Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome II полностью

«Cet homme, de taille moyenne, d’une physionomie imposante, d’un coup d’œil résolu, continua de s’avancer calme et tranquille au pas ordinaire de son cheval.

«Arrivé en face de moi, il s’arrêta.

«Le bandit, qui déjà m’avait prise dans ses bras, et qui commençait à m’emmener, se retourna au premier coup de sifflet que cet homme donna dans le manche de son fouet.

«Le bandit me laissa glisser jusqu’à terre.

«- Viens ici, dit l’inconnu.

«Et, comme le bandit hésitait, l’inconnu forma un angle avec son bras, posa deux doigts écartés sur sa poitrine. Et, comme si ce signe eût été l’ordre d’un maître tout-puissant, le bandit s’approcha de l’inconnu.

«Celui-ci se pencha à l’oreille du bandit, et tout bas prononça ce mot:

«- Mac.

«Il ne prononça que ce seul mot, j’en suis sûre, moi qui regardais comme on regarde le couteau qui va vous tuer, moi qui écoutais comme on écoute quand la parole qu’on attend doit être la mort ou la vie.

«- Benac, répondit le brigand.

«Puis, dompté comme un lion et rugissant comme lui, il revint à moi, détacha la corde qui me liait les poignets, et alla en faire autant à mon père et à ma mère.

«Alors, comme l’argent était déjà partagé, chacun vint à son tour déposer sa part sur une pierre. Pas un écu ne manqua aux cinq cents écus.

«Pendant ce temps, je me sentais revivre aux bras de mon père et de ma mère.

«- Maintenant, allez…, dit l’inconnu aux bandits.

«Les bandits obéirent et rentrèrent dans le bois jusqu’au dernier.

«- Lorenza Feliciani, dit alors l’étranger en me couvrant de son regard surhumain, continue ta route maintenant, tu es libre.

«Mon père et ma mère remercièrent l’étranger qui me connaissait, et que nous ne connaissions pas, nous. Puis ils remontèrent dans la voiture. Je les suivis comme à regret, car je ne sais quelle puissance étrange, irrésistible m’attirait vers mon sauveur.

«Lui était resté immobile à la même place, comme pour continuer de nous protéger.

«Je l’avais regardé tant que j’avais pu le voir, et ce n’est que lorsque je l’eus perdu de vue tout à fait que l’oppression qui serrait ma poitrine disparut.

«Deux heures après, nous étions à Subiaco.

– Mais quel était donc cet homme extraordinaire? demanda la princesse, émue de la simplicité de ce récit.

– Daignez encore m’écouter, Madame, dit Lorenza. Hélas! tout n’est pas fini!

– J’écoute, dit Madame Louise.

La jeune femme continua:

– Nous arrivâmes à Subiaco deux heures après cet événement.

«Pendant toute la route, nous n’avions fait que nous entretenir, mon père, ma mère et moi, de ce singulier sauveur qui nous était venu tout à coup, mystérieux et puissant, comme un envoyé du ciel.

«Mon père, moins crédule que moi, le soupçonnait chef d’une de ces bandes qui, bien que divisées en fragments autour de Rome, relèvent de la même autorité, et sont inspectées de temps en temps par le chef suprême, lequel, investi d’une autorité absolue, récompense, punit et partage.

«Mais moi, moi qui cependant ne pouvais lutter d’expérience avec mon père; moi qui obéissais à mon instinct, qui subissais le pouvoir de ma reconnaissance, je ne croyais pas, je ne pouvais pas croire que cet homme fût un bandit.

«Aussi, dans mes prières de chaque soir à la Vierge, je consacrais une phrase destinée à appeler les grâces de la madone sur mon sauveur inconnu.

«Dès le même jour, j’entrai au couvent. La dot était retrouvée, rien n’empêchait qu’on ne m’y reçût. J’étais plus triste, mais aussi plus résignée que jamais. Italienne et superstitieuse, cette idée m’était venue que Dieu tenait à me posséder pure, entière et sans tache, puisqu’il m’avait délivrée de ces bandits, suscités sans doute par le démon pour souiller la couronne d’innocence que Dieu seul devait détacher de mon front. Aussi m’élançai-je avec toute l’ardeur de mon caractère dans les empressements de mes supérieurs et de mes parents. On me fit adresser une demande au souverain pontife à l’effet de me voir dispensée du noviciat. Je l’écrivis, je la signai. Elle avait été rédigée par mon père dans les termes d’un si violent désir, que Sa Sainteté crut voir dans cette demande l’ardente aspiration d’une âme dégoûtée du monde vers la solitude. Elle accorda tout ce qu’on lui demandait, et le noviciat d’un an, de deux ans quelquefois pour les autres, fut, par faveur spéciale, fixé pour moi à un mois.

«On m’annonça cette nouvelle, qui ne me causa ni douleur ni joie. On eût dit que j’étais déjà morte au monde, et que l’on opérait sur un cadavre auquel son ombre impassible survivait seule.

«Quinze jours on me tint renfermée, de crainte que l’esprit mondain me vînt saisir. Vers le matin de ce quinzième jour, je reçus l’ordre de descendre à la chapelle avec les autres sœurs.

«En Italie, les chapelles des couvents sont des églises publiques. Le pape ne croit pas sans doute qu’il soit permis à un prêtre de confisquer Dieu en quelque endroit qu’il se manifeste à ses adorateurs.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Аламут (ЛП)
Аламут (ЛП)

"При самом близоруком прочтении "Аламута", - пишет переводчик Майкл Биггинс в своем послесловии к этому изданию, - могут укрепиться некоторые стереотипные представления о Ближнем Востоке как об исключительном доме фанатиков и беспрекословных фундаменталистов... Но внимательные читатели должны уходить от "Аламута" совсем с другим ощущением".   Публикуя эту книгу, мы стремимся разрушить ненавистные стереотипы, а не укрепить их. Что мы отмечаем в "Аламуте", так это то, как автор показывает, что любой идеологией может манипулировать харизматичный лидер и превращать индивидуальные убеждения в фанатизм. Аламут можно рассматривать как аргумент против систем верований, которые лишают человека способности действовать и мыслить нравственно. Основные выводы из истории Хасана ибн Саббаха заключаются не в том, что ислам или религия по своей сути предрасполагают к терроризму, а в том, что любая идеология, будь то религиозная, националистическая или иная, может быть использована в драматических и опасных целях. Действительно, "Аламут" был написан в ответ на европейский политический климат 1938 года, когда на континенте набирали силу тоталитарные силы.   Мы надеемся, что мысли, убеждения и мотивы этих персонажей не воспринимаются как представление ислама или как доказательство того, что ислам потворствует насилию или террористам-самоубийцам. Доктрины, представленные в этой книге, включая высший девиз исмаилитов "Ничто не истинно, все дозволено", не соответствуют убеждениям большинства мусульман на протяжении веков, а скорее относительно небольшой секты.   Именно в таком духе мы предлагаем вам наше издание этой книги. Мы надеемся, что вы прочтете и оцените ее по достоинству.    

Владимир Бартол

Проза / Историческая проза