Читаем Les Fourmis полностью

Au bout de plusieurs heures de CA à une température proche de 15°, un groupe de fourmis mercenaires jaunes dégage une idée, bientôt reconnue comme la meilleure par tous les autres centres nerveux. Il se trouve que Bel-o-kan possède de nombreuses soldâtes mercenaires d'une espèce un peu spéciale, les «casse-graines». Elles ont pour caractéristique d'être pourvues d'une tête volumineuse et de longues mandibules coupantes qui leur permettent de casser des graines même très dures. Dans les combats, elles ne sont pas bien efficaces, car leurs pattes sont trop courtes sous leur corps trop lourd. Alors, à quoi bon se traîner péniblement jusqu'au lieu de l'affrontement pour n'y faire que peu de dégâts? Les rousses avaient fini par les cantonner dans des tâches ménagères, comme par exemple couper les grosses brindilles.

Selon les fourmis jaunes, il existe pourtant un moyen de transformer ces grosses lourdaudes en foudres de guerre. Il suffit de les faire porter par six petites ouvrières agiles!

Ainsi, les casse-graines, guidant par odeurs leurs «pattes vivantes», peuvent fondre à grande vitesse sur leurs adversaires et les tailler en pièces avec leurs longues mandibules.

Quelques soldâtes gavées de sucre font des essais dans le solarium. Six fourmis soulèvent une casse-graines et courent en essayant de synchroniser leurs pas. Ça a l'air de très bien fonctionner.

La cité de Belokan vient d'inventer le tank.

On ne les vit jamais remonter.

Le lendemain, les journaux titrèrent: «Fontainebleau - Huit pompiers et un inspecteur de police disparaissent mystérieusement dans une cave.»

Dès l'aube violacée, les fourmis naines qui encerclent la Cité interdite de La-chola-kan s'apprêtent à livrer bataille. Les rousses isolées dans leur souche sont affamées et épuisées. Elles ne devraient plus tenir bien longtemps.

Les combats reprennent. Les naines conquièrent deux carrefours supplémentaires après de longs duels d'artillerie à l'acide. Le bois rongé par les tirs vomit les cadavres des soldâtes assiégées.

Les dernières survivantes rousses sont à bout. Les naines progressent dans la Cité.

Les francs-tireurs cachés dans les anfractuosités des plafonds les ralentissent à peine.

La loge nuptiale ne doit plus être très loin. À l'intérieur de celle-ci, la reine Lacho-la-kiuni commence à ralentir les battements de son cœur. Tout est fichu maintenant.

Mais les troupes naines les plus avancées perçoivent soudain une odeur d'alerte. Il se passe quelque chose dehors. Elles rebroussent chemin.

Là-haut, sur la colline des Coquelicots qui domine la Cité, on distingue des milliers de points noirs au milieu des fleurs rouges. Les Belokaniens se sont donc finalement décidés à attaquer. Tant pis pour eux. Les naines envoient des moucherons-messagers mercenaires avertir la Cité centrale. Tous les moucherons portent la même phéromone:

Ils attaquent. Envoyez des renforts par l'est pour les prendre en étau. Préparez l'arme secrète.

La chaleur du premier rayon de soleil filtrant à travers un nuage a précipité la décision de passer à l'attaque. Il est 8 h 03. Les légions belokaniennes dévalent en trombe la pente, contournent les herbes, bondissent pardessus les gravillons. Elles sont des millions de soldâtes, à courir toutes mandibules écartées. C'est assez impressionnant. Mais les naines n'ont pas peur. Elles avaient prévu ce choix tactique. La veille, elles ont creusé des trous espacés en quinconce dans le sol. Elles s'y calfeutrent, ne laissant dépasser que leurs mandibules; leur corps est ainsi protégé par le sable.

Cette ligne de naines brise tout de suite l'assaut des rousses. Les fédérées s'escriment à vide contre ces adversaires qui ne leur présentent que des points forts. Pas moyen de leur couper les pattes ou de leur arracher l'abdomen.

C'est alors que le gros de l'infanterie de Shigae-pou, cantonné non loin sous le couvert d'un cercle de bolets Satan, lance une contre-offensive qui prend les rousses en étau.

Si les Belokaniennes sont des millions, les Shigapouyennes se comptent par dizaines de millions. Il y a au moins cinq soldâtes naines pour une rousse, sans parler des guerrières tapies dans les trous individuels, qui raccourcissent tout ce qui leur passe à portée de mandibules.

Le combat tourne rapidement au désavantage des moins nombreux.

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