Читаем La planète des singes полностью

Il ne fut pas long à découvrir l’existence de quatre planètes, dont il détermina rapidement les dimensions, et les distances à l’astre central. L’une d’elles, la deuxième à partir de Bételgeuse, se mouvait sur une trajectoire voisine de la nôtre. Elle avait à peu près le volume de la Terre ; elle possédait une atmosphère contenant oxygène et azote ; elle tournait autour de Bételgeuse à une distance égale à trente fois environ celle de la Terre au Soleil, en recevant un rayonnement comparable à celui que capte notre planète, grâce à la taille de la supergéante et compte tenu de sa température relativement basse.

Nous décidâmes de la prendre comme premier objectif. De nouvelles instructions ayant été données aux robots, notre vaisseau fut très vite satellisé autour d’elle. Alors, les moteurs arrêtés, nous observâmes à loisir ce nouveau monde. Le télescope nous y montra des mers et des continents.

Le vaisseau se prêtait mal à un atterrissage ; mais le cas était prévu. Nous disposions de trois engins à fusée, beaucoup plus petits, que nous appelions des chaloupes. C’est dans l’un d’eux que nous prîmes place, emportant quelques appareils de mesure et emmenant avec nous Hector, le chimpanzé, qui disposait comme nous d’un scaphandre et avait été habitué à s’en accommoder. Quant à notre navire, nous le laissâmes simplement graviter autour de la planète. Il était là plus en sécurité qu’un paquebot à l’ancre dans un port et nous savions qu’il ne dériverait pas d’une ligne de son orbite.

Aborder une planète de cette nature était une manoeuvre facile avec notre chaloupe. Dès que nous eûmes pénétré dans les couches denses de l’atmosphère, le professeur Antelle préleva des échantillons de l’air extérieur et les analysa. Il leur trouva la même composition que sur la Terre, à une altitude correspondante. Je n’eus guère le temps de réfléchir à cette miraculeuse coïncidence, car le sol approchait rapidement ; nous n’en étions plus qu’à quelque cinquante kilomètres. Les robots effectuant toutes les opérations, je n’avais rien d’autre à faire que coller mon visage au hublot et regarder monter vers moi ce monde inconnu, le coeur enflammé par l’exaltation de la découverte.

La planète ressemblait étrangement à la Terre. Cette impression s’accentuait à chaque seconde. Je distinguais maintenant à l’oeil nu le contour des continents. L’atmosphère était claire, légèrement colorée d’une teinte vert pâle, tirant par moments sur l’orangé, un peu comme dans notre ciel de Provence au soleil couchant. L’océan était d’un bleu léger, avec également des nuances vertes. Le dessin des côtes était très différent de tout ce que j’avais vu chez nous, quoique mon oeil enfiévré, suggestionné par tant d’analogies, s’obstinât follement à découvrir là aussi des similitudes. Mais la ressemblance s’arrêtait là. Rien, dans la géographie, ne rappelait notre ancien ni notre nouveau continent.

Rien ? Allons donc ! L’essentiel, au contraire ! La planète était habitée. Nous survolions une ville ; une ville assez grande, d’où rayonnaient des routes bordées d’arbres, sur lesquelles circulaient des véhicules. J’eus le temps d’en distinguer l’architecture générale : de larges rues ; des maisons blanches, avec de longues arêtes rectilignes.

Mais nous devions atterrir bien loin de là. Notre course nous entraîna d’abord au-dessus de champs cultivés, puis d’une forêt épaisse, de teinte rousse, qui rappelait notre jungle équatoriale. Nous étions maintenant à très basse altitude. Nous aperçûmes une clairière d’assez grandes dimensions, qui occupait le sommet d’un plateau, alors que le relief environnant était assez tourmenté. Notre chef décida de tenter l’aventure et donna ses derniers ordres aux robots. Un système de rétrofusées entra en action. Nous fûmes immobilisés quelques instants au-dessus de la clairière, comme une mouette guettant un poisson.

Ensuite, deux années après avoir quitté notre Terre, nous descendîmes très doucement et nous nous posâmes sans heurt au centre du plateau, sur une herbe verte qui rappelait celle de nos prairies normandes.

IV

Nous restâmes un assez long moment immobiles et silencieux, après avoir pris contact avec le sol. Peut-être cette attitude paraîtra-t-elle surprenante, mais nous éprouvions le besoin de nous recueillir et de concentrer notre énergie. Nous étions plongés dans une aventure mille fois plus extraordinaire que celle des premiers navigateurs terrestres et nous préparions notre esprit à affronter les étrangetés qui ont traversé l’imagination de plusieurs générations de poètes à propos des expéditions transsidérales.

Pour le présent, en fait de merveilles, nous nous étions posés sans à-coup sur l’herbe d’une planète qui contenait, comme la nôtre, des océans, des montagnes, des forêts, des cultures, des villes et certainement des habitants. Nous devions, cependant, nous trouver assez loin des pays civilisés, étant donné l’étendue de jungle survolée avant de toucher le sol.

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