Читаем La dame de Montsalvy полностью

— Oui, vous m'avez sauvée... par-dessus le marché ! Ceux qui m'ont vraiment sauvée ce n'est pas vous : c'est Saint-Rémy, c'est le prieur des Augustins, c'est dame Béatrice, la Grande Dame du Béguinage qui m'a soignée. Quant à ce que vous avez fait, je vais vous le dire : au mépris de la parole donnée vous avez lancé vos hommes d'armes à l'assaut d'une ville qui s'était ouverte devant vous, vous avez fait tirer sur la foule. Des femmes, des enfants sont tombés sous les flèches de vos archers. Ce faisant vous avez déchaîné le désespoir, qui est la pire fureur, et vous avez bien failli mêler votre sang à celui de vos victimes. En fait... ce n'est pas vous qui m'avez sauvée : ce sont mes compagnons qui vous ont ouvert la herse en vous permettant de m'emporter avec vous !

— C'est à moi que tu donnes tort ? A moi, le prince qu'ils ont bafoué, ridiculisé depuis des mois ?...

Oui... et en dépit de leurs torts qui sont grands et nombreux ! Vous voyez que je suis juste. Je vous donne tort parce que vous êtes le grand-duc d'Occident, parce que vous êtes fort, magnifique et supérieurement intelligent. Parce que votre esprit aurait dû vous fournir le moyen de réduire Bruges sans effusion de sang et surtout sans cette duperie mortelle. Quand les enfants sont mal élevés, ce n'est pas à eux que l'on s'en prend en général, c'est aux parents parce qu'ils possèdent la raison, l'expérience. Certes, il faut savoir châtier... mais la miséricorde, monseigneur, c'est un si beau mot ! Il est vrai qu'il n'appartient guère qu'à Dieu !

Le silence qui s'établit quand elle se tut lui parut énorme, écrasant.

Le Duc s'était détourné d'elle et, planté devant la cheminée, il regardait les flammes avec des yeux assombris... des yeux d'où, à nouveau, Catherine vit couler des larmes. Ce n'était plus le déluge de tout à l'heure. C'était une lente glissade silencieuse le long des joues pâles, creusées par la fatigue et ce chagrin qui ne se montrait pas réussit à éveiller sa pitié.

— Pardonnez-moi, dit-elle doucement, mais il fallait que quelqu'un vous dise cela... Vous le savez, je n'ai jamais très bien su mentir, ou seulement cacher mes sentiments.

Il secoua ses épaules comme pour les décharger d'un fardeau puis, toujours sans la regarder :

— Tu ne m'aimes plus... fit-il douloureusement.

— Vous non plus, monseigneur, en dépit de ce que vous pouvez en penser, en dépit de ces chambres que vous avez refaites à l'image de la mienne, en dépit de ces portraits insensés ! Votre amour était d'orgueil, de chair... pas vraiment de cœur, car, voyez-vous, lorsque l'on aime vraiment, on peut tout sacrifier à l'être aimé, tout donner sans regret, sans restriction. Jadis peut-être vous m'avez aimée ainsi...

plus maintenant et c'est très bien comme cela. Au fond, monseigneur, il n'y a guère que ses enfants que l'on peut arriver à aimer de cet amour total... À présent, je vous demande la permission de me retirer.

Je voudrais retrouver mon écuyer et mon page, savoir s'ils sont arrivés ici, comme je l'espère, avec Saint-Rémy et puis... prendre un peu de repos avant de continuer ma route !

— Vous voulez partir déjà ?...

Oui, cela vaut mieux. Il est inutile que l'on me sache auprès de vous...

et puis le chemin est long qui mène à mes montagnes.

Il eut un soupir qui parut venir des extrêmes profondeurs de sa poitrine.

— Eh bien partez, puisque rien ne peut vous retenir ! Je vais donner des ordres pour vous assurer un voyage aussi doux que possible...

Il s'était retourné et à présent il la regardait s'avancer vers lui, se courber, s'agenouiller.

— Adieu, monseigneur...

Il eut un geste de protestation.

— Pourquoi, adieu ? France et Bourgogne sont en paix... Pourquoi devrais-je être condamné à ne plus vous revoir ? Quoi que vous en pensiez... j'en serai toujours infiniment heureux !...

— Alors... à s'il plaît à Dieu !...

Elle baisa la main qui pendait le long du corps du prince puis, se relevant, quitta la chambre sans se retourner, refusant même d'entendre le soupir qui saluait sa sortie. Il fallait que cette page-là soit définitivement tournée.

Bérenger chantait. La voix de l'adolescent avait perdu la fraîcheur fragile de l'enfance mais, encore un peu enrouée par la mue finissante, trouvait déjà des sonorités chaudes qui vibraient agréablement quand il était joyeux comme en ce moment.

Quan vey la lauzeta mover De joy sas alas contra 7 rai, Que s'oblida e's laissa cazer Per la doussor qu'ai cor li vay Aï! tan grans enveya m'en ve De cui qu'en vey a jauzion Meravilhas

ay, quar desse La cor de dezirier no 'm fan 1.

1 Quand je vois l'alouette mouvoir de joie ses ailes à contrejour, qui s'oublie et se laisse choir pour la douceur qu'au cœur lui va hélas, je sens monter l'envie pour ceux que je vois heureux. C'est merveille qu'à l'instant le cœur de désir ne me fonde...

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