Читаем La forêt des ombres полностью

David continua à examiner toutes ces preuves qui accablaient Bourne, qui effaçaient l’humain et dévoilaient le monstre. Une bête solitaire, un reclus, qui, pourtant, avait rassuré, appuyé, aimé son psychologue durant son séjour à l’hôpital, au point de se suicider après avoir été cruellement rejeté. Bourne, dont l’aversion profonde pour les femmes n’était plus à démontrer, avait-il pu tomber amoureux de Doffre ? Ce qui fournirait le motif de ces séances... Une espèce d’Emma au masculin, prêt au mensonge le plus saugrenu  – cette invention des battements cardiaques  – pour approcher l’objet de son amour : Arthur Doffre.

Non... Aucun rapport écrit, aucun livre ne faisaient mention de tendances homosexuelles à son sujet. Jamais d’amies, certes, mais jamais d’amis non plus. Cette hypothèse ne tenait pas la route.

Mais alors, pourquoi ces séances ? Pourquoi ?

« Tout est une question de point de vue, et d’influence », avait dit Doffre avec insistance, le premier soir, avant de parler du Bourreau.

Tout est une question de point de vue... Changer d’angle de vision... Renverser les a priori... Ne pas se laisser influencer par ce qui paraissait évident... Et qu’est-ce qui paraissait évident ? Que Tony Bourne mentait.

Inverser les rôles. Peut-être n’était-ce pas Tony Bourne qui avait entretenu le mensonge. Mais Arthur Doffre.

David s’empara de toutes les fiches cartonnées, s’assit sur le plancher et les plaça en arc de cercle autour de lui, dans l’ordre chronologique. Il vérifia la cohérence des dates, relut consciencieusement les résumés des séances.

L’ensemble se justifiait à la perfection. La thèse de la phobie de Bourne ne présentait pas la moindre faille. Les détails cités par Arthur étaient crédibles, on ne pouvait plus vraisemblables.

Et pourtant, l’un des deux avait menti. Lequel ?

David se dit qu’il avait peut-être manqué un indice dans le journal intime de Doffre, rédigé sur son lit d’hôpital. Il rouvrit donc le vieux cahier d’écolier et le parcourut en partant de l’hypothèse qu’Arthur mentait au sujet de Bourne.

Il tomba alors à nouveau sur les pages où était répété le mot « Mort ». Le coup de blues d’Arthur, ses plaintes et lamentations. Puis les descriptions précises des visites de Bourne, dont l’état de santé, selon Arthur, s’améliorait, alors que lui s’enfonçait. Avec, toujours, cette écriture tremblotante, fracturée. Des « e » grossiers, des « a » malmenés. Bel exploit tout de même, en fin de cahier, pour un droitier contraint d’être gaucher, nota David. Arthur avait vite appris, et écrivait presque à la perfection après trois mois d’hospitalisation.

Le jour n’allait pas tarder à se lever. David se frotta les paupières, s’empara d’une fiche verte, rédigée avant l’accident, et la plaça en vis-à-vis du cahier. L’écriture, sur le bristol, était fluide, sans rature  – jolis « a », « e » parfaits, voyelles arrondies. Pas vraiment différente de celle de la fin du cahier, en définitive. Degré d’inclinaison identique, même manière de lier les lettres, longueur de la barre des « p » ou des « t » semblable.

Etrange, car l’une était tracée de la main droite, et l’autre de la main gauche.

David posa soudain le bristol et mima, l’index pointé devant lui, l’écriture de la lettre « t ». Ce geste, il le répéta cinq fois d’affilée.

Le bras du « t », que le droitier trace de gauche à droite.

Il avala sa salive.

Son regard se porta à nouveau sur le papier cartonné vert. Puis sur le cahier.

Son doigt se mit à trembler.

Il venait d’avoir la certitude d’une chose : c’était Arthur qui mentait.

