Читаем La dame de Montsalvy полностью

Il raconta alors ce qu'il venait de voir. Le sire de Lichtervelde que le Duc avait envoyé en reconnaissance jusqu'au Marché l'avait trouvé vide et, s'en revenant avec ses hommes pour prévenir son maître et le faire avancer criait : « Nous avons ville gagnée ! Elle est à la volonté de Monseigneur... » Mais à ce moment même une voix, partie d'on ne savait où avait hurlé :

— Ne crie pas victoire trop vite ! Sais-tu combien la seule enceinte des Halles peut contenir d'hommes ?...

Au même moment, de partout, des hommes, des femmes, des vieillards et même des enfants avaient surgi, portant des bâtons, des couteaux, des haches, certain même armé d'arcs. Il en venait de toutes les ruelles, de toutes les maisons dont les fenêtres se garnissaient de visages farouches. Philippe, comprenant alors qu'il allait devoir combattre, avait donné ordre à ses archers de tirer et une grêle de flèches était allée frapper au plein de cette masse humaine, un peu au hasard. Le malheur avait voulu que des femmes, des vieillards fussent atteints. Un enfant était tombé d'un toit, une jeune fille d'une fenêtre...

Le Duc lui-même tirant son épée avait abattu un bourgeois qui s'élançait au cou de son cheval...

— Il recule, gémit Bérenger, en conclusion, il revient vers nous !

Toute la ville va nous tomber dessus. Écoutez !

Les volées furieuses du tocsin s'abattaient à présent sur Bruges, portées par les rafales de vent.

— Il faut ouvrir cette herse, cria Saint-Rémy. Monseigneur va être massacré. Et nous n'avons même pas d'armes.

— Vous en avez une, riposta Gauthier. Votre robe de moine. Allez les haranguer !

Saint-Rémy aussitôt s'élança vers ceux qui gardaient la porte, brandissant le crucifix de bois qu'il portait au cou.

— Mes frères, mes frères ! Songez à ne pas offenser Dieu en retenant ici votre seigneur naturel. Mes frères...

Des huées et des rires lui répondirent mais il continuait de plus belle, encouragé malgré tout par le fait que nul n'osait s'en prendre à un moine.

— Ton Duc, cria quelqu'un, nous allons le lui envoyer vivement, au Seigneur ! Tiens, regarde ! Le voilà qui accourt.

En effet le groupe de seigneurs et de soldats qui accompagnait Philippe refluait vers la porte sans cesser de combattre mais en dépit des armures et des chevaux, qui étaient plus une gêne qu'autre chose d'ailleurs, car dans cette presse ils étaient difficiles à manier, la disproportion des forces était tragique... Au-delà, on ne pouvait voir ce qu'il était advenu du

premier détachement de Picards et, dans un instant le Duc, dont on apercevait le heaume couronné d'or et l'épée étincelante tournoyant au-dessus, allait arriver contre la herse.

Saint-Rémy alors bondit sur l'un de ceux qu'il haranguait si bien l'instant précédent, lui arracha sa hache et se mit à frapper. Ce que voyant, Gauthier fit de même, s'empara d'un marteau et vint lui prêter main-forte. Aplatie contre le mur de la voûte Catherine, horrifiée, regardait le sang couler et les morts s'abattre, protégée par Bérenger qui lui faisait courageusement un rempart de son corps, décidé à mourir pour sa dame comme il convenait à un page de bonne race.

La mêlée devant elle était furieuse. Soudain, un homme se jeta, les bras en croix entre le prince et la foule en délire :

— Je vous en prie, je vous en supplie ! Réfléchissez à ce que vous allez faire ! C'est votre seigneur et vous n'avez pas le droit d'y toucher

! Dieu vous punira et la vengeance de Bourgogne détruira à jamais notre ville !...

C'était Louis Van de Walle, les vêtements déchirés, du sang coulant sur sa joue, qui essayait désespérément d'éviter le pire c'est-à-dire l'assassinat de Philippe. Mais personne ne voulait l'écouter.

Cependant Saint-Rémy et Gauthier avaient réussi à déblayer la herse et tandis que le chevalier maintenait en respect ceux qui auraient voulu tenter de s'y opposer, Gauthier s'efforçait de relever l'énorme grille de fer mais c'était impossible.

— Ils ont mis une chaîne, cria-t-il, et le treuil ne bouge pas ! Il faudrait briser le cadenas qui la retient !

À l'aide de son marteau il tapait dessus de toutes ses forces arrachant des étincelles, sans parvenir toutefois à faire céder le métal.

— Vous allez le fausser, dit Catherine qui l'avait rejoint avec Bérenger. Il faudrait des tenailles.

— Dépêche-toi ! cria Saint-Rémy qui s'escrimait toujours de sa hache, nous allons être massacrés.

Adossé à la herse avec le Duc et une poignée de survivants ils faisaient face à la mer humaine et hurlante tandis qu'au-dehors, les soldats de Bourgogne tiraient sur ceux qui occupaient le chemin de ronde et cherchaient à les empêcher d'approcher.

— Nous n'y arriverons jamais ! gémit Gauthier.

Mais soudain, quelqu'un fut à ses côtés : le bourgmestre qui tirait après lui un ouvrier armé d'énormes tenailles.

— Brise ce cadenas ! lui ordonna-t-il.

L'homme hésitait, visiblement terrifié.

— Si j'obéis, je serai massacré !

— Tu vas l'être tout de suite si tu n'obéis pas, gronda Saint-Rémy en lui posant sur la gorge une dague qu'il avait prise sur le corps d'un soldat.

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