Meriadoc et Peregrin, qui prirent la tête de leurs grandes familles, n’en maintinrent pas moins leurs relations avec le Rohan et le Gondor, aussi les bibliothèques de Fertébouc et de Tocquebourg renfermaient-elles bien des choses qui ne figuraient pas dans le Livre Rouge. À Castel Brandy se trouvaient de nombreux ouvrages consacrés à l’Eriador et à l’histoire du Rohan. Certains d’entre eux furent composés par Meriadoc lui-même ou commencés par celui-ci ; même si dans le Comté, on se souvenait surtout de lui pour son
Les livres conservés à Grands Smials, moins intéressants pour les habitants du Comté, revêtaient néanmoins une plus grande importance historique. Aucun d’entre eux n’était l’œuvre de Peregrin, mais lui et ses successeurs réunirent de nombreux manuscrits de la main des scribes du Gondor, surtout des copies ou des résumés de chroniques et de légendes se rapportant à Elendil et à ses héritiers. C’était le seul endroit du Comté où se trouvait une documentation substantielle concernant l’histoire de Númenor et la venue de Sauron. C’est probablement à Grands Smials que fut élaboré
1.
Comme l’indiquent les archives du Gondor, il s’agissait d’Argeleb II, le vingtième de la lignée du Nord, laquelle s’éteignit avec Arvedui trois cents ans plus tard.
2.
On peut donc, en ajoutant 1600 aux dates du Comput du Comté, obtenir les années du Troisième Âge selon le comput des Elfes et des Dúnedain.
3.
Voir l’Appendice B (années 1451, 1462, 1482) et la dernière note de l’Appendice C.
4.
Présenté dans l’Appendice B sous une forme très abrégée s’arrêtant à la fin du Troisième Âge.
LA FRATERNITÉ DE L’ANNEAU
LIVRE PREMIER
1Une fête très attendue
Quand M. Bilbo Bessac, de Cul-de-Sac, annonça qu’il célébrerait bientôt son onzante et unième anniversaire par une fête d’une magnificence exceptionnelle, il y eut force agitation et rumeurs à Hobbiteville.
Bilbo était très riche et très particulier, et il y avait soixante ans que le Comté s’étonnait de lui, depuis sa remarquable disparition et son retour inattendu. Les richesses qu’il avait rapportées de ses voyages étaient désormais une légende locale, et l’on croyait généralement, quoi qu’aient pu dire les aînés, que la Colline de Cul-de-Sac était criblée de tunnels bourrés de trésors. Et si cela ne suffisait pas à assurer sa notoriété, sa vigueur prolongée avait également de quoi surprendre. Le temps passait, mais semblait n’avoir que peu d’effet sur M. Bessac. À quatre-vingt-dix ans, il en paraissait encore cinquante. À quatre-vingt-dix-neuf ans, on commença à le qualifier de
« Il faudra en payer le prix, disait-on. Ce n’est pas naturel, et les ennuis viendront ! »
Mais jusque-là, les ennuis n’étaient pas venus ; et comme M. Bessac était prodigue de son argent, la plupart des gens lui pardonnaient volontiers ses excentricités et sa bonne fortune. Lui et sa parenté (sauf, bien sûr, les Bessac-Descarcelle) se voyaient encore régulièrement, et il comptait de nombreux et fervents admirateurs parmi les hobbits de familles pauvres et peu influentes. Mais il n’eut aucun ami proche – jusqu’à ce que certains de ses jeunes cousins parviennent au seuil de l’âge adulte.