Читаем Les Contemplations полностью

Tout revit, ma bien-aimée!Le ciel gris perd sa pâleur;Quand la terre est embaumée,Le cœur de l’homme est meilleur.En haut, d’où l’amour ruisselle,En bas, où meurt la douleur,La même immense étincelleAllume l’astre et la fleur.L’hiver fuit, saison d’alarmes,Noir avril mystérieuxOù l’âpre sève des larmesCoule, et du cœur monte aux yeux.Ô douce désuétudeDe souffrir et de pleurer!Veux-tu, dans la solitude,Nous mettre à nous adorer?La branche au soleil se doreEt penche, pour l’abriter,Ses boutons qui vont écloreSur l’oiseau qui va chanter.L’aurore où nous nous aimâmesSemble renaître à nos yeux;Et mai sourit dans nos âmesComme il sourit dans les cieux.On entend rire, on voit luireTous les êtres tour à tour,La nuit, les astres bruire,Et les abeilles, le jour.Et partout nos regards lisent,Et, dans l’herbe et dans les nids,De petites voix nous disent:«Les aimants sont les bénis!»L’air enivre; tu reposesÀ mon cou tes bras vainqueurs. –Sur les rosiers que de roses!Que de soupirs dans nos cœurs!Comme l’aube, tu me charmes;Ta bouche et tes yeux chérisOnt, quand tu pleures, ses larmes,Et ses perles quand tu ris.La nature, sœur jumelleÈve et d’Adam et du jour,Nous aime, nous berce et mêleSon mystère à notre amour.Il suffit que tu paraissesPour que le ciel, t’adorant,Te contemple; et, nos caresses,Toute l’ombre nous les rend!Clartés et parfums nous-mêmes,Nous baignons nos cœurs heureuxDans les effluves suprêmesDes éléments amoureux.Et, sans qu’un souci t’oppresse,Sans que ce soit mon tourment,J’ai l’étoile pour maîtresse;Le soleil est ton amant;Et nous donnons notre fièvreAux fleurs où nous appuyonsNos bouches, et notre lèvreSent le baiser des rayons.

Juin 18…

XXIV .

Que le sort, quel qu’il soit, vous trouve toujours grande!Que demain soit doux comme hier!Qu’en vous, ô ma beauté, jamais ne se répandeLe découragement amer,Ni le fiel, ni l’ennui des cœurs qui se dénouent,Ni cette cendre, hélas! que sur un front pâli,Dans l’ombre, à petit bruit secouentLes froides ailes de l’oubli!Laissez, laissez brûler pour vous, ô vous que j’aime!Mes chants dans mon âme allumés!Vivez pour la nature, et le ciel, et moi-même!Après avoir souffert, aimez!Laissez entrer en vous, après nos deuils funèbres,L’aube, fille des nuits, l’amour, fils des douleurs,Tout ce qui luit dans les ténèbres,Tout ce qui sourit dans les pleurs!

Octobre 18…

XXV .

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