Plus haut que les croix, plus haut que les chemineґes,Baptiseґ par le feu, baptiseґ par la fumeґe,Archange-aux-pieds-lourds —Salut a` toi dans les sie`cles, Vladimir!Il est le cocher, il est aussi le coursier,Il est la toquade, il est aussi la loi.Il soupire, il crache dans ses mains:— Tiens-toi bien, gloire charretie`re!Chantre des miracles sur la place publique,Salut a` toi, orgueilleux salopard,Qui choisit la lourdeur de la pierreEt non la seґduction du diamant.Salut a` toi, tonnerre de paveґs!Il ba ille, il respecte, — et, a` nouveau,Il rame — avec ses brancards — avecSes ailes d’archange charretier.
Louange pour aphrodite
1
Bienheureux — ceux qui ont abandonneґ tes filles, Terre,Pour la lutte et pour la course. Bienheureux, —Ceux qui ont peґneґtreґ sur les Champs-ElyseґesSans e tre seґduit par la volupteґ.Le laurier y pousse, feuilles raidies et sobres, —Le laurier — chroniqueur, activiste au combat…— Je n’eґchangerai pas l’aplomb de l’amitieґ,Au-dessus des nuages, contre le foyer de l’amour.
2
Deґja` les Dieux — deґja` —, ne te comblent plusSur les rives — deґja` —, d’une autre rivie`re.Vers la grande porte du couchant, versLa porte de Veґnus, volez, colombes!Pour moi, coucheґe sur les sables refroidis,Je me retirerai dans ce jour qui ne se compte pas…Car le serpent regarde sa vieille peau,Car j’ai deґpasseґ ma jeunesse.
Jeunesse
Ma jeunesse! Mon eґtrange`reJeunesse! Ma bottine deґpareilleґe!Les yeux rougis, presque fermeґs,On enle`ve une feuille au calendrier.La muse pensive n’a rien prisSur l’ensemble de ton butin.Ma jeunesse! Je ne te rappelle pas:Tu eґtais une charge et une corveґe.La nuit, tu murmurais pour moi avec ton peigne,La nuit, tu aiguisais tes fle`ches. Tu m’eґtouffaisDe tes largesses, comme sous de petits galets.Et je souffrais pour les peґcheґs des autres.Je te rends ton sceptre avant l’heure,Sans gou t, mon a me, pour les boissons et les mets.Ma jeunesse! Mes deґsordres —Jeunesse! Mon chiffon de vermeil!