Читаем La fraternité de l'anneau полностью

« Il s’est tout de suite senti mieux, dit Gandalf. Mais il n’y a en ce monde qu’un seul Pouvoir qui sache tout sur les Anneaux et leurs effets ; et à ma connaissance, il n’est même pas un seul Pouvoir qui sache tout des hobbits. Parmi les Sages, je suis le seul qui s’intéresse à la science des hobbits : c’est une branche de la connaissance très peu explorée, mais pleine de surprises. Tantôt, ils sont mous comme du beurre, et tantôt coriaces comme de vieilles souches. J’ai idée que certains pourraient résister bien plus longtemps aux Anneaux que la plupart des Sages ne le croiraient. Je ne pense pas qu’il faille vous inquiéter pour Bilbo.

« Bien sûr, il a possédé l’anneau pendant de nombreuses années, et s’en est servi, alors il faudra peut-être du temps pour que son influence disparaisse – pour que Bilbo soit en mesure de le revoir sans que ce soit dangereux pour lui, par exemple. Il peut très bien, par ailleurs, continuer à vivre pendant des années, parfaitement heureux : exactement comme il était quand il s’est départi de l’anneau. Car il y a renoncé de son plein gré : c’est un point important. Non, j’ai cessé de me tracasser pour ce cher Bilbo, après qu’il s’en fut débarrassé. C’est envers vous que je me sens une responsabilité.

« Depuis le départ de Bilbo, je n’ai jamais cessé de m’inquiéter pour vous – et pour tous ces charmants hobbits, insensés, sans défense. Ce serait une perte cruelle pour le monde si le Pouvoir Sombre conquérait le Comté ; si tous ces gentils et stupides Bolgeurre, Sonnecornet, Boffine et autres joyeux Serreceinture, sans oublier les ridicules Bessac, étaient réduits en esclavage. »

Frodo frissonna. « Mais pourquoi le serions-nous ? Et à quoi lui serviraient de pareils esclaves ? »

« À vrai dire, répondit Gandalf, je crois que jusqu’ici – jusqu’ici, remarquez –, l’existence des hobbits lui a complètement échappé. Vous devriez en être reconnaissants. Toutefois, vous n’êtes plus en sécurité. Il n’a pas besoin de vous – il a bien d’autres serviteurs autrement plus utiles –, mais il ne vous oubliera plus, à présent. Et des hobbits rabaissés au rang de misérables esclaves lui plairaient bien davantage que des hobbits heureux et libres. La méchanceté et la vengeance sont des choses qui existent. »

« La vengeance ? La vengeance de quoi ? Je ne comprends toujours pas en quoi tout cela concerne Bilbo ou moi, ou notre anneau. »

« Cela vous concerne au plus haut point, dit Gandalf. Vous n’êtes pas encore conscient du véritable danger ; mais vous le serez forcément bientôt. Je n’en étais pas moi-même complètement sûr, la dernière fois que je me suis trouvé ici ; mais il est temps de parler plus clairement. Donnez-moi l’anneau un moment. »

Frodo sortit l’anneau de la poche de sa culotte : il pendait au bout d’une chaîne accrochée à sa ceinture. Frodo le détacha et le tendit lentement au magicien. Il lui parut soudain très lourd, comme si l’anneau, ou Frodo lui-même, hésitait à laisser Gandalf le toucher.

Gandalf le tint en l’air. Il semblait fait d’or pur et massif. « Y voyez-vous quelque inscription ? » demanda-t-il.

« Non, dit Frodo. Il n’y en a aucune. Il est tout à fait uniforme, et on n’y voit jamais une égratignure, ni aucune marque d’usure. »

« Eh bien, regardez ! » À la stupéfaction de Frodo et à son grand désarroi, le magicien jeta soudain l’anneau au milieu des braises. Frodo poussa un cri et se rua vers les pincettes ; mais Gandalf le retint.

« Attendez ! » dit-il d’un ton impérieux, lançant un rapide coup d’œil à Frodo sous des sourcils hérissés.

Aucun changement apparent ne se produisit sur l’anneau. Au bout d’un moment, Gandalf se leva, referma les volets extérieurs et tira les rideaux. La pièce devint sombre et silencieuse, quoique le claquement des cisailles de Sam, qui s’étaient rapprochées des fenêtres, leur parvînt faiblement du jardin. Pendant un instant, le magicien resta à observer le feu ; puis il se pencha, et, à l’aide des pincettes, ramena l’anneau sur le devant de l’âtre et le ramassa sans attendre. Frodo étouffa un cri.

« Il est tout à fait froid, dit Gandalf. Prenez-le ! » Frodo le reçut dans sa main crispée : il semblait plus dense et plus lourd que jamais.

« Élevez-le ! dit Gandalf. Et regardez-y de plus près ! »

Ce faisant, Frodo vit alors des lignes très fines, plus fines qu’aucun trait de plume, courant tout autour de l’anneau, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur : des traits flamboyants qui semblaient former les lettres d’une écriture très fluide. Ils brillaient d’un éclat perçant, et pourtant lointain, comme s’ils émanaient d’une grande profondeur.










« Je ne peux lire les lettres de feu », dit Frodo d’une voix tremblotante.

« Non, dit Gandalf, mais moi, si. Ces lettres sont de l’elfique, d’un mode ancien, mais la langue est celle du Mordor, que je ne prononcerai pas ici. Voici cependant ce qui est dit, à peu de chose près, dans la langue commune :





Un Anneau pour les dominer tous, Un Anneau pour les trouver,

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Кирилл Сергеевич Клеванский

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