Je n’ai plus besoin de toi,Mon cher, — non parce queTu n’as pas eґcrit aussito t,Non parce que tu vasDeґchiffrer en riantCes lignes eґcrites avec tristesse,(Ecrites par moi, seule —A toi, seul! — Pour la premie`re fois! —Tu les devineras, sans e tre seul.)Non parce que des bouclesFro leront ta joue — je sais,Moi aussi, lire a` deux! —Non parce qu’ensemble —Sur des majuscules incertaines —Vous allez vous pencher et soupirer.Non parce que, bien ensemble,Soudain, vos paupie`res se fermeront —Mon eґcriture est difficile, —Et, en plus des vers!Non, cher ami, — c’est plus simple,C’est plus fort qu’un deґpit:Je n’ai plus besoin de toi —Parce que, parce queJe n’ai plus besoin de toi!Non, personne ne le saura —Ne pourra et ne voudra le savoir! —Combien, dans l’insomnie, ma conscience passionneґeUse ma jeune vie!Elle m’eґtouffe sous l’oreiller, elle sonne le tocsin,Elle murmure toujours le me me mot…— Elle transforme en cet enfer trois fois damneґUn petit, un idiot peґcheґ veґniel.Une eґtoile au-dessus du berceau — et une eґtoileAu-dessus du cercueil! Et, au milieu —Comme un tas de neige bleue — une longue vie. —Bien que je sois ta me`re,Je n’ai plus rien a` te dire,Mon eґtoile.Je confie ce livre au ventEt aux cygnes qui passent.Pour crier plus fort que la seґparation —Il y a peu, j’ai briseґ ma voix.Ce livre, comme une bouteille a` la mer,Je le jette dans le tourbillon des guerres;Afin qu’il voyage, simplement, de la mainA la main, comme un cierge dans une fe te.Vent, vent, mon fide`le teґmoin,Va dire a` ceux que j’aimeQue chaque nuit, dans mes re ves,Je fais le chemin — du Nord au Sud.Il s’approchera sans bruit, furtivement —Comme minuit dans une fore t impeґneґtrable.Je sais: dans un vaste tablier,Je vous apporterai une colombe.Ainsi: je serai sur le seuil, — immobile!Avec le poids du plomb — la honte. Mais,L’oiseau dans le tablier sera a` l’eґtroit,Et l’oiseau — s’envolera, de lui-me me!Tu observes ma peґrissable fragiliteґPresque en silence. — Toi,Tu es de pierre, — moi, je chante, —Toi, tu es un monument, moi, je vole.Je sais, au regard de l’eґterniteґ,Le plus tendre mai n’est rien.Je suis un oiseau, ne m’en veux pas, siJe n’applique pas pour moi une loi si leґge`re.Ne juge pas trop vite: le jugementTerrestre est fragile! Et que la couleurDes meґsanges ne soit pas obscurcie —Par la blancheur des colombes.D’ailleurs — fais ce qu’il te plat!Car, si j’ai aimeґ tout le monde,Il se peut qu’un jour sombre —Je revienne a` moi, plus blanche que toi.L’un est de pierre, l’autre d’argile, —Toute d’argent, moi — je brille!Mon affaire — trahir, mon nom — Marina,Moi, — peґrissable eґcume de la mer.L’un est d’argile, l’autre de chair —Pour eux, tombes et pierres tombales…Pour moi — la mer — et ses fonts baptismaux —Et je suis, dans mon vol, — sans cesse briseґe!Ma volonteґ passe au travers de tousLes curs, au travers de tous les filets.De moi — vois-tu ces me`ches folles? —Personne ne tirera du sel de terre.Je me brise contre vos genoux de granit,Mais, avec chaque vague, — je ressuscite.Salut a` l’oceґan — a` l’eґcume joyeuse —La haute eґcume de la mer!Un co teґ de la fene tre s’est ouvert.Un co teґ de l’a me est apparu.Ouvrons donc — aussi l’autre co teґ,Et cet autre co teґ de la fene tre.