Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

Un long suaire l’enveloppait de la tête au pied; sous les plis du linceul, ses orbites sans regard étincelaient, sa main décharnée était étendue vers l’intérieur des ruines, et semblait indiquer au voyageur, comme terme de sa route, une salle dont l’élévation au-dessus du sol cachait les parties inférieures, mais aux voûtes effondrées de laquelle on voyait trembler une lumière sourde et mystérieuse.

Le voyageur inclina sa tête en signe de consentement. Le fantôme monta lentement un à un et sans bruit les degrés, et s’enfonça dans les ruines; l’inconnu le suivit du même pas tranquille et solennel sur lequel il avait toujours réglé sa marche, franchit un à un à son tour les degrés qu’avait franchis le fantôme, et entra.

Derrière lui se referma, aussi bruyamment qu’un mur vibrant d’airain, la porte du porche principal.

À l’entrée d’une salle circulaire vide, tendue de noir et éclairée par trois lampes aux reflets verdâtres, le fantôme s’était arrêté.

À dix pas de lui le voyageur s’arrêta à son tour.

– Ouvre les yeux, dit le fantôme.

– J’y vois, répondit l’inconnu.

Tirant alors avec un geste rapide et fier une épée à deux tranchants de son linceul, le fantôme frappa sur une colonne de bronze qui répondit au coup par un mugissement métallique.

Aussitôt et tout autour de la salle des dalles se soulevèrent et des fantômes sans nombre, pareils au premier, apparurent armés chacun d’une épée à double tranchant et prirent place sur des gradins de même forme que la salle où se reflétait particulièrement la lueur verdâtre des trois lampes et où ils semblaient, confondus avec la pierre par leur froideur et leur immobilité, des statues sur leurs piédestaux.

Chacune de ces statues humaines se détachait étrangement sur la draperie noire qui, comme nous l’avons dit, couvrait les murs.

Sept sièges étaient placés en avant du premier degré; sur ces sièges étaient assis six fantômes qui paraissaient des chefs; un de ces sièges était vide.

Celui qui était assis sur le siège du milieu se leva.

– Combien sommes-nous ici, mes frères? demanda-t-il en se tournant du côté de l’assemblée.

– Trois cents, répondirent les fantômes d’une seule et même voix qui tonna dans la salle, puis presque aussitôt alla se briser sur la tenture funéraire des murailles.

– Trois cents, reprit le président, dont chacun représente dix mille associés; trois cents épées qui valent trois millions de poignards.

Puis se retournant vers le voyageur.

– Que désires-tu? lui demanda-t-il.

– Voir la lumière, répondit celui-ci.

– Les sentiers qui mènent à la montagne de feu sont âpres et durs; ne crains-tu pas de t’y engager?

– Je ne crains rien.

– Une fois que tu auras fait encore un pas en avant, il ne te sera plus permis de retourner en arrière. Songes-y.

– Je ne m’arrêterai qu’en touchant le but.

– Es-tu prêt à jurer?

– Dictez-moi le serment et je le répéterai.

Le président leva la main, et d’une voix lente et solennelle prononça les paroles suivantes:

– «Au nom du Fils crucifié, jurez de briser les liens charnels qui vous attachent encore à père, mère, frères, sœurs, femme, parents, amis, maîtresses, rois, bienfaiteurs, et à tout être quelconque à qui vous auriez promis foi, obéissance ou service.»

Le voyageur, d’une voix ferme, répéta les paroles qui venaient de lui être dictées par le président qui, passant au deuxième paragraphe du serment, reprit avec la même lenteur et la même solennité:

– «De ce moment vous êtes affranchi du prétendu serment fait à la patrie et aux lois: jurez donc de révéler au nouveau chef que vous reconnaissez ce que vous avez vu ou fait, lu ou entendu, appris ou deviné, et même de rechercher et d’épier ce qui ne s’offrirait pas à vos yeux.»

Le président se tut, et l’inconnu répéta les paroles qu’il venait d’entendre.

– «Honorez et respectez l’aqua tofana, reprit le président sans changer de ton, comme un moyen prompt, sur et nécessaire de purger le globe par la mort ou l’hébétation de ceux qui cherchent à avilir la vérité ou à l’arracher de nos mains.»

Un écho n’eût pas plus fidèlement reproduit ces paroles que ne le fit l’inconnu; le président reprit:

– «Fuyez l’Espagne, fuyez Naples, fuyez toute terre maudite, fuyez la tentation de rien révéler de ce que vous allez voir et entendre, car le tonnerre n’est pas plus prompt à frapper que ne le sera à vous atteindre, en quelque lieu que vous soyez, le couteau invisible et inévitable.

«Vivez au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.»

Il fut impossible, malgré la menace que contenaient ces dernières lignes, de surprendre aucune émotion sur le visage de l’inconnu, qui prononça la fin du serment et l’invocation qui le suivit avec un accent aussi calme qu’il en avait prononcé le commencement.

– Et maintenant, continua le président, ceignez le front du récipiendaire avec la bandelette sacrée.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Аламут (ЛП)
Аламут (ЛП)

"При самом близоруком прочтении "Аламута", - пишет переводчик Майкл Биггинс в своем послесловии к этому изданию, - могут укрепиться некоторые стереотипные представления о Ближнем Востоке как об исключительном доме фанатиков и беспрекословных фундаменталистов... Но внимательные читатели должны уходить от "Аламута" совсем с другим ощущением".   Публикуя эту книгу, мы стремимся разрушить ненавистные стереотипы, а не укрепить их. Что мы отмечаем в "Аламуте", так это то, как автор показывает, что любой идеологией может манипулировать харизматичный лидер и превращать индивидуальные убеждения в фанатизм. Аламут можно рассматривать как аргумент против систем верований, которые лишают человека способности действовать и мыслить нравственно. Основные выводы из истории Хасана ибн Саббаха заключаются не в том, что ислам или религия по своей сути предрасполагают к терроризму, а в том, что любая идеология, будь то религиозная, националистическая или иная, может быть использована в драматических и опасных целях. Действительно, "Аламут" был написан в ответ на европейский политический климат 1938 года, когда на континенте набирали силу тоталитарные силы.   Мы надеемся, что мысли, убеждения и мотивы этих персонажей не воспринимаются как представление ислама или как доказательство того, что ислам потворствует насилию или террористам-самоубийцам. Доктрины, представленные в этой книге, включая высший девиз исмаилитов "Ничто не истинно, все дозволено", не соответствуют убеждениям большинства мусульман на протяжении веков, а скорее относительно небольшой секты.   Именно в таком духе мы предлагаем вам наше издание этой книги. Мы надеемся, что вы прочтете и оцените ее по достоинству.    

Владимир Бартол

Проза / Историческая проза