Sur les bristols vert pomme, Doffre avait tracé ses barres de « t » de droite à gauche, comme le font les gauchers, comme il l’avait fait sur son journal intime, à l’hôpital. Le sens du tracé se devinait à l’infime point d’encre initial, abandonné à droite par la plume. Il en allait de même avec les accents, ainsi qu’avec les lettres rondes  – les « o », les « a » -, tracées à l’envers.

Tous ces bilans avaient été rédigés de la main gauche.

Et donc, après l’accident.

Dès sa sortie d’hôpital, avant que les flics ne débarquent chez lui, Arthur avait pris sa plus belle plume, inventé une phobie au Bourreau 125 et rédigé brièvement ces dizaines de bilans, dont les derniers se limitaient à de simples flèches de tendance  – sûrement par manque de temps. Une hallucinante histoire de souffle au cœur apportant une explication aux tatouages sur les crânes des enfants. Et légitimant ainsi leurs rendez-vous au cabinet, dont la police avait pris connaissance lorsqu’elle s’était intéressée aux mouvements sur le compte bancaire de Bourne, après son décès.

Aux yeux des flics, Bourne consultait pour soigner sa phobie.

Mais en réalité, Doffre et Bourne ne s’étaient pas rencontrés pour un quelconque problème psychologique.

David y était presque, il le sentait.

L’influence... L’arum, la tache verte abdominale, la scie électrique...

Перейти на страницу:

Похожие книги

Ледовый барьер
Ледовый барьер

«…Отчасти на написание "Ледового Барьера" нас вдохновила научная экспедиция, которая имела место в действительности. В 1906-м году адмирал Роберт Е. Пири нашёл в северной части Гренландии самый крупный метеорит в мире, которому дал имя Анигито. Адмирал сумел определить его местонахождение, поскольку эскимосы той области пользовались железными наконечниками для копий холодной ковки, в которых Пири на основании анализа узнал материал метеорита. В конце концов он достал Анигито, с невероятными трудностями погрузив его на корабль. Оказавшаяся на борту масса железа сбила на корабле все компасы. Тем не менее, Пири сумел доставить его в американский Музей естественной истории в Нью-Йорке, где тот до сих пор выставлен в Зале метеоритов. Адмирал подробно изложил эту историю в своей книге "На север по Большому Льду". "Никогда я не получал такого ясного представления о силе гравитации до того, как мне пришлось иметь дело с этой горой железа", — отмечал Пири. Анигито настолько тяжёл, что покоится на шести массивных стальных колоннах, которые пронизывают пол выставочного зала метеоритов, проходят через фундамент и встроены в само скальное основание под зданием музея.

Дуглас Престон , Линкольн Чайлд , Линкольн Чайльд

Детективы / Триллер / Триллеры
Книга Балтиморов
Книга Балтиморов

После «Правды о деле Гарри Квеберта», выдержавшей тираж в несколько миллионов и принесшей автору Гран-при Французской академии и Гонкуровскую премию лицеистов, новый роман тридцатилетнего швейцарца Жоэля Диккера сразу занял верхние строчки в рейтингах продаж. В «Книге Балтиморов» Диккер вновь выводит на сцену героя своего нашумевшего бестселлера — молодого писателя Маркуса Гольдмана. В этой семейной саге с почти детективным сюжетом Маркус расследует тайны близких ему людей. С детства его восхищала богатая и успешная ветвь семейства Гольдманов из Балтимора. Сам он принадлежал к более скромным Гольдманам из Монклера, но подростком каждый год проводил каникулы в доме своего дяди, знаменитого балтиморского адвоката, вместе с двумя кузенами и девушкой, в которую все три мальчика были без памяти влюблены. Будущее виделось им в розовом свете, однако завязка страшной драмы была заложена в их историю с самого начала.

Жоэль Диккер

Детективы / Триллер / Современная русская и зарубежная проза / Прочие Детективы