Читаем Les Fourmis полностью

Enfoncées par des naines qui surgissent de partout, les lignes fédérées se disloquent. À 9 h 36, elles battent carrément en retraite. Les naines poussent déjà les parfums de la victoire. Leur stratagème a parfaitement fonctionné. Même pas besoin d'utiliser l'arme secrète! Elles pourchassent cette armée de fuyards, considèrent le siège de La-chola-kan comme une affaire réglée. Mais avec leurs petites pattes, les naines font dix pas là où une rousse ne fait qu'un bond. Elles s'essoufflent à remonter la colline des Coquelicots. C'est bien ce qu'avaient prévu les stratèges de la Fédération. Car cette première charge n'a servi qu'à ça: faire sortir les troupes naines de leur cuvette pour les affronter dans la pente. Les rousses parviennent à la crête, les légions naines continuent de les poursuivre dans un désordre total. Là-haut, on voit d'un seul coup se dresser une forêt d'épines. Ce sont les pinces géantes des casse-graines.

Elles les brandissent, les font scintiller au soleil, puis les abaissent parallèlement au sol et fondent sur les naines. Casse-graines, casse-naines!

L'effet de surprise est total. Les Shigaepouyennes, hébétées, antennes raidies par l'effroi, se font tondre comme une pelouse. Les casse-graines crèvent les lignes ennemies à vive allure, profitant de la dénivellation. Sous chacune, six ouvrières s'en donnent à cœur joie. Elles sont les chenilles de ces machines de guerre. Grâce à une communication antennaire parfaitement synchrone entre la tourelle et les roues, l'animal à trente-six pattes et deux mandibules géantes se meut avec aisance dans la masse de ses adversaires. Les naines n'ont que le temps d'entrevoir ces mastodontes qui leur tombent dessus par centaines, les défoncent, les aplatissent, les broient. Les mandibules hypertrophiées plongent dans le tas, broutent et remontent,

chargées de pattes et de têtes sanguinolentes qu'elles font craquer comme de la paille. Panique totale. Les naines terrorisées se heurtent et se piétinent, certaines s'entre-tuent.

Les tanks belokaniens, ayant ainsi «peigné» la piétaille naine, l'ont dépassée dans leur élan. Stop. Ils remontent déjà la pente, toujours impeccablement alignés, pour un nouveau laminage. Les survivantes voudraient prendre les devants, mais là-haut se dessine un deuxième front de tanks… qui part à la descente! Les deux colonnes se croisent, bien parallèles. Devant chaque tank les cadavres s'empilent. C'est l'hécatombe. Les Lacholakaniennes qui suivaient de loin la bataille sortent pour encourager leurs sœurs. L'étonnement du début a fait place à l'enthousiasme. Elles lancent des phéromones de joie. C'est une victoire de la technologie et de l'intelligence! Jamais le génie de la Fédération ne s'était exprimé de manière aussi nette.

Shi-gae-pou, cependant, n'a pas abattu toutes ses cartes. Elle a encore son arme secrète. Normalement, cette arme avait été conçue pour déloger les assiégés récalcitrants, mais devant la vilaine tournure prise par les combats, les naines décident déjouer leur va-tout.

L'arme secrète se présente sous forme de crânes de fourmis rousses transpercés d'une plante brune.

Quelques jours plus tôt, les fourmis naines ont découvert le cadavre d'une exploratrice de la Fédération. Son corps avait éclaté sous la pression d'un champignon parasite, l'alternaria. Les chercheuses naines ont analysé le phénomène et se sont aperçues que ce champignon parasite produisait des spores volatiles. Celles-ci se collent à la cuirasse, la rongent, pénètrent dans la bête puis poussent jusqu'à faire exploser sa carcasse.

Quelle arme!

Et d'une sûreté d'utilisation garantie. Car si les spores adhèrent à la chitine des rousses, elles n'ont aucune prise sur la chitine des naines. Tout simplement parce que ces dernières, frileuses, ont pris l'habitude de se badigeonner de bave d'escargot! Or cette substance a un effet protecteur contre l'alternaria.

Les Belokaniennes ont peut-être inventé le tank, mais les Shigaepouyennes ont découvert la guerre bactériologique.

Un bataillon d'infanterie s'ébranle, porteur de trois cents crânes de rousses infectés,

récupérés après la première bataille de Lachola-kan.

Elles les lancent au beau milieu des ennemies. Les casse-graines et leurs porteuses éternuent sous les poussières mortelles. Quand elles voient que leurs cuirasses en sont enduites, elles s'affolent.

Les porteuses abandonnent leur fardeau. Les casse-graines, rendues à leur impotence, paniquent et s'en prennent violemment à d'autres casse-graines. C'est la débandade. Vers 10 heures, un brusque coup de froid sépare les belligérants. On ne peut pas se battre dans les courants d'air glacés. Les troupes naines en profitent pour se dégager. Les tanks des rousses remontent péniblement la pente.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Текст
Текст

«Текст» – первый реалистический роман Дмитрия Глуховского, автора «Метро», «Будущего» и «Сумерек». Эта книга на стыке триллера, романа-нуар и драмы, история о столкновении поколений, о невозможной любви и бесполезном возмездии. Действие разворачивается в сегодняшней Москве и ее пригородах.Телефон стал для души резервным хранилищем. В нем самые яркие наши воспоминания: мы храним свой смех в фотографиях и минуты счастья – в видео. В почте – наставления от матери и деловая подноготная. В истории браузеров – всё, что нам интересно на самом деле. В чатах – признания в любви и прощания, снимки соблазнов и свидетельства грехов, слезы и обиды. Такое время.Картинки, видео, текст. Телефон – это и есть я. Тот, кто получит мой телефон, для остальных станет мной. Когда заметят, будет уже слишком поздно. Для всех.

Дмитрий Алексеевич Глуховский , Дмитрий Глуховский , Святослав Владимирович Логинов

Детективы / Современная русская и зарубежная проза / Социально-психологическая фантастика / Триллеры