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Elle me dit: «Quelque choseMe tourmente.» Et j’aperçusSon cou de neige, et, dessus,Un petit insecte rose.J’aurais dû – mais, sage ou fou,À seize ans, on est farouche, –Voir le baiser sur sa bouchePlus que l’insecte à son cou.On eût dit un coquillage;Dos rose et taché de noir.Les fauvettes pour nous voirSe penchaient dans le feuillage.Sa bouche fraîche était là:Je me courbai sur la belle,Et je pris la coccinelle;Mais le baiser s’envola.«Fils, apprends comme on me nomme»,Dit l’insecte du ciel bleu,«Les bêtes sont au bon Dieu;Mais la bêtise est à l’homme.»

Paris, mai 1830.

XVI. Vers 1820

Denise, ton mari, notre vieux pédagogue,Se promène; il s’en va troubler la fraîche églogueDu bel adolescent Avril dans la forêt;Tout tremble et tout devient pédant, dès qu’il paraît:L’âne bougonne un thème au bœuf son camarade;Le vent fait sa tartine, et l’arbre sa tirade;L’églantier verdissant, doux garçon qui grandit,Déclame le récit de Théramène, et dit:Son front large est armé de cornes menaçantes.Denise, cependant, tu rêves et tu chantes,À l’âge où l’innocence ouvre sa vague fleur;Et, d’un œil ignorant, sans joie et sans douleur,Sans crainte et sans désir, tu vois, à l’heure où rentreL’étudiant en classe et le docteur dans l’antre,Venir à toi, montant ensemble l’escalier,L’ennui, maître d’école, et l’amour, écolier.

XVII. À M. Froment Meurice

Nous sommes frères: la fleurPar deux arts peut être faite.Le poëte est ciseleur;Le ciseleur est poëte.Poëtes ou ciseleurs,Par nous l’esprit se révèle.Nous rendons les bons meilleurs,Tu rends la beauté plus belle.Sur son bras ou sur son cou,Tu fais de tes rêveries,Statuaire du bijou,Des palais de pierreries!Ne dis pas: «Mon art n’est rien…»Sors de la route tracée,Ouvrier magicien,Et mêle à l’or la pensée!Tous les penseurs, sans chercherQui finit ou qui commence,Sculptent le même rocher:Ce rocher, c’est l’art immense.Michel-Ange, grand vieillard,En larges blocs qu’il nous jette,Le fait jaillir au hasard;Benvenuto nous l’émiette.Et, devant l’art infini,Dont jamais la loi ne change,La miette de CelliniVaut le bloc de Michel-AngeTout est grand; sombre ou vermeil,Tout feu qui brille est une âme.L’étoile vaut le soleil;L’étincelle vaut la flamme.

Paris, octobre 1841.

XVIII. Les oiseaux

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