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Bien peu de ces choses parvenaient aux oreilles des hobbits ordinaires, évidemment. Mais même les plus sourds et les plus casaniers commencèrent à entendre d’étranges histoires ; et ceux qui avaient affaire tout près des frontières étaient témoins de choses bizarres. La conversation entendue au Dragon Vert de Belleau, un soir de printemps, l’année où Frodo eut cinquante ans, montrait que, même au cœur du tranquille Comté, on avait eu vent de rumeurs, quoique tournées en ridicule par la plupart des hobbits.

Sam Gamgie était assis dans un coin de l’auberge, près du feu, et face à lui se trouvait Ted Sablonnier, le fils du meunier. Divers autres campagnards prêtaient une oreille attentive à leur discussion.

« Y a de ces choses bizarres qu’on entend ces jours-ci, assurément », dit Sam.

« Entend qui veut bien écouter, dit Ted. Mais des contes pour enfants et des histoires qu’on raconte au coin du feu, je peux en entendre chez moi, si je veux. »

« Ça j’en doute pas, répliqua Sam, et je gage qu’il y en a qui sont plus vrais que tu l’imagines. Mais qui les a inventées, ces histoires ? Prends les dragons, par exemple. »

« Non merci, dit Ted. J’ai entendu bien des choses sur eux quand j’étais gamin, mais y a pas de raison d’y croire maintenant. Y a qu’un seul Dragon à Belleau, et il est Vert ! » dit-il, provoquant l’hilarité générale.

« D’accord, dit Sam, riant avec les autres. Mais qu’est-ce que tu penses de ces Hommes-arbres, ces géants, qu’on pourrait dire ? J’en connais qui disent qu’ils en ont vu un y a pas si longtemps, plus gros qu’un arbre, à l’autre bout des Landes du Nord. »

« Qui ça, ils ? »

« Mon cousin Hal, pour commencer. Il travaille pour M. Boffine à Suscolline, et il monte souvent dans le Quartier Nord pour la chasse. Il en a vu un. »

« C’est ce qu’il dit. Ton Hal dit tout le temps qu’il a vu des choses ; peut-être qu’il voit des choses qui sont pas vraiment là. »

« Mais ç’ui-là était grand comme un orme, et il marchait – il faisait vingt pieds à chaque pas, si c’était un pouce. »

« Alors je parie que c’était même pas un pouce. Ce qu’il a vu était un orme, si ça se trouve. »

« Mais celui-là marchait, je te dis ; et y a pas d’ormes sur les Landes du Nord. »

« Alors ton Hal a pas pu en voir un », dit Ted. Il y eut des rires et des applaudissements : l’assistance semblait penser que Ted venait de marquer un point.

« Quand même, dit Sam, notre Halfast est pas le seul à avoir vu des gens bizarres traverser le Comté. J’ai dit traverser, remarque : y en a d’autres qui sont refoulés à la frontière. Les Garde-frontières ont jamais été aussi occupés.

« Et j’ai entendu dire que les Elfes se déplacent vers l’ouest. Y en a qui disent qu’ils s’en vont là-bas aux ports, de l’autre côté des Tours Blanches. » Sam agita le bras d’un geste vague : ni lui ni aucun d’entre eux ne savaient à quelle distance se trouvait la Mer, au-delà des vieilles tours qui bordaient le Comté à l’ouest. Mais c’était là que se trouvaient, selon une vieille tradition, les Havres Gris d’où partaient à l’occasion des navires elfiques, pour ne plus jamais revenir.

« Ils voguent, voguent, voguent sur la Mer, ils s’en vont dans l’Ouest et nous quittent », dit Sam, chantonnant à moitié, secouant la tête avec gravité et tristesse. Mais Ted rit.

« Eh bien, c’est pas nouveau, si on en croit les vieux contes. Et je vois pas ce que ça change pour toi ou moi. Qu’ils voguent ! Mais je gage que tu les as jamais vus faire, ni personne d’autre dans le Comté. »

« Eh bien, j’en sais trop rien », dit Sam d’un air songeur. Il croyait avoir aperçu un Elfe une fois, dans les bois, et il espérait un jour en voir d’autres. De toutes les légendes qu’il avait entendues dans son enfance, les bribes de contes et d’histoires sur les Elfes dont les hobbits pouvaient encore se souvenir l’avaient toujours le plus ému. « Il y en a même ici qui connaissent les Belles Gens et qui en ont des nouvelles, dit-il. Il y a M. Bessac, par exemple, pour qui je travaille. Il m’a dit qu’ils prenaient la mer, et il en connaît un bout sur les Elfes. Et le vieux M. Bilbo en savait encore plus long : eh ! que j’en ai eu des discussions avec lui quand j’étais petit. »

« Ouais, ils sont tous les deux fêlés, dit Ted. Ou plutôt, le vieux Bilbo était fêlé, et Frodo est proche de l’être. Si c’est de là que tu tiens tes nouvelles, tu seras jamais à court de sornettes. Sur ce, mes amis, je rentre chez moi. À votre santé ! » Il vida sa chope et sortit bruyamment.

Sam resta assis en silence et ne dit plus rien. Il avait ample matière à réflexion. Pour commencer, il y avait beaucoup à faire là-haut, dans le jardin de Cul-de-Sac, et une longue journée l’attendait demain si le temps s’éclaircissait. L’herbe poussait rapidement. Mais le jardinage n’était pas sa seule préoccupation. Au bout d’un moment, il se leva en soupirant et sortit.

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