En outre il compte sur ses futurs lecteurs, qui s'intéresseront à son œuvre quand tous les personnages cités par lui seront sans doute déjà morts depuis longtemps, et il veut que l'on prie pour le salut de leurs âmes. Parlant du roi René, il écrit:
Notre auteur note assez précisément, comme le remarque avec justesse G. Bianciotto,{639}
l'époque de la composition de son?uvre. De fait, s'adressant au roi, il dit queDans cette phrase, pas d'indication de l'année, et cela pouvait être l'été 1446 mais pas obligatoirement. L'année paraît clairement dans une autre phrase:
Dans ce cas il s'agit sans aucun doute de 1446. Selon G. Bianciotto, la composition alla d'août 1446 à février 1447, puisqu'en février le roi René partit pour la Provence, où notre auteur figurait vraisemblablement dans sa suite.{640}
Aussi se hâta-t-il de terminer son travail, dont il dit:Pourtant, selon moi, on peut lui faire tout à fait confiance quand il dit que «ce
Quel est l'univers intellectuel et moral de notre auteur et quelle culture avaitil reçu dans l'ermitage dont il parle? Ce qui saute aux yeux, ce sont ses connaissances historiques, car il évoque souvent des personnages historiques ou mythologiques, qui font partie presque exclusivement des héros du passé et forment une sorte de panthéon de la chevalerie. Il ne distingue naturellement pas les figures de la réalité des figures légendaires. Ils sont tous pour lui de vaillants chevaliers auxquelles il compare les participants de la joute de Saumur. Ce sont le roi Artur, et Charlemagne, et Perceval, et Roland, et Jules César, et Hannibal.
Mais ses connaisances historiques sont très confuses.
A qui pense-t-il pour Gaius et Julius et qui est le troisième Juif? On pourrait supposer que Gaius et Julius ne sont autres que Caius Julius César, mais il le nomme un peu plus loin:
Derrière toute cette confusion, il y a une culture historique tout à fait caractéristique de cette époque, une culture romanesque, c'est-àdire tirée des romans de chevalerie. Il a certes lu quelque chose à côté. C'est ainsi qu'il cite Végèce, quelques
Il ne cite précisément qu'une oeuvre historique:
Notre auteur était profondément pénétré des idées de son temps, bien que, vu le caractère et le genre de son œuvre, elles ne soient pas exposées dans un système logiquement développé. Pourtant on peut percevoir ses idées socio-politiques au travers de pensées, remarques et épithétes isolées.