Читаем L'Empire des anges полностью

«Je suis professeur à la faculté d'anthropologie de Paris et je crois pouvoir répondre à votre question. On peut dire que la civilisation humaine est apparue dès que certains primates ont commencé à ne plus jeter leurs défunts aux ordures et à les couvrir au contraire de coquillages et de fleurs. Les premières sépultures ornementées ont été découvertes à proximité de la mer Morte. Elles ont été datées au Carbone 14 à 120 000 ans. Cela signifie que, en ces temps reculés, des gens croyaient qu 'à la mort succédait un phénomène "magique". On peut remarquer aussi qu'est apparu simultanément l'art non figuratif afin de tenter de décrire cette "magie ".

Plus tard, les premières œuvres fantastiques ont été celles d'artistes s'efforçant d'imaginer "l'après-mort". Probablement d'ailleurs pour tenter de se rassurer eux-mêmes…»

Source: individu interrogé dans la rue au hasard d'un microtrottoir.

Quelque chose m'attire là-haut. Une fabuleuse lumière. Maintenant je vais enfin savoir. Qu'y a-t-il après la vie? Qu'y a-t-il au-dessus du monde visible?

Vol au-dessus de ma ville.

Vol au-dessus de ma planète.

Je sors de la zone terrestre. Mon cordon d'argent s'étire davantage encore puis finit par céder.

Maintenant plus aucun demi-tour n'est possible. C'en est vraiment fini de ma vie dans la peau de Michael Pinson, charmant monsieur au demeurant, mais qui a eu le tort de mourir.

Au moment où je quitte la «vie», je me rends compte que j'ai toujours considéré la mort comme quelque chose qui n'arrive qu'aux autres. Une légende. En tout cas une épreuve qui aurait pu m'être épargnée.

On meurt tous un jour. Et pour moi ce jour c'est aujourd'hui.

«Je crois qu'après la mort, il n'y a rien. Rien de rien. Je crois qu'on atteint l'immortalité en faisant des enfants, qui eux-mêmes engendreront d'autres enfants, et ainsi de suite… Ce sont eux qui transmettent dans le temps notre petit flambeau.»

Source: individu interrogé dans la rue au hasard d'un microtrottoir.

<p>2. LE GRAND SAUT</p>

Je sais que je n'ai plus le choix. La Terre n'est plus qu'une poussière au loin. Les fragments de mon ancien corps abandonné là-bas ont été maintenant retrouvés par les pompiers.

Étonnant, il me semble entendre leurs voix. «Quel accident! Un avion qui percute un immeuble ça n'arrive pas tous les jours. Comment va-t-on faire pour retrouver les corps dans ce magma de béton?»

Bon, ce n'est plus mon problème.

Mais la fabuleuse lumière m'aspire. Je me dirige vers le centre de ma galaxie. Enfin, je le vois. Le continent des morts est le trou noir situé au milieu de la Voie lactée.

Il ressemble à une bonde de lavabo, un vortex qui fait tout tourbillonner en spirale autour de lui. Je m'approche. On croirait une fleur palpitante, une gigantesque orchidée formée de poudre de lumière tournoyante.

Ce trou noir aspire tout: les systèmes solaires, les étoiles, les planètes, les météorites. Et il m'emporte aussi.

Je me souviens des cartes du continent des morts. Les Sept Ciels. J'accoste au… Premier Ciel. C'est un territoire conique bleu. On y pénètre à travers une écume d'étoiles.

«Chaque année des millions d'êtres humains naissent sur Terre. Ils transforment des tonnes de viandes, de fruits et de légumes en tonnes d'excréments. Ils s'agitent, ils se reproduisent puis ils meurent. Ça n 'a rien d'extraordinaire mais là réside le sens de notre existence: Naître. Manger. S'agiter. Se reproduire. Crever.

Entre-temps on a l'impression d'être important parce qu 'on fait du bruit avec notre bouche, des mouvements avec nos jambes et nos bras. Moi je dis: nous sommes peu de chose et nous sommes amenés à devenir pourriture puis poussière.»

Source: individu interrogé dans la rue au hasard d'un microtrottoir.

Au seuil du continent des morts, je distingue maintenant des présences. À côté de moi, d'autres morts, telle une migration complète de papillons monarques, foncent vers la lumière.

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