Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

«Un de mes amis, le major du régiment, le même qui m’avait envoyé au-devant de Son Altesse, m’a assuré que la princesse regarda plusieurs fois autour d’elle, cherchant dans les rangs des officiers qui assistaient à son dîner.

«- Je ne vois pas, dit Son Altesse après une investigation pareille renouvelée inutilement deux ou trois fois, je ne vois pas le jeune officier qui a été envoyé au-devant de moi ce matin. Ne lui a-t-on pas dit que je désirais le remercier?

«Le major s’avança.

«- Madame, dit-il, M. le lieutenant de Taverney a dû rentrer chez lui pour changer de vêtements et se présenter ensuite d’une façon plus convenable devant Votre Altesse royale.

«Un instant après je rentrai.

«Je n’étais pas depuis cinq minutes dans la salle que madame la dauphine m’aperçut.

«Elle me fit signe de venir à elle, je m’approchai.

«- Monsieur, me dit-elle, auriez-vous quelque répugnance à me suivre à Paris?

«- Oh! madame! m’écriai-je, tout au contraire, et ce serait pour moi un suprême bonheur; mais je suis au service, en garnison à Strasbourg, et…

«- Et…?

«- C’est vous dire, madame, que mon désir seul est à moi.

«- De qui dépendez-vous?

«- Du gouverneur militaire.

«- Bien… J’arrangerai cela avec lui.

«Elle me fit un signe de la main, et je me retirai.

«Le soir, elle s’approcha du gouverneur.

«- Monsieur, lui dit-elle, j’ai un caprice à satisfaire.

«- Dites ce caprice, et ce sera un ordre pour moi, madame.

«- J’ai eu tort de dire un caprice à satisfaire; c’est un vœu à accomplir.

«- La chose ne m’en sera que plus sacrée… Dites, madame.

«- Eh bien! j’ai fait vœu d’attacher à mon service le premier Français, quel qu’il fût, que je rencontrerais en mettant le pied sur la terre de France, et de faire son bonheur et celui de sa famille, si toutefois il est au pouvoir des princes de faire le bonheur de quelqu’un.

«- Les princes sont les représentants de Dieu sur la terre. Et quelle est la personne qui a eu le bonheur d’être rencontrée la première par Votre Altesse?

«- M. de Taverney-Maison-Rouge, le jeune lieutenant qui a été vous prévenir de mon arrivée.

«- Nous allons tous être jaloux de M. de Taverney, madame, dit le gouverneur; mais nous ne troublerons pas le bonheur qui lui est réservé; il est retenu par sa consigne; mais nous lèverons sa consigne; il est lié par son engagement, mais nous briserons son engagement; il partira en même temps que Votre Altesse royale.

«En effet, le jour même où la voiture de Son Altesse quittait Strasbourg, je reçus l’ordre de monter à cheval et de l’accompagner. Depuis ce moment, je n’ai pas quitté la portière de son carrosse.»

– Eh! eh! fit le baron avec son même sourire, eh! eh! ce serait singulier; mais ce n’est pas impossible!

– Quoi, mon père? dit naïvement le jeune homme.

– Oh! je m’entends, dit le baron, je m’entends, eh! eh!

– Mais, cher frère, dit Andrée, je ne vois pas encore comment, au milieu de tout cela, madame la dauphine a pu venir à Taverney.

– Attends; c’était hier au soir, vers onze heures, nous arrivâmes à Nancy, et nous traversâmes la ville aux flambeaux. La dauphine m’appela.

«- Monsieur de Taverney, dit-elle, pressez l’escorte.

«Je fis signe que la dauphine désirait aller plus vite.

«- Je veux partir demain de bon matin, ajouta la dauphine.

«- Votre Altesse désire faire demain une longue étape? demandai-je.

«- Non, mais je désire m’arrêter en route.

«Quelque chose comme un pressentiment me troubla le cœur à ces mots.

«- En route? répétai-je.

«- Oui, dit Son Altesse royale.

«Je me tus.

«- Vous ne devinez pas où je veux m’arrêter? demanda-t-elle en souriant.

«- Non, madame.

«- Je veux m’arrêter à Taverney.

«- Pourquoi faire, mon Dieu? m’écriai-je.

«- Pour voir votre père et votre sœur.

«- Mon père! ma sœur!… Comment, Votre Altesse royale sait…?

«- Je me suis informée, dit-elle, et j’ai appris qu’ils habitaient à deux cents pas de la route que nous suivons. Vous donnerez l’ordre qu’on arrête à Taverney.

«La sueur me monta au front, et je me hâtai de dire à Son Altesse royale, avec un tremblement que vous comprenez:

«- Madame, la maison de mon père n’est pas digne de recevoir une si grande princesse que vous êtes.

«- Pourquoi cela? demanda Son Altesse royale.

«- Nous sommes pauvres, madame.

«- Tant mieux, dit-elle, l’accueil n’en sera, j’en suis certaine, que plus cordial et plus simple. Il y a bien, si pauvre que soit Taverney, une tasse de lait pour une amie qui désire oublier un instant qu’elle est archiduchesse d’Autriche et dauphine de France.

«- Oh! madame! répondis-je en m’inclinant.

«Ce fut tout. Le respect m’empêchait d’en dire davantage.

«J’espérais que Son Altesse royale oublierait ce projet, ou que sa fantaisie se dissiperait ce matin avec l’air vif de la route, mais il n’en fut rien. Au relais de Pont-à-Mousson, Son Altesse me demanda si nous approchions de Taverney, et je fus forcé de répondre que nous n’en étions plus qu’à trois lieues.

– Maladroit! s’écria le baron.

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