Читаем Le Grec полностью

« Allô Jack?… Demain, dès l'ouverture, je veux que vous vendiez toutes les actions… oui! Je dis bien toutes!… que je possède dans les sociétés de mon beau-frère! Alertez immédiatement mes bureaux de Londres, Tokio, Athènes, New York, Stockholm!… Passez votre nuit à dresser un bilan complet et prévenez mes agents de change! Il faut que tout soit terminé à midi!… Ne discutez pas! Ne cherchez pas à comprendre!… Exécutez! Je vous rappelle dans une heure! »

Il raccrocha, coupant court aux questions angoissées de son fondé de pouvoir qui devait se demander s'il n'avait pas perdu la tête. Il savait aussi bien que lui qu'une telle masse de valeurs brusquement mises à l'encan sur le marché mondial allait mettre la puce à l'oreille des financiers. Mais quoi? Est-ce qu'il était devenu milliardaire sans prendre de risques?

Alors que la Bentley traversait l'horrible banlieue parisienne comme une flèche, il éclata de rire à une pensée saugrenue : vivant, le Grec lui avait toujours mis des bâtons dans les roues. Mort, il allait lui permettre de doubler son capital. Honnêtement, dans des conditions pareilles, comment le regretter?


Paris, dix heures du matin, quartier de l'Opéra. Conférence. Dans la salle de rédaction, les chefs de service du département news. Au menu, les informations qui seront diffusées au bulletin de midi. Problème : faut-il, oui ou non, annoncer la mort de l'armateur Satrapoulos, qui n'est pas encore officielle mais dont la rumeur a eu pour effet immédiat de bloquer tous les cours de la Bourse internationale?

« Qui est sur place? », demande agressivement Antoine Vitaly, le rédacteur en chef.

Le petit Max Frey, très vieux dans le métier mais nouveau dans la maison, est chef des informations depuis quinze jours — on l'a récupéré dans un grand quotidien où il était l'adjoint du directeur avant de se fâcher avec lui pour une ridicule affaire de femme, celle du directeur précisément —, le petit Max Frey donc, veut montrer qu'il est à la hauteur, que rien ne lui échappe. Il dit, très pète-sec :

« Jolivet et Duruy. Ils sont en planque dans la voiture.

— Appelle-les! »

Frey s'empare d'un téléphone dans un silence inquiétant. Personne ne pipe. L'affaire est d'importance. Depuis deux heures, on s'affaire aux archives pour retrouver les documents sonores concernant la vie du Grec. Dans une autre salle de montage, on coupe et on recolle des fragments de bandes. Une fois assemblés, ils donneront cohérence, rigueur et apparence de construction à ce qui n'était que des lambeaux d'existence, des bruits de la vie.

Vitaly lance :

« Où en est le montage?

— Ils y travaillent », répond une voix.

Tout en composant son numéro — il ne l'a pas eu la première fois — Frey ne peut s'empêcher de ricaner : chez lui, dans son quotidien, il y a belle lurette que le dossier de Satrapoulos est prêt, et celui de Chevalier, et de De Gaulle, et de Piaf. Les clients n'ont plus qu'à mourir, la une est déjà composée en caractères gras, il n'y aura qu'à ajouter la date. Semaine après semaine, on les tient à jour. Au marbre des archives, en réserve, il y a ainsi une centaine de unes toutes prêtes, titrées sur cinq colonnes : MORT D'UN TEL… On les ressort de temps en temps, quand la santé de l'intéressé décline. Malheureusement, ce n'est pas tous les jours fête, ils ne meurent pas tous les matins, on doit se contenter d'un assassinat au rabais monté en épingle, d'un renversement de cabinet, voire, les jours de grande vache maigre, des caprices de la météorologie, cette mamelle de l'information en période de disette. Curieux qu'ils se laissent prendre de court, à la radio…

« C'est toi, Jolivet? »

Frey bouche de sa main le bas de l'appareil et lance à la cantonade :

« C'est Duruy! »

Vitaly s'énerve :

« Je m'en fous, que ce soit l'un ou l'autre! Il est mort, oui ou merde? »

Frey crache en écho, pour Duruy :

« Alors?… Il est mort, oui ou… (il est depuis trop peu de temps dans la maison, il n'ose pas encore dire merde à son subordonné)… Oui ou non? »

Il écoute la réponse, tendu.

Aux autres :

« Il n'en sait rien, il pense que oui… »

Vitaly arrache le téléphone des mains de Frey :

« Qu'est-ce que c'est que ces conneries? Qu'est-ce que vous foutez là-bas tous les deux? »

Tout en prêtant l'oreille aux explications du reporter, il dessine sur son bloc des petits phallus dotés d'ailes d'anges. Au bout d'un moment, il laisse tomber :

« Ça va! Revenez, on vous attend! »

Aux autres :

« Toute la baraque est sens dessus dessous. Ils ont vu une infirmière et un secrétaire. Pas un n'a voulu l'ouvrir. Le secrétaire a dit à Jolivet qu'il ferait une déclaration officielle à quatorze heures. Qu'est-ce qu'on fait, on attend?

— Et si on se fait griller?

— Balançons! On n'a qu'à annoncer le scoop en employant le conditionnel.

— Et le pope? lance quelqu'un…

— Il a débloqué pendant dix minutes. En grec. Qui parle grec ici?

— Personne.

— Bravo! »

Vitaly calme tout le monde de la main. Il parle :

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