Читаем Les Fourmis полностью

Celui-ci s'est montré évidemment très intéressé et lui a aussitôt demandé de voler les documents… Mais Edmond s'était aperçu qu'on avait fouillé dans ses affaires, et pour les protéger d'une nouvelle visite il a lâché quatre guêpes de type ichneumon dans le tiroir. Dès que Marc Leduc est revenu à la charge, il s'est fait piquer par ces insectes qui ont la fâcheuse habitude de déposer leurs larves voraces dans le corps où elles ont planté leur dard. Le lendemain, Edmond a repéré les traces de piqûres et a voulu démasquer publiquement le coupable. Vous savez la suite, c'est lui qui a été chassé.

– Et les frères Leduc?

– Marc Leduc a été bien puni! Les larves d'ichneumon le dévoraient de l'intérieur. Cela a duré très longtemps, plusieurs années à ce qu'il parait. Comme les larves n'arrivaient pas à sortir de cet immense corps pour se métamorphoser en guêpes, elles creusaient dans tous les sens pour chercher une issue. A la fin, la douleur était tellement insupportable qu'il s'est jeté sous une rame de métro. J'ai lu ça par hasard dans les journaux.

– Et Laurent Leduc?

– Il a tout tenté pour essayer de retrouver la machine.

– Vous disiez que cela avait redonné envie à Edmond de s'y remettre. Quel rapport entre ces affaires assez anciennes et ses recherches?

– Par la suite, Laurent Leduc a contacté directement Edmond. Il lui a avoué être au courant de sa machine à «discuter avec les fourmis». Il prétendait être intéressé et vouloir travailler avec lui. Edmond n'était pas forcément hostile à cette idée, de toute façon il piétinait, et il se demandait si une aide extérieure ne serait pas la bienvenue. «Vient un moment où l'on ne peut continuer seul», dit la Bible. Edmond était prêt à guider Leduc dans son antre, mais il voulait d'abord mieux le connaître. Ils ont discuté tant et plus. Lorsque Laurent a commencé à vanter l'ordre et la discipline des fourmis, en appuyant sur le fait que parler avec elles permettrait sûrement à l'homme de les imiter, Edmond a vu rouge. Il a piqué une crise et l'a prié de ne plus jamais remettre les pieds chez lui.

– Pfff, ça ne m'étonne pas, soupire Daniel. Leduc fait partie d'une clique d'éthologistes, ce qu'il y a de pire au sein de l'école allemande, qui veut modifier l'humanité en copiant sous un certain angle les mœurs des animaux. Le sens du territoire, la discipline des fourmilières… ça fait toujours fantasmer.

– Du coup, Edmond tenait un prétexte pour se mettre à l'œuvre. Il allait dialoguer avec

les fourmis dans une perspective… politique; il pensait qu'elles vivaient selon un système anarchiste et voulait leur en demander confirmation.

– Évidemment! murmura Bilsheim.

– Cela devenait un défi d'homme. Mon oncle réfléchit encore longtemps et se dit que le meilleur moyen de communiquer était de fabriquer une «fourmi robot».

Jonathan brandit des feuillets chargés de dessins.

– En voici les plans. Edmond l'a baptisé «Docteur Livingstone». Il est en plastique. Je

ne vous dis pas le travail d'horloger qui a été nécessaire à la fabrication de ce petit chef-

d'œuvre! Non seulement toutes les articulations sont reconstituées et animées par de microscopiques moteurs électriques branchés sur une pile placée dans l'abdomen, mais l'antenne comporte réellement onze segments capables d'émettre simultanément onze phéromones différentes!… Seule différence entre Docteur Livingstone et une vraie fourmi: il est branché sur onze tuyaux, chacun de la taille d'un cheveu, eux-mêmes réunis en une sorte de cordon ombilical de la taille d'une ficelle.

– Prodigieux! Tout simplement prodigieux! s'enthousiasme Jason. • Mais où est le Docteur Livingstone? demande Augusta. Des guerrières au parfum de roche la poursuivent. 801e, en train de détaler, repère soudain une très large galerie et s'y précipite. Elle parvient ainsi dans une salle énorme, au centre de laquelle se tient une drôle de fourmi, d'une taille nettement au-dessus de la moyenne.

801e s'en approche prudemment. Les odeurs de l'étrange fourmi solitaire ne sont qu'à moitié vraies. Ses yeux ne brillent pas, sa peau a l'air recouverte d'une teinture noire… La jeune Chlipoukanienne aimerait comprendre. Comment peut-on être aussi peu fourmi?

Mais déjà les soldâtes l'ont débusquée. La boiteuse s'avance, seule, pour un duel. Elle lui saute aux antennes et se met à les mordre. Toutes deux roulent au sol. 801e se souvient des conseils de sa Mère: Regarde où l'adversaire te frappe avec prédilection, c'est souvent son propre point faible… De fait, dès qu'elle s'empare des antennes de la boiteuse, celle-ci se tord furieusement. Elle doit avoir les antennes hypersensibles, la pauvre! 801e les lui tranche net et parvient à s'enfuir. Mais c'est maintenant une meute de plus de cinquante tueuses qui se ruent à sa suite.


 


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