À la mort du roi Telemnar, l’Arbre Blanc de Minas Anor se fana également et mourut. Mais Tarondor, son neveu et son successeur, replanta un semis dans la Citadelle. Ce fut sous son règne que la maison du Roi se transporta définitivement à Minas Anor, car Osgiliath était en partie déserte et de plus en plus délabrée. Ceux qui, pour fuir la peste, s’étaient établis en Ithilien ou dans les vaux de l’ouest étaient peu nombreux à vouloir y retourner.
Tarondor, couronné fort jeune, connut le plus long règne de tous les Rois du Gondor ; mais il ne parvint guère qu’à réorganiser l’intérieur du royaume et à rebâtir lentement sa puissance. Mais son fils Telumehtar, se rappelant la mort de Minardil, et déplorant l’insolence des Corsaires, rassembla ses forces et se lança à l’assaut d’Umbar en 1810. Les derniers descendants de Castamir périrent dans cette guerre, et Umbar retourna un temps en possession des rois. Telumehtar adjoignit alors à son nom le titre d’Umbardacil. Mais les nouveaux malheurs qui affligèrent bientôt le Gondor lui ravirent Umbar une fois de plus, et il tomba aux mains des Hommes du Harad.
La troisième calamité fut l’invasion des Chariotiers, qui engloutit la puissance déclinante du Gondor dans des guerres qui s’étalèrent sur près de cent ans. Les Chariotiers étaient un peuple, ou une confédération de peuples, originaire de l’Est ; mais ils étaient plus forts et mieux armés qu’aucun de ceux rencontrés jusque-là. Ils voyageaient dans de grandes voitures, et leurs chefs se battaient dans des chars. Soulevés, comme on le vit plus tard, par les émissaires de Sauron, ils lancèrent un soudain assaut contre le Gondor, et le roi Narmacil II mourut en les combattant au-delà de l’Anduin en 1856. Les gens de l’est et du sud du Rhovanion furent réduits en esclavage, et les frontières du Gondor ramenées à la hauteur de l’Anduin et des Emyn Muil, tant que dura cette occupation. [On croit qu’à cette époque, les Spectres de l’Anneau entrèrent de nouveau au Mordor.]
Calimehtar, fils de Narmacil II, à la faveur de révoltes sévissant au Rhovanion, vengea son père en remportant une éclatante victoire contre les Orientais sur la plaine de Dagorlad, en 1899 ; ainsi, la menace fut un temps écartée. C’est sous le règne d’Araphant, dans le Nord, et d’Ondoher fils de Calimehtar, dans le Sud, que les deux royaumes reprirent conseil ensemble, après des siècles de silence et d’éloignement. Car enfin ils perçurent qu’un seul et unique pouvoir, une seule et unique volonté dirigeait l’offensive qui s’abattait de toutes parts contre les survivants de Númenor. Et à cette époque, Arvedui, héritier d’Araphant, épousa Fíriel, fille d’Ondoher (1940). Mais aucun royaume ne put venir au secours de l’autre ; car l’Angmar renouvela son assaut contre l’Arthedain au moment même ou les Chariotiers revenaient en force.
Cette fois, les Chariotiers passèrent en nombre au sud du Mordor, s’alliant aux hommes du Khand et du Proche-Harad ; et, pris d’assaut au nord comme au sud, le Gondor fut bien près d’être anéanti. En 1944, le roi Ondoher et ses deux fils, Artamir et Faramir, tombèrent au nord de la Morannon, et l’ennemi se déversa en Ithilien. Mais Eärnil, Capitaine de l’Armée du Midi, triompha sur lui en Ithilien du Sud, écrasant les troupes du Harad qui avaient franchi le fleuve Poros. Se hâtant vers le nord, il rassembla tout ce qu’il put des débris de l’Armée du Nord qui battait alors en retraite, puis ils tombèrent sur le premier campement des Chariotiers alors qu’ils célébraient et festoyaient, croyant le Gondor vaincu et le butin prêt à être cueilli. Eärnil prit le campement d’assaut et mit le feu aux chariots, et il bouta l’ennemi en déroute hors de l’Ithilien. Une grande partie des fuyards périrent dans les Marais Morts.
« À la mort d’Ondoher et de ses fils, Arvedui du Royaume du Nord revendiqua la couronne du Gondor en tant que descendant direct d’Isildur et époux de Fíriel, seule survivante des enfants d’Ondoher. Sa revendication fut rejetée. Pelendur, l’Intendant du roi Ondoher, eut la plus grande part dans cette décision.
« Le Conseil du Gondor répondit : “La couronne et la royauté du Gondor reviennent aux seuls héritiers de Meneldil, fils d’Anárion, à qui Isildur a abandonné ce royaume. Au Gondor, cet héritage n’est reconnu qu’aux fils ; et nous ne sachions pas qu’il en soit autrement en Arnor.”
« Arvedui eut cette réplique : “Elendil eut deux fils, Isildur étant l’aîné et l’héritier de son père. Pour ce que nous en savons, le nom d’Elendil figure encore en tête de la lignée des Rois du Gondor, car il était reconnu comme le grand roi de toutes les terres des Dúnedain. Du vivant d’Elendil, ses fils se virent confier le gouvernement conjoint du Sud ; mais quand Elendil tomba, Isildur partit assumer l’autorité suprême de son père, confiant à son tour le gouvernement du Sud au fils de son frère. Il n’est pas dit qu’il abandonna la royauté du Gondor, pas plus qu’il ne souhaitait que le royaume d’Elendil fût à jamais divisé.