Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome II полностью

– Monsieur le baron, dit-il, apprenez que, depuis que je suis à Paris, j’ai trouvé des protecteurs qui lui font faire antichambre, à votre M. de Sartine!

– Ah! oui-da! s’écria le baron; eh bien, si tu échappes à Bicêtre, tu n’échapperas point aux étrivières. Andrée, Andrée, appelez votre frère, qui est là tout près.

Andrée se baissa vers Gilbert et lui dit impérieusement:

– Voyons, monsieur Gilbert, retirez-vous!

– Philippe, Philippe! cria le vieillard.

– Retirez-vous, dit Andrée au jeune homme, qui demeurait muet et immobile à sa place, comme dans une contemplation extatique.

Un cavalier, attiré par l’appel du baron, accourut à la portière du carrosse: c’était Philippe de Taverney, avec un uniforme de capitaine. Le jeune homme était tout à la fois joyeux et splendide:

– Tiens! Gilbert! dit-il avec bonhomie en reconnaissant le jeune homme. Gilbert ici! Bonjour, Gilbert… Que désirez-vous de moi, mon père?

– Bonjour, monsieur Philippe, répondit le jeune homme.

– Ce que je désire, s’écria le baron pâle de fureur, c’est que tu prennes la gaine de ton épée et que tu en châties ce drôle-là!

– Mais qu’a-t-il fait? demanda Philippe en regardant tour à tour et avec un étonnement croissant la fureur du baron et l’effrayante impassibilité de Gilbert.

– Il a fait, il a fait!… s’écria le baron. Frappe, Philippe, comme sur un chien.

Taverney se retourna vers sa sœur.

– Qu’a-t-il donc fait, Andrée? Dites, vous aurait-il insultée?

– Moi! s’écria Gilbert.

– Non, rien, Philippe, répondit Andrée, non; il n’a rien fait, mon père s’égare. M. Gilbert n’est plus à notre service, il a donc parfaitement le droit d’être où il lui plaît d’aller. Mon père ne veut pas comprendre cela, et, en le retrouvant ici, il s’est mis en colère.

– C’est là tout? demanda Philippe.

– Absolument, mon frère, et je ne comprends rien au courroux de M. de Taverney, surtout à un pareil propos et quand choses et gens ne méritent pas même un regard. Voyez, Philippe, si nous avançons.

Le baron se tut, dompté par la sérénité toute royale de sa fille.

Gilbert baissa la tête, écrasé par ce mépris. Il y eut un éclair qui passa à travers son cœur et qui ressemblait à celui de la haine. Il eût préféré un coup mortel de l’épée de Philippe, et même un coup sanglant de son fouet.

Il faillit s’évanouir.

Par bonheur, en ce moment, la harangue était achevée; il en résulta que les carrosses reprirent leur mouvement.

Celui du baron s’éloigna peu à peu, d’autres le suivirent; Andrée s’effaçait comme dans un rêve.

Gilbert demeura seul, prêt à pleurer, prêt à rugir, incapable, il le croyait du moins, de soutenir le poids de son malheur.

Alors une main se posa sur son épaule.

Il se retourna et vit Philippe, qui, ayant mis pied à terre et donné son cheval à tenir à un soldat de son régiment, revenait tout souriant à lui.

– Voyons, qu’est-il donc arrivé, mon pauvre Gilbert, et pourquoi es-tu à Paris?

Ce ton franc et cordial toucha le jeune homme.

– Eh! monsieur, dit-il avec un soupir arraché à son stoïcisme farouche, qu’eussé-je fait à Taverney? Je vous le demande. J’y fusse mort de désespoir, d’ignorance et de faim!

Philippe tressaillit, car son esprit impartial était frappé, comme l’avait été Andrée, du douloureux abandon où l’on avait laissé le jeune homme.

– Et tu crois donc réussir à Paris, pauvre enfant, sans argent, sans protection, sans ressources?

– Je le crois, monsieur; l’homme qui veut travailler meurt rarement de faim, là où il y a d’autres hommes qui désirent ne rien faire.

Philippe tressaillit à cette réponse. Jamais il n’avait vu dans Gilbert qu’un familier sans importance.

– Manges-tu, au moins? dit-il.

– Je gagne mon pain, monsieur Philippe, et il n’en faut pas davantage à celui qui ne s’est jamais fait qu’un reproche, c’est de manger celui qu’il ne gagnait pas.

– Tu ne dis pas cela, je l’espère, pour celui qu’on t’a donné à Taverney, mon enfant? Ton père et ta mère étaient de bons serviteurs du château, et toi même te rendais facilement utile.

– Je ne faisais que mon devoir, monsieur.

– Écoute, Gilbert, continua le jeune homme; tu sais que je t’ai toujours aimé; je t’ai toujours vu autrement que les autres; est-ce à tort? est-ce à raison? l’avenir me l’apprendra. Ta sauvagerie m’a paru délicatesse; ta rudesse, je l’appelle fierté.

– Ah! monsieur le chevalier! fit Gilbert respirant.

– Je te veux donc du bien, Gilbert.

– Merci, monsieur.

– J’étais jeune comme toi, malheureux comme toi dans ma position; de là vient peut-être que je t’ai compris. La fortune un jour m’a souri; eh bien, laisse-moi t’aider, Gilbert, en attendant que la fortune te sourie à ton tour.

– Merci, merci, monsieur.

– Que veux-tu faire? Voyons, tu es trop sauvage pour te mettre en condition.

Gilbert secoua la tête avec un méprisant sourire.

– Je veux étudier, dit-il.

– Mais, pour étudier, il faut des maîtres, et, pour payer des maîtres, il faut de l’argent.

– J’en gagne, monsieur.

– Tu en gagnes! dit Philippe en souriant; et combien gagnes-tu? Voyons!

– Je gagne vingt-cinq sous par jour, et j’en puis gagner trente et même quarante.

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