Читаем Du brut pour les brutes полностью

Il essuie d’un doigt noueux ses yeux chassieux.

— Si tu la voyais, assure-t-il, tu n’appellerais plus ça une voiture. On se demande comment t’as pu en réchapper, quand on regarde ce tas de ferraille.

Il écrase son mégot contre son talon et rigole.

— T’aurais des ennemis que ça ne m’étonnerait pas.

J’en connais une qui va regretter sa faiblesse. Quand la môme Monique va apprendre que sa rutilante M.G. est partie pour la casse, elle fera une jaunisse, c’est couru.

Il ne me reste plus qu’à souhaiter qu’elle soit assurée tous risques. Sinon je vais être bonnard pour lui en offrir une autre. Plutôt tocasson comme aventure, non ?

Brusquement une question me vient à l’esprit. Une question capitale. Est-ce sur moi ou sur la voiture qu’on a tiré ? J’espère que le distinguo ne vous échappera pas, bien que votre débilité mentale ne fasse de doute pour personne !

Si c’est sur moi, pas de problème… Mais si c’est sur la chignole, ça prouverait qu’on en avait après Monique !

Des gens la guettaient pour la liquider. En voyant sa tire, ils se sont mépris et…

Oh ! mais voilà qui modifie l’aspect des choses. Au cas où c’est la seconde éventualité qui est la bonne, la demoiselle de Souvelle est toujours en grand danger, car les foies blancs doivent maintenant être au parfum de leur gourance, et ça risque de chauffer pour sa particule.

Je vais pour exprimer mon angoisse au révérend Pinuche, mais je m’aperçois que l’estimable gâteux vient de s’endormir. Le menton sur la cravetouze, la paupière mal ajustée, les paluches sur le baquet, il en écrase comme un petit ange qui a rejoint sa base.

Alors, sans bruit je quitte mon pageot. La valse lente reprend. Je plaque mes mains contre la cloison la plus proche afin de compenser les méfaits du vertige. J’ai l’impression qu’une pogne criminelle a tranché les amarres de mon cerveau et que celui-ci vadrouille dans ma coquille.

Vais-je me laisser terrasser par des drogues perfides ? Que non pas, comme le dit si pertinemment la baronne Aplain de Bouton-Sulnay. J’ouvre les carreaux derechef et j’aperçois une demi-douzaine de chaises avoisinant une demi-douzaine de pantalons sur les dossiers d’une demi-douzaine de Pinaud endormis. J’en cramponne un et je m’y insinue… Je déniche ma chemise, ma cravate, ma veste…

J’ai du mal à trouver les pompes, because elles sont sous le lit, mais je finis par m’en saisir et après plusieurs essais infructueux, mes voûtes plantaires sont à l’abri des crevaisons.

Pinaud dort toujours du sommeil de l’innocence. Il fait mieux que dormir, il ronfle. Je quitte la pièce sans le réveiller. A quoi bon troubler cette paix souveraine ? Le dabuche voudrait me retenir ici à tout prix, car il est respectueux des prescriptions médicales. C’est le genre de zig, Pinaud, qui croit farouchement aux étiquettes des flacons pharmaceutiques. Pour lui, le texte d’une ordonnance est plus rigoureux que le Code pénal.

Les couloirs de l’hosto s’offrent à mes pas chancelants.

Je mobilise tout ce qui subsiste de volonté en moi pour gagner la sortie.

O merveille ! A deux pas de celle-ci, j’avise un bistrot. Pour moi, c’est l’annexe rêvée.

Je m’y catapulte et m’abats sur une banquette de moleskine. Trois ambulanciers (du Bengale) sont en train d’écluser du muscadet en se racontant des prouesses amoureuses. Le patron de la casba, un gros avec une tête hilare, les écoute en salivant. Néanmoins, malgré le visible plaisir que lui procurent ces chansons de geste, il prend ma commande.

— Un double whisky, dis-je.

Je ferme les yeux et palpe mon aubergine. Ça continue de valser sous ma coiffe. L’effort que je viens de produire m’a rendu flageolant.

Les manipulateurs de viande meurtrie ont des rires qui explosent en moi comme des petites cartouches de dynamite.

J’empoigne ma consommation et, d’un élan superbe, je la consomme, puisque aussi bien elle est faite pour ça. Je préfère vous rassurer illico en vous disant que le scotch me fait un bien inouï. Est-ce la proximité de l’hôpital ? Toujours est-il que je commence à voir la vie sous de meilleurs hospices, comme on dit à Beaune. Trêve de vertigo, les potes. Une frêle innocente est en grave danger et je n’aurai de cesse avant de l’avoir protégée de mon aile.

J’interromps l’un des ambulanciers à l’instant où il explique à son auditoire fervent qu’il s’est « fait » la veuve d’un bouilleur de cru la semaine précédente dans son ambulance. Et il a eu d’autant plus de mérite à cela que le défunt bouilleur se trouvait à l’arrière du véhicule. Je l’interromps, répété-je, pour demander au bistroquet de m’appeler un radio-taxi.

Il souscrit à ce désir et bientôt votre cher San-Antonio se prélasse sur la banquette d’une 404.

Je suis presque d’aplomb, nonobstant la protubérance qui protubère sur mon dôme. J’ai une fameuse envie de foncer dans le tas, les gars. Ça me démange de retrouver mes agresseurs de la nuit car, comme le disait un chef indien de ma connaissance, je leur garde un chien de ma Cheyenne !

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