Читаем Les Contemplations полностью

Il est dans l’atrium, le beau rouet d’ivoire.La roue agile est blanche, et la quenouille est noire;La quenouille est d’ébène incrusté de lapis.Il est dans l’atrium sur un riche tapis.Un ouvrier d’Égine a sculpté sur la plintheEurope, dont un dieu n’écoute pas la plainte.Le taureau blanc l’emporte. Europe, sans espoir,Crie, et baissant les yeux, s’épouvante de voirL’Océan monstrueux qui baise ses pieds roses.Des aiguilles, du fil, des boîtes demi-closes,Les laines de Milet, peintes de pourpre et d’or,Emplissent un panier près du rouet qui dort.Cependant, odieux, effroyables, énormes,Dans le fond du palais, vingt fantômes difformes,Vingt monstres tout sanglants, qu’on ne voit qu’à demi,Errent en foule autour du rouet endormi:Le lion néméen, l’hydre affreuse de Lerne,Cacus, le noir brigand de la noire caverne,Le triple Géryon, et les typhons des eaux,Qui, le soir, à grand bruit, soufflent dans les roseaux;De la massue au front tous ont l’empreinte horribleEt tous, sans approcher, rôdant d’un air terrible,Sur le rouet, où pend un fil souple et lié,Fixent de loin, dans l’ombre, un œil humilié.

Juin, 18…

IV. Chanson

Si vous n’avez rien à me dire,Pourquoi venir auprès de moi?Pourquoi me faire ce sourireQui tournerait la tête au roi?Si vous n’avez rien à me dire,Pourquoi venir auprès de moi?Si vous n’avez rien à m’apprendre,Pourquoi me pressez-vous la main?Sur le rêve angélique et tendre,Auquel vous songez en chemin,Si vous n’avez rien à m’apprendre,Pourquoi me pressez-vous la main?Si vous voulez que je m’en aille,Pourquoi passez-vous par ici?Lorsque je vous vois, je tressaille:C’est ma joie et c’est mon souci.Si vous voulez que je m’en aille,Pourquoi passez-vous par ici?

Mai, 18…

V. Hier au soir

Hier, le vent du soir, dont le souffle caresse,Nous apportait l’odeur des fleurs qui s’ouvrent tard;La nuit tombait; l’oiseau dormait dans l’ombre épaisse.Le printemps embaumait, moins que votre jeunesse;Les astres rayonnaient, moins que votre regard.Moi, je parlais tout bas. C’est l’heure solennelleOù l’âme aime à chanter son hymne le plus doux.Voyant la nuit si pure, et vous voyant si belle,J’ai dit aux astres d’or: Versez le ciel sur elle!Et j’ai dit à vos yeux: Versez l’amour sur nous!

Mai 18…

VI. Lettre

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