L’aîné d’entre eux, et le favori de Bilbo, était le jeune Frodo Bessac. À quatre-vingt-dix-neuf ans, Bilbo adopta Frodo comme héritier, l’amenant vivre avec lui à Cul-de-Sac ; alors les espoirs des Bessac-Descarcelle furent définitivement anéantis. Bilbo et Frodo se trouvaient avoir le même anniversaire, le 22 septembre. « Tu ferais mieux de venir habiter ici, Frodo, mon garçon, dit un jour Bilbo ; comme ça, on pourra célébrer nos anniversaires ensemble et à notre aise. » À cette époque, Frodo était encore dans sa
Douze années encore s’écoulèrent. Chaque année à Cul-de-Sac, les Bessac donnaient de doubles fêtes d’anniversaire très animées ; mais cette fois-ci, on avait laissé entendre que quelque chose de tout à fait exceptionnel se préparait pour l’automne. Bilbo allait avoir
Les langues allèrent bon train à Hobbiteville et à Belleau ; et la rumeur de l’événement à venir se répandit dans tout le Comté. Les antécédents et le caractère de M. Bilbo Bessac redevinrent le sujet de conversation de l’heure ; et les plus âgés virent soudain leurs réminiscences faire l’objet d’une curiosité qu’ils voulurent bien satisfaire.
Personne n’eut d’auditoire plus attentif que le vieux Ham Gamgie, familièrement appelé l’Ancêtre. Il haranguait au
« C’est un véritable gentilhobbit que M. Bilbo, un bon monsieur avec une belle instruction, comme je l’ai toujours dit », déclara l’Ancêtre. Ce qui était parfaitement vrai ; car Bilbo était toujours très poli avec lui, l’appelait « maître Hamfast » et ne cessait de faire appel à ses lumières pour la culture des légumes : en matière de « racines », en particulier de pommes de terre, l’Ancêtre était reconnu comme l’autorité première par tous les gens du voisinage (lui-même y compris).
« Et ce Frodo qui vit avec lui ? demanda le Vieux Nouguier de Belleau. Il s’appelle Bessac, mais c’est plus qu’à moitié un Brandibouc, à ce qu’on dit. Je vois pas pourquoi un Bessac de Hobbiteville irait chercher épouse là-bas, dans le Pays-de-Bouc, où les gens sont si bizarres. »
« Pas étonnant qu’ils soient bizarres, fit remarquer Pépère Deuxpied (le voisin immédiat de l’Ancêtre), vu qu’ils vivent du mauvais côté du fleuve Brandivin, et à deux pas de la Vieille Forêt. Cet endroit-là est malsain, si on se fie à la moitié de ce qu’on raconte. »
« T’as raison, Pépé ! dit l’Ancêtre. Non que les Brandibouc du Pays-de-Bouc vivent
« Néyé ? » firent plusieurs voix. Ce n’était pas la première fois, bien entendu, qu’ils entendaient parler de cette histoire, ni d’autres rumeurs plus sombres encore ; mais les hobbits sont des passionnés d’histoire familiale, et ils étaient prêts à l’entendre encore.
« Eh bien, c’est ce qu’on raconte, dit l’Ancêtre. Voyez-vous, M. Drogo, il a épousé cette pauvre mam’zelle Primula Brandibouc. C’était la cousine germaine de notre M. Bilbo du côté maternel (sa mère étant la plus jeune des filles du Vieux Touc) ; et M. Drogo était son cousin issu de germain. Donc, M. Frodo est son cousin germain