Читаем Le coup du père François полностью

Elle touche le biberon pour s'assurer qu'il est à point. Il ne doit pas l'être car elle le replonge dans la casserole d'eau bouillante.

— Drôle de maison, murmure-t-elle. Elle est pratiquement vide.

— Ah oui ?

— J'ai l'impression qu'excepté l'enfant, il n'y a que deux hommes ici pour le moment.

— Sans blague ?

— Sans blague !

— Je peux vous assurer qu'une autre personne s'y trouve : je viens de l'apercevoir à une fenêtre du premier étage : une belle femme blonde à l'air triste.

— C'est peut-être la maman du bébé ?

— Peut-être.

— Vous avez vu le consul ? demanda-t-elle.

— Non, et vous ?

— Non plus.

Elle me file un très mignon sourire aussi chargé de promesses qu'un bulletin électoral et se barre avec- le biberon.

Je reste seul. J'ouvre les quelques placards aux portes disjointes et je découvre des provisions en assez grosse quantité. Ça paraît manquer de personnel dans le coin. Pas une cuisinière en vue, pas une femme de chambre, pas la moindre bonniche, pas même une rombière pour passer l'aspirateur.

Il y a le costaud qui m'a ouvert, le secrétaire blême et endeuillé, le bébé, la femme blonde… Plus une nurse et un chauffeur fraîchement engagés… C'est pas pour vouloir jouer les Sherlock, mais je trouve cette histoire farfelue. Dans cette crèche délabrée et suintante d'humidité, engager nurse et chauffeur alors qu'il n'y a pas d'autre personnel me paraît relever de la plus large fantaisie.

J'attends un moment dans la cuisine. Mais je ne suis pas le genre de zigoto qui prend racine et au bout de cinq minutes, je pars en expédition dans la taule.

CHAPITRE XIV

Une salle à manger immense avec des lambris et un plaftard à la française ; un salon plus vaste encore dont les moulures de plâtre partent en brioche, et puis un bureau qui sent le bois moisi.

Voilà pour le rez-de-chaussée. Les meubles sont vieux, laids et boiteux. Il y a des housses sur certains sièges. Les persiennes de fer sont fermées et il doit être duraille de les ouvrir because la rouille. M'est avis que Son Excellence ne doit pas donner souvent des bals masqués dans sa demeure.

C'est le château de la Choucarde au Bois pionçant, ma parole ! L'odeur des maisons inhabitées est très particulière. Celle-ci sent plus que l'inhabité : elle sent l'abandonné ! On a envie d'inviter trois bulldozers à faire une partie de cache-cache dans la taule.

Je me retrouve dans le hall, louchant en direction de l'escadrin. Ma valise s'y trouve encore, car Wadonk Hétaurdu ne m'a pas encore indiqué ma chambre.

Que faire ? Attendre ou poursuivre mon exploration ?

Je me hasarde dans l'escalier. Le premier étage n'a pas la triste odeur du bas. Il est plus humain : on y devine des présences. Un bébé pleurniche quelque part. Je tourne l'angle du couloir et j'avise mon pote le gorille assis sur un vieux canapé délabré. Il lit un baveux alabanien. A mon arrivée, il abaisse son journal et me foudroie d'un regard féroce.

— Que voulez-vous ?

— Du travail, réponds-je. J'ai fini de laver la 404 et j'aimerais savoir ce que je dois faire.

— Descendez, on va vous le dire.

Que fait-il dans ce couloir, le musculeux bonhomme ? On dirait qu'il surveille quelqu'un. Mais qui ? La nouvelle nurse ? Ou bien la jeune femme blonde ?

Je redescends lentement. Les pleurs de ce bébé dans la baraque vétuste me font un drôle d'effet. L'ambiance a je ne sais quoi de déprimant, d'angoissant, d'un peu funèbre…

Je préfère me baguenauder dans le parc. Il fait un temps d'Ile de France, doux et gris. Le ciel léger s'écoule à gros flocons mus par le vent d'ouest. Je retourne vers le pignon où se trouve la fenêtre de la femme blonde. Celle-ci a quitté son poste d'observation. Je l'entends parler avec quelqu'un. Elle s'exprime avec véhémence, en alabanien. Et puis une porte claque. Le silence revient, uni comme une eau morte, perfide, terrible !

Heureusement que la petite Claire est dans ces murs. Elle, au moins, est vivante.

Wadonk Hétaurdu surgit sur le perron. Il fait claquer ses doigts pour m'ordonner de le rejoindre.

— Vous allez partir avec la nurse et l'enfant, m'enjoint-il.

Il tire de sa poche un morceau de papier.

— Vous vous rendrez à cette adresse et vous y déposerez la nurse et le petit. Vous passerez la nuit où bon vous semblera et vous serez là demain en fin d'après-midi, disons vers dix-neuf heures.

Je chique au gars intéressé par ces courtes mais immédiates vacances.

— Monsieur, bredouillé-je, je m'excuse, mais si vous pouviez m'avancer une centaine de francs sur mon mois, cela m'arrangerait, je… heu… Vous comprenez ?

Ce sont ces petits détails qui font vrai. Si Wadonk Hétaurdu nourrissait encore quelques doutes à mon sujet, ceux-ci viennent de se volatiliser. Il sort son portefeuille et me tend un bifton.

— Merci beaucoup, Monsieur, fais-je.

— Autre chose, coupe-t-il. Demain soyez en grande livrée, Son Excellence se rendra à une réception officielle.

Je me découvre.

— Parfaitement, Monsieur.

— C'est bon, allez aider la nurse.

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