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Pippin sentit son cœur se serrer. Il n’était guère enchanté à l’idée d’entonner un air du Comté devant le Seigneur de Minas Tirith, certainement pas les airs comiques qui lui étaient les plus familiers ; ils étaient bien trop… enfin, trop rustiques pour la circonstance. On lui épargna toutefois cette épreuve pour le moment. Il ne reçut pas ordre de chanter. Denethor se tourna plutôt vers Gandalf, qu’il interrogea sur les Rohirrim, sur leur politique et sur les vues d’Éomer, le neveu du roi. Pippin s’étonna de voir à quel point le Seigneur était au fait des spécificités d’un peuple étranger, d’autant plus, se dit-il, que Denethor ne devait pas avoir quitté le royaume depuis bon nombre d’années.

Denethor fit bientôt signe à Pippin et le congédia de nouveau pour quelque temps. « Rendez-vous aux armureries de la Citadelle, dit-il, et procurez-vous l’équipement et la livrée de la Tour. Ils vous y attendent, commandés pour vous hier. Revenez quand vous serez vêtu ! »

Le Seigneur ne mentait pas ; et Pippin se trouva bientôt affublé d’étranges habits, tout de noir et argent. Il avait un petit haubert, aux mailles d’acier, sans doute, mais d’un noir de jais ; et un casque haut de forme avec de petites ailes de corbeau déployées de chaque côté, et une étoile argent sertie au milieu du bandeau. Par-dessus les mailles venait un surcot noir, mais sur la poitrine, l’emblème de l’Arbre était brodé de fil d’argent. Ses vieux vêtements furent pliés et rangés, mais on lui permit de garder la cape grise de la Lórien, à condition de ne pas la porter quand il était de service. Ainsi, sans s’en douter, il avait tout l’air d’un Ernil i Pheriannath, le Prince des Demi-Hommes que les gens avaient vu en lui ; mais il ne se sentait pas à l’aise. Et la pénombre commençait à jouer sur son humeur.

Toute cette journée fut sombre et morne. De l’aube sans soleil jusqu’au soir, l’ombre pesante ne cessa de se faire plus dense, et tous les cœurs de la Cité étaient oppressés. Loin en haut, un grand nuage venu du Pays Noir s’étendait lentement vers l’ouest, dévorant la lumière, porté par le vent de la guerre ; mais l’air au-dessous était d’un calme fébrile, comme si toute la Vallée de l’Anduin redoutait l’assaut d’un orage dévastateur.

Autour de la onzième heure, enfin libéré de ses obligations pour quelque temps, Pippin alla en quête de nourriture et de boisson pour se remonter le cœur et rendre son service plus supportable. Il retrouva Beregond dans les mess ; celui-ci rentrait tout juste d’une expédition au-delà du Pelennor, jusqu’aux Tours de Garde sur la Chaussée. Ensemble, ils allèrent se promener sur les remparts, car Pippin se sentait prisonnier à l’intérieur : même les hauts plafonds de la citadelle l’étouffaient. Ils s’assirent de nouveau côte à côte, devant l’embrasure regardant sur l’est où ils avaient mangé et discuté la veille.

C’était l’heure du couchant, mais le manteau de ténèbres s’étendait à présent loin dans l’Ouest, et ce ne fut qu’au moment de sombrer dans la Mer que le Soleil reparut pour jeter un dernier rayon d’adieu avant la nuit, le même que vit Frodo à la Croisée des Routes, éclairant le front du roi déchu. Mais sur les champs du Pelennor, dans l’ombre du Mindolluin, ne vint aucun rayon : ils étaient bruns et mornes.

Pippin eut l’impression qu’il y avait déjà des années qu’il s’était assis là, à l’époque à demi oubliée où il était encore un hobbit, un voyageur au cœur léger que les périls rencontrés n’avaient jamais vraiment touché. Mais voilà qu’il était devenu un petit soldat dans une cité devant un grand assaut, vêtu à la manière de la Tour de Garde, fière mais sombre.

En d’autres temps et d’autres lieux, Pippin se fût sans doute réjoui de son nouveau costume ; mais il savait cette fois que ce n’était pas un jeu : il était réellement au service d’un maître aussi sévère qu’autoritaire, et il courait un grave danger. Le haubert était encombrant, et le casque pesait sur son crâne. Il s’était défait de sa cape, jetée sur le banc à côté de lui. Il détourna son regard fatigué des champs assombris avec un bâillement, puis il soupira.

« Vous êtes las de cette journée ? » demanda Beregond.

« Oui, très, répondit Pippin : épuisé d’attendre et de rester oisif. J’ai dû faire le pied de grue à la porte de la chambre de mon maître durant de longues heures, pendant qu’il débattait avec Gandalf, le Prince, et d’autres grands personnages. Et je n’ai pas l’habitude, maître Beregond, de servir le ventre vide pendant que d’autres mangent. C’est une dure épreuve pour un hobbit que celle-là. Vous direz sans doute que je devrais m’en faire honneur. Mais à quoi bon pareil honneur ? À quoi bon manger ou boire, en fait, sous cette ombre envahissante ? Pour quoi faire ? On dirait que l’air est comme une épaisse fumée brune ! Avez-vous souvent des nuages comme ceux-ci quand le vent souffle de l’Est ? »

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