Un flot de lumière violente balaya les ténèbres. La
La
— L’affreuse tragédie ! murmura d’une voix étranglée le biologiste Eon Tal, en notant les dernières données de la station. Ils se sont tués eux-mêmes en détruisant tout sur leur planète !
— Pas possible ? demanda Niza en refoulant ses larmes. C’est donc ça ? L’ionisation n’est pourtant pas si forte ...
— Des années ont passé depuis, répondit le biologiste d’une voix morne. Son visage caucasien, au nez busqué, viril malgré sa jeunesse, s’était rembruni. Cette désintégration radio-active est précisément dangereuse parce qu’elle progresse imperceptiblement. La quantité d’émanation a augmenté sans doute au cours des siècles, kor par kor7, comme nous appelons les biodoses8 radio-actives, puis tout à coup, il y a eu un bond qualitatif. Et voilà l’hérédité décomposée, la stérilité, les lésions épidermiques par radio-activité ... Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Le Grand Anneau a connu de ces catastrophes ...
— Par exemple, ce qu’on appelle la « planète du soleil violet », fit derrière eux la voix d’Erg Noor.
— Le plus tragique, remarqua le sombre Pour Hiss, c’est que son soleil bizarre, 78 fois plus lumineux que les nôtres et de classe spectrale A-zéro, assurait aux habitants une énergie très élevée ...
— Où est-elle, cette planète ? s’informa Eon Tal. N’est-ce pas celle que le Conseil se propose de peupler ?
— Mais oui, c’est en son honneur qu’on a baptisé
— L’étoile
— Quarante-six parsecs. Mais nous construisons des astronefs de plus en plus perfectionnés ...
Le biologiste hocha la tête et marmonna qu’on avait eu tort de donner à un astronef le nom d’une planète disparue.
— L’étoile existe toujours, et la planète aussi. Avant un siècle, nous l’aurons couverte de plantes et peuplée, affirma Erg Noor.
Il s’était résolu à une manœuvre difficile, qui consistait à changer le chemin orbital du vaisseau et, de latitudinal qu’il était, le rendre longitudinal, c’est-à-dire le situer dans le plan de l’axe de rotation de Zirda. Gomment quitter la planète sans avoir la certitude que tous étaient morts ? Peut-être que les survivants ne pouvaient appeler à l’aide parce que les centrales énergétiques étaient détruites et les appareils abîmés ?
Ce n’était pas la première fois que Niza voyait le chef au tableau du bord à un moment critique. Le visage impénétrable, le geste brusque et précis, Erg Noor lui semblait un héros légendaire.
De nouveau l’astronef faisait le tour de Zirda, mais d’un pôle à l’autre. Çà et là, surtout aux latitudes moyennes, apparaissaient de vastes zones de sol dénudé. Un brouillard jaune y flottait, à travers lequel on entrevoyait de hautes dunes de sable rouge, échevelées par le vent ...
Plus loin, c’étaient encore les suaires de pavots noirs, les seules plantes qui eussent résisté à la radio-activité ou donné sous son influence une mutation viable.