Читаем Ensemble, c’est tout полностью

— C'est vrai ?

— Tu l'aurais vu partir... Encore déguisé en je-ne-sais-quoi... Avec une grande cape et tout...

Ils riaient.

— Je l'adore...

— Moi aussi.

Elle alla se préparer un thé.

— T'en veux ?

— Non, merci, répliqua-t-il, il faut que j'y aille. Dis...

— Quoi ?

— T'as pas-envie d'aller te promener ?

— Pardon ?

— Depuis quand t'as pas quitté Paris ?

— Une éternité...

— Dimanche on tue le cochon, tu veux pas venir ? Je suis sûr que ça t'intéresserait... Je dis ça, c'est rapport au dessin, hein ?

— C'est où ?

— Chez des amis, dans le Cher...

— Je ne sais pas...

— Mais si ! Viens... Il faut voir ça une fois dans sa vie... Un jour ça n'existera plus, tu sais...

— Je vais réfléchir.

— C'est ça, réfléchis. C'est ta spécialité de réfléchir. Il est où mon pull ?

— Là, fit Camille en lui désignant un magnifique étui à roquétos vert pâle.

— Putain... Un Ralph Lauren en plus... Ça me tue, je te jure...

— Allez... Tu vas te faire deux amis pour la vie...

— 'Tain il a plus intérêt à pisser sur ma moto, l'autre globuleux, là !

— T'inquiète, ça va marcher, pouffa-t-elle en lui tenant la porte... Chi, chi, ch'vous l'achure, il a oune fière allurche chur cha motobécane votre amich...

Elle courut éteindre la bouilloire, prit son bloc et s'assit près du miroir. Elle se mit à rire enfin. À rire comme une folle. Une vraie gamine. Elle imaginait la scène : l'autre zozo, toujours si content de lui, en train de toquer négligemment au carreau de la loge avec son bout de feutrine et sa paire de balloches sur un plateau d'argent... Ah ! que c'était bon de rire ! Que c'était bon... Elle n'était pas coiffée, dessina ses épis, ses fossettes, sa bêtise et écrivit : Camille, Janvier 2004, prit sa douche et décida que, oui, elle irait se promener avec lui.

Elle lui devait bien ça...

Un message sur son portable. C'était sa mère... Oh, non, pas aujourd'hui... Pour effacer votre message, appuyez sur la touche étoile.

Eh ben voilà. Hop. Étoile.

Elle passa le reste de la journée en musique, avec ses trésors et sa boîte d'aquarelles. Fumait, grignotait, léchait ses poils de martre, riait toute seule et grimaça quand ce fut l'heure de la blouse.

Tu as déjà bien déblayé le terrain, songeait-elle en trottinant jusqu'à la station de métro, mais y a encore du boulot, hein ? Tu ne vas pas t'arrêter là quand même ?

Je fais ce que je peux, je fais ce que je peux...

Vas-y, on te fait confiance.

Non, non, ne me faites pas confiance, ça me stresse.

Ttt tt, allez... Dépêche-toi. Tu es déjà très en retard...

10

Philibert était malheureux. Il poursuivait Franck à travers tout l'appartement :

— Ce n'est pas raisonnable. Vous partez trop tard... Dans une heure il fera nuit... Il va geler... Non, ce n'est pas raisonnable... Partez de... demain matin...

— Demain matin, on tue le cochon.

— Mais que... quelle idée aussi ! Ca... Camille, il se tordait les mains, res... reste avec moi, je t'emmènerai au Pa... Palais des Thés...

— Ça va, bougonna Franck en glissant sa brosse à dents dans une paire de chaussettes, c'est pas le bout du monde quand même... On y sera dans une heure...

— Oh, ne... ne dis pas... pas ça... Tu... tu vas encore rou... rouler co... comme un fou...

— Mais non...

— Mais si, je... je te co... connais...

— Philou, arrête ! Je vais pas te l'abîmer, je te le jure... Tu viens, la miss ?

— Oh... Je... Je...

— Tu quoi ? fit-il excédé.

— Je n'ai que... que vous au monde...

Silence.

— Oh là là... J'y crois pas... Les violons maintenant...

Camille se mit sur la pointe des pieds pour l'embrasser :

— Moi aussi, je n'ai que toi au monde... Ne t'inquiète pas...

Franck soupira.

— Mais qui c'est qui m'a foutu une équipe de branquignols pareils ! On nage en plein mélo, là ! On va pas à la guerre, putain ! On part quarante-huit heures !

— Je te ramènerai un bon steak, lui lança Camille en s'engouffrant dans l'ascenseur.

Les portes se refermèrent sur eux.

— Hé?

— Quoi ?

— Y a pas de steaks dans le cochon...

— Ah bon ?

— Ben non.

— Ben y a quoi alors ?

Il leva les yeux au ciel.

11

Ils n'étaient pas encore à la porte d'Orléans, qu'il s'arrêta sur le bas-côté et lui fit signe de descendre :

— Attends, y a un truc qui va pas du tout, là...

— Quoi ?

— Quand je me penche, tu dois te pencher avec moi.

— Tu es sûr ?

— Mais oui, je suis sûr ! Tu vas nous foutre dans le décor avec tes conneries !

— Mais... Je croyais qu'en me penchant dans l'autre sens, je nous équilibrais...

— Putain, Camille... Je saurais pas te faire un cours de physique mais c'est une question d'axe de gravité, tu comprends ? Si on se penche ensemble, les pneus adhèrent mieux...

— T'es sûr ?

— Certain. Penche-toi avec moi. Fais-moi confiance...

— Franck ?

— Quoi encore ? T'as peur ? Il est encore temps de reprendre le métro, tu sais ?

— J'ai froid.

— Déjà ?

— Oui...

— Bon... Lâche les poignées et colle-toi contre moi... Colle-toi le plus possible et passe tes mains sous mon blouson...

— D'accord.

— Hé?

— Quoi ?

— T'en profites pas, hein ? ajouta-t-il goguenard, en lui rabattant sa visière d'un coup sec.

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