Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

À peine celui dont nous venons de tracer le portrait eut-il fait dix pas au milieu des noirs sapins, qu’il entendit de rapides piétinements vers l’endroit où il avait laissé son cheval. Son premier mouvement, mouvement sur l’intention duquel il n’y avait point à se tromper, fut de retourner sur ses pas; mais il se retint. Cependant, ne pouvant résister au désir de savoir ce qu’était devenu Djérid, il se haussa sur la pointe des pieds, dardant son regard par une éclaircie; entraîné par une main invisible qui avait dénoué sa bride, Djérid avait déjà disparu.


Le front de l’inconnu se plissa légèrement, et quelque chose comme un sourire crispa ses joues pleines et ses lèvres ciselées à fines arêtes.


Puis il continua son chemin vers le centre de la forêt.


Pendant quelques pas encore, le crépuscule extérieur pénétrant à travers les arbres guida sa marche; mais bientôt ce faible reflet venant à lui manquer, il se trouva dans une nuit tellement épaisse que, cessant de voir où il mettait le pied et craignant sans doute de s’égarer, il s’arrêta.


– Je suis bien venu jusqu’à Danenfels, dit-il tout haut, car de Mayence à Danenfels il y a une route; j’ai bien été de Danenfels à la Bruyère-Noire, parce que de Danenfels à la Bruyère-Noire il y a un sentier; je suis bien venu de la Bruyère-Noire ici, quoiqu’il n’y eût ni route ni sentier, car j’apercevais la forêt; mais ici, je suis forcé de m’arrêter: je n’y vois plus.


À peine ces mots étaient-ils prononcés dans un dialecte moitié français, moitié sicilien, qu’une lumière jaillit subitement à cinquante pas à peu près du voyageur.


– Merci, dit-il; maintenant que cette lumière marche, je la suivrai.


Aussitôt la lumière marcha sans oscillation, sans secousse, avançant d’un mouvement égal, comme glissent sur nos théâtres ces flammes fantastiques dont la marche est réglée par le machiniste et le metteur en scène.


Le voyageur fit encore cent pas à peu près, puis il crut entendre comme un souffle à son oreille.


Il tressaillit.


– Ne te retourne pas, dit une voix à droite, ou tu es mort!


– Bien, répondit sans sourciller l’impassible voyageur.


– Ne parle pas, dit une voix à gauche, ou tu es mort!


Le voyageur s’inclina sans parler.


– Mais si tu as peur, articula une troisième voix qui, pareille à celle du père d’Hamlet, semblait sortir des entrailles de la terre, si tu as peur, reprends le chemin de la plaine, cela signifiera que tu renonces, et on te laissera retourner d’où tu viens.


Le voyageur se contenta de faire un geste de la main, et continua sa route.


La nuit était si sombre et la forêt si épaisse, que, malgré la lueur qui le guidait, le voyageur n’avançait qu’en trébuchant. Durant une heure à peu près, la flamme marcha, et le voyageur la suivit sans faire entendre un murmure, sans donner un signe de crainte.


Tout à coup elle disparut.


Le voyageur était hors de la forêt. Il leva les yeux; à travers le sombre azur du ciel scintillaient quelques étoiles.


Il continua de marcher en avant dans la direction où avait disparu la lumière, mais bientôt il vit surgir devant lui une ruine, spectre d’un vieux château.


En même temps son pied heurta des décombres.


Aussitôt un objet glacé se colla sur ses tempes et mura ses yeux. Dès lors il ne vit plus même les ténèbres.


Un bandeau de linge mouillé emprisonnait sa tête. C’était chose convenue sans doute, c’était au moins chose à laquelle il s’attendait, car il ne fit aucun effort pour enlever ce bandeau. Seulement il étendit silencieusement la main comme fait un aveugle qui réclame un guide.


Ce geste fut compris, car à l’instant même une main froide, aride, osseuse, se cramponna aux doigts du voyageur.


Il reconnut que c’était la main décharnée d’un squelette; mais si cette main eût été douée du sentiment, elle eût, de son côté, reconnu que la sienne ne tremblait pas.


Alors le voyageur se sentit rapidement entraîné pendant l’espace de cent toises.


Soudain la main quitta la sienne, le bandeau s’envola de son front, et l’inconnu s’arrêta: il était arrivé au sommet du Mont-Tonnerre.

Introduction II Celui qui est

Au milieu d’une clairière formée par des bouleaux chauves de vieillesse, s’élevait le rez-de-chaussée d’un de ces châteaux en ruines que les seigneurs féodaux semèrent jadis dans l’Europe au retour des croisades.


Les porches sculptés de fins ornements, et dont chaque cavité, au lieu de la statue, mutilée et précipitée au pied de la muraille, recelait une touffe de bruyères ou de fleurs sauvages, découpaient sur un ciel blafard leurs ogives dentelées par les éboulements.


Le voyageur, en ouvrant les yeux, se trouva devant les marches humides et moussues du portique principal: sur la première de ces marches se tenait debout le fantôme à la main osseuse qui l’avait amené jusque-là.


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