Paris, le 8 novembre 1878
Сher Monsieur,
L’ École des Hautes Études n’a pas été ouverte à un jour fixe; car au début rien n’était déterminé sur la manière dont s’y ferait le travail. J’ai eu à lutter contre une vraie opposition de M. Maury pour obtenir de faire des conférences. C’est Paris, Bréal et moi qui avons avec l’assentiment de M. Renier organisé le système qui s’est développé depuis et qui fonctionne même aujourd’hui. Nous avons pris pour modèle les séminaires allemands. Avec quel libéralisme et quelle confidence vous nous avez encouragés à tout organiser à notre guise, nous ne l’oublierons jamais. J’ai jour par jour l’histoire de cette époque dans le journal que j’ai écrit pendant les années où j’ai été séparé de celle qui est aujourd’hui ma femme. J’y vois que vous êtes venu à notre conférence en Janvier, nous avez encouragé et avez dit cela même qui est dans l’introduction que vous m’envoyez, cela même que vous avez redit au banquet: liberté scientifique.
C’est le
[подчеркнуто автором] que nous avons reçu nos nominations. C’est ce jour là qui peut être considéré comme le jour d’ouverture. C’est ce jour même que M. Maury nous a réunis, chez lui. Ce n’est que le lundi 21 qu’il m’a autorisé de faire des conférences. La première a eu lieu chez moi le mardi 22. La seconde a eu lieu le jeudi 14 Janvier à la Sorbonne et vous y êtes venu. Les autres conférences ont commencé à la queue leu leu en Janvier et Février. Si je ne me trompe, c’est la mienne qui a ouvert le feu.J’ai vivement regretté d’avoir été absent quand vous êtes venu chez moi. Veuillez présenter mes affectueux compliments et ceux de ma femme à Mme Duruy et croyez moi
votre toujours reconnaissant et dévoué,
G. Monod