Читаем Le Grec полностью

Au-delà de la guerre froide que s'y jouaient Soviétiques et Américains, il voyait plus loin encore, sachant parfaitement qu'un jour ou l'autre le pétrole appartiendrait à ceux qui l'avaient sous les pieds. Or, Socrate, bien que Grec de cœur et d'esprit, se sentait citoyen du monde en affaires. A ses yeux, un juif, un Arabe ou même un Turc n'avaient qu'une valeur, celle du marché qu'ils détenaient. A un reporter qui lui demandait : « Quel est le pays que vous préférez? » il avait répondu : « Celui qui me met le plus à l'abri des taxes et des restrictions commerciales. Bref, un pays qui a le sens des affaires. »

Seulement, en aidant à mort Hadj Thami el-Sadek, il s'était engagé davantage qu'il n'aurait voulu, malgré les bénéfices énormes que lui avait valu cette alliance. Le cartel des grandes compagnies l'accusait de « trahison » — quelle trahison lorsqu'il s'agissait d'argent? — les Russes se méfiaient de sa puissance, les Américains avaient juré de le couler, ses ex-beau-frère et belle-mère, Kallenberg et Médée Mikolofides, lui tiraient dans les pattes, et l'émir, qu'il avait surtout cru intéressé par l'appât du gain, se prenait au sérieux dans son rôle de leader politique. Dans tout le Proche-Orient, on l'avait baptisé « le Grand Conciliateur » : les Arabes ont de ces métaphores!… Hélas! ce qu'avait prévu le Grec prenait forme dans la tête de l'émir qui avait adopté le slogan : « Le pétrole arabe aux Arabes. » Malheureusement, pour réaliser ce superbe projet, il ne s'y prenait pas du tout de la façon escomptée par le Grec. Le vieux bouc avait fini par comprendre qu'il pouvait couper le robinet de l'Europe par un moyen très simple : suspendre l'exploitation des puits jusqu'à ce que les chefs d'État crient grâce. Le pétrole était très bien là où il était, il ne s'envolerait pas! Pendant ce temps, les Occidentaux consommeraient leurs stocks et tireraient la langue pour faire rouler leurs voitures et voler leurs avions. Pendant la guerre des Six Jours, on avait eu un aperçu des conséquences du blocage : des millions d'automobilistes faisant la queue dans les stations-service, suppliant leurs pompistes de leur vendre au noir quelques litres de carburant.

Quant à la mise en exploitation de nouveaux gisements en mer du Nord ou en Alaska — qui n'était pas pour demain! — elle ferait faire un nouveau bond aux prix de l'or noir. Désormais, el-Sadek n'était plus le loup fanatique, solitaire et craintif de ses débuts. Une cohorte d'universitaires arabes, entraînés aux méandres du droit international dans les meilleures facultés d'Europe et des États-Unis, abondaient dans son sens, arguant que le meilleur placement du monde était de laisser dormir le brut sous le sable où personne ne pourrait venir le chercher. Ils étaient persuadés que bientôt, de gré ou de force, ils réussiraient à éliminer définitivement les grandes compagnies qui avaient mis en valeur les gisements de leur propre sol. Pour l'instant, ce vaste programme était trop prématuré pour convenir au Grec : que transporteraient ses navires si les puits fermaient? Des poupées? Il en était arrivé au point où l'argent lui-même n'avait plus tellement d'importance. Fayçal d'Arabie encaissait en moyenne un milliard de dollars par an, versés sous forme de redevances par les compagnies. Ses pairs, les émirs de l'Arabie Saoudite, étaient à peine moins bien lotis.

Quand ils avaient été saturés de Cadillac en or massif et de Rolls-Royce qui roulaient sur des routes de dix kilomètres ne menant nulle part — surgissant du sable, elles s'évanouissaient dans le sable — quand ils furent repus des palais en marbre dallés de mosaïques d'or et peuplés de Nordiques grasses et blondes, quand ils eurent entassé dans de véritables cavernes d'Ali-Baba des tonnes et des tonnes de lingots précieux, vint le jour où ils furent étouffés par leur propre richesse, ne pouvant plus dépenser le centième de ce qu'ils percevaient.

Ils avaient alors continué ce que le Grec avait esquissé pour eux quelques années plus tôt, former des régiments dotés des armes les plus perfectionnées, fusées sol-sol et avions de chasse que les Russes s'étaient fait un plaisir de leur apprendre à piloter. El-Sadek, chef d'orchestre de ce mouvement d'émancipation, touchait sa dîme sur toutes les transactions de cet énorme échange économique : aujourd'hui, cela ne lui suffisait plus. Il voulait avoir l'Occident à ses pieds, le rationner si bon lui semblait, ou lui couper totalement les vivres s'il était mécontent.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Оптимистка (ЛП)
Оптимистка (ЛП)

Секреты. Они есть у каждого. Большие и маленькие. Иногда раскрытие секретов исцеляет, А иногда губит. Жизнь Кейт Седжвик никак нельзя назвать обычной. Она пережила тяжелые испытания и трагедию, но не смотря на это сохранила веселость и жизнерадостность. (Вот почему лучший друг Гас называет ее Оптимисткой). Кейт - волевая, забавная, умная и музыкально одаренная девушка. Она никогда не верила в любовь. Поэтому, когда Кейт покидает Сан Диего для учебы в колледже, в маленьком городке Грант в Миннесоте, меньше всего она ожидает влюбиться в Келлера Бэнкса. Их тянет друг к другу. Но у обоих есть причины сопротивляться этому. У обоих есть секреты. Иногда раскрытие секретов исцеляет, А иногда губит.

Ким Холден , КНИГОЗАВИСИМЫЕ Группа , Холден Ким

Современные любовные романы / Проза / Современная русская и зарубежная проза / Современная проза / Романы