Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome II полностью

– Mais c’est tout juste ce qu’il faut pour manger.

Gilbert sourit.

– Voyons, je m’y prends mal peut-être pour t’offrir mes services.

– Vos services à moi, monsieur Philippe?

– Sans doute, mes services. Rougis-tu de les accepter?

Gilbert ne répondit point.

– Les hommes sont ici-bas pour s’entraider, continua Maison-Rouge; ne sont-ils pas frères?

Gilbert releva la tête et attacha ses yeux si intelligents sur la noble figure du jeune homme.

– Ce langage t’étonne? dit Philippe.

– Non, monsieur, dit Gilbert, c’est le langage de la philosophie; seulement, je n’ai pas l’habitude de l’entendre chez des gens de votre condition.

– Tu as raison, et cependant ce langage est celui de notre génération. Le dauphin lui-même partage ces principes. Voyons, ne fais pas le fier avec moi, continua Philippe, et ce que je t’aurai prêté, tu me le rendras plus tard. Qui sait si tu ne seras pas un jour un Colbert ou un Vauban?

– Ou un Tronchin, dit Gilbert.

– Soit. Voici ma bourse, partageons.

– Merci, monsieur, dit l’indomptable jeune homme, touché, sans vouloir en convenir, de cette admirable expansion de Philippe; merci, je n’ai besoin de rien; seulement… seulement, je vous suis reconnaissant bien plus que si j’eusse accepté votre offre, soyez-en sûr.

Et là-dessus, saluant Philippe stupéfait, il regagna vivement la foule, dans laquelle il se perdit.

Le jeune capitaine attendit plusieurs secondes, comme s’il ne pouvait en croire ni ses yeux ni ses oreilles; mais, voyant que Gilbert ne reparaissait point, il remonta sur son cheval et regagna son poste.

<p id="_Toc103004993">Chapitre L La possédée</p>

Tout le fracas de ces chars retentissants, tout le bruit de ces cloches chantant à pleines volées, tous ces roulements de tambours joyeux, toute cette majesté, reflet des majestés du monde perdu pour elle, glissèrent sur l’âme de Madame Louise et vinrent expirer, comme le flot inutile, au pied des murs de sa cellule.

Quand le roi fut parti, après avoir inutilement essayé de rappeler en père et en souverain, c’est-à-dire par un sourire auquel succédèrent des prières qui ressemblaient à des ordres, sa fille au monde; quand la dauphine, que frappa du premier coup d’œil cette grandeur d’âme véritable de son auguste tante, eut disparu avec son tourbillon de courtisans, la supérieure des carmélites fit descendre les tentures, enlever les fleurs, détacher les dentelles.

De toute la communauté encore émue, elle seule ne sourcilla point quand les lourdes portes du couvent, un instant ouvertes sur le monde, roulèrent pesamment et se refermèrent avec bruit entre le monde et la solitude.

Puis elle fit venir la trésorière.

– Pendant ces deux jours de désordre, demanda-t-elle, les pauvres ont-ils reçu les aumônes accoutumées?

– Oui, Madame.

– Les malades ont-ils été visités comme de coutume?

– Oui, Madame.

– A-t-on congédié les soldats un peu rafraîchis?

– Tous ont reçu le pain et le vin que Madame avait fait préparer.

– Ainsi rien n’est en souffrance dans la maison?

– Rien, Madame.

Madame Louise s’approcha de la fenêtre et aspira doucement la fraîcheur embaumée qui montait du jardin sur l’aile humide des heures voisines de la nuit.

La trésorière attendait respectueusement que l’auguste abbesse donnât un ordre ou un congé.

Madame Louise, Dieu seul sait à quoi songeait la pauvre recluse royale en ce moment, Madame Louise effeuillait des roses à haute tige qui montaient jusqu’à sa fenêtre, et des jasmins qui tapissaient les murailles de la cour.

Tout à coup un violent coup de pied de cheval ébranla la porte des communs et fit tressaillir la supérieure.

– Qui donc est resté à Saint-Denis de tous les seigneurs de la cour? demanda Madame Louise.

– Son Éminence le cardinal de Rohan, Madame.

– Les chevaux sont-ils donc ici?

– Non, Madame, ils sont au chapitre de l’abbaye, où il passera la nuit.

– Qu’est-ce donc que ce bruit, alors?

– Madame, c’est le bruit que fait le cheval de l’étrangère.

– Quelle étrangère? demanda Madame Louise cherchant à rappeler ses souvenirs.

– Cette Italienne qui est venue hier au soir demander l’hospitalité à Son Altesse.

– Ah! c’est vrai. Où est-elle?

– Dans sa chambre ou à l’église.

– Qu’a-t-elle fait depuis hier?

– Depuis hier, elle a refusé toute nourriture, excepté le pain, et toute la nuit elle a prié dans la chapelle.

– Quelque grande coupable, sans doute! dit la supérieure fronçant le sourcil.

– Je l’ignore, Madame, elle n’a parlé à personne.

– Quelle femme est-ce?

– Belle et d’une physionomie douce et fière à la fois.

– Ce matin, pendant la cérémonie, où se tenait-elle?

– Dans sa chambre, près de sa fenêtre, où je l’ai vue, abritée derrière ses rideaux, fixer sur chaque personne un regard plein d’anxiété, comme si dans chaque personne qui entrait elle eût craint un ennemi.

– Quelque femme de ce pauvre monde où j’ai vécu, où j’ai régné. Faites entrer.

La trésorière fit un pas pour se retirer.

– Ah! sait-on son nom? demanda la princesse.

– Lorenza Feliciani.

– Je ne connais personne de ce nom, dit Madame Louise rêvant; n’importe, introduisez cette femme.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Аламут (ЛП)
Аламут (ЛП)

"При самом близоруком прочтении "Аламута", - пишет переводчик Майкл Биггинс в своем послесловии к этому изданию, - могут укрепиться некоторые стереотипные представления о Ближнем Востоке как об исключительном доме фанатиков и беспрекословных фундаменталистов... Но внимательные читатели должны уходить от "Аламута" совсем с другим ощущением".   Публикуя эту книгу, мы стремимся разрушить ненавистные стереотипы, а не укрепить их. Что мы отмечаем в "Аламуте", так это то, как автор показывает, что любой идеологией может манипулировать харизматичный лидер и превращать индивидуальные убеждения в фанатизм. Аламут можно рассматривать как аргумент против систем верований, которые лишают человека способности действовать и мыслить нравственно. Основные выводы из истории Хасана ибн Саббаха заключаются не в том, что ислам или религия по своей сути предрасполагают к терроризму, а в том, что любая идеология, будь то религиозная, националистическая или иная, может быть использована в драматических и опасных целях. Действительно, "Аламут" был написан в ответ на европейский политический климат 1938 года, когда на континенте набирали силу тоталитарные силы.   Мы надеемся, что мысли, убеждения и мотивы этих персонажей не воспринимаются как представление ислама или как доказательство того, что ислам потворствует насилию или террористам-самоубийцам. Доктрины, представленные в этой книге, включая высший девиз исмаилитов "Ничто не истинно, все дозволено", не соответствуют убеждениям большинства мусульман на протяжении веков, а скорее относительно небольшой секты.   Именно в таком духе мы предлагаем вам наше издание этой книги. Мы надеемся, что вы прочтете и оцените ее по достоинству.    

Владимир Бартол

Проза / Историческая проза