix-neuf chances sur quatre-vingt-dix-huit de me trouver déguisé en ticket de métro périmé avant le lever du jour. Or j’ai un faible pour l’aurore, la chose est connue.

Je m’affale de nouveau sur la banquette de cuir, fissa j’actionne la poignée de la portière côté trottoir et, en trois reptations abdominables, je me coule hors du paquet.

Ça, c’est de la haute inspiration. Victor Hugo dans ses meilleurs moments n’a jamais eu d’idées plus lumineuses. Et Ampère non plus, c’est vous dire !

Je m’attends à une nouvelle salve, mais macache, comme disait Bonnot. Rien ne vient. La voiture passe et disparaît plein tube dans la direction d’où elle est venue. Qu’est-ce que ça veut dire ?

Allongé sur les pavetons, je m’interroge à grand renfort de points d’exclamation, comme vous venez de le voir. Cette conduite de mes agresseurs me paraît étrange. J’adresse un souvenir ému à mon costar que Félicie est allée chercher le matin même chez le teinturier et dont le pli impec remplissait d’admiration les populations.

Je commence à me redresser lorsqu’il se produit un chizblitz de tous les tonnerres. Ça fait un boum au carré ! Un souffle embrasé m’embrase ; une terrible déflagration me déflagre.

Je sens roussir les poils de mes bras et ceux de mes oreilles. Ma trombine pète contre le trottoir. Je commence par admirer trente-six chandelles. Puis ça afflue côté Voie lactée. La Grande Ourse radine au son d’un tambourin… L’étoile polaire survient, flanquée d’un Esquimau. Et moi, San-Antonio, je vais me promener au pays des photos floues…

A peine ai-je le temps de me dire que ces peaux de vache, délaissant le composteur à répétition, m’ont expédié, tous frais payés, une grenade dans la chignole de Monique.

Comme quoi ils ont raison, les timorés qui prétendent qu’on ne doit jamais prêter sa guinde. Ce qui restera de la M.G., la vicomtesse pourra peut-être s’en faire une lessiveuse, en mettant les choses au mieux.

Et le Vioque ! Quelles vont être ses réactions lorsqu’il apprendra que son fin limier s’est amusé à détériorer les véhicules de la noblesse françouaise au lieu d’arpenter les sentiers mal pavés de la guerre ?

Décidément il est préférable de penser à autre chose.

Vous le savez tous, Musset a dit qu’il faut qu’une porte d’ascenseur soit fermée si l’on veut qu’il fonctionne.

Moi, je ferme celle de mon monte-charge et je m’envole dans l’espace.

CHAPITRE III

FIN DE SECTION

Je distingue un air de jazz extrêmement hot. J’ouvre un hublot et j’aperçois l’ineffable Pinaud qui se mouche.

Il le fait mal et des festons argentés unissent ses frémissantes narines à ses moustaches mal taillées.

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