Bayard, le chevalier sans peur et sans reproche
À la tête de la petite troupe de chevaliers qui surgissent à temps pour sauver Charles VIII à Fornoue se trouve un jeune homme de vingt-deux ans : Pierre du Terrail, né en 1473 près de Grenoble, dans le château familial de Bayard. Sa conduite à Fornoue lui vaut d’être armé chevalier. Dès lors, sa carrière militaire n’est plus qu’une suite d’exploits légendaires.
Par exemple, il charge avec tant d’ardeur cinquante Italiens devant Milan qu’il en franchit les portes de la ville… où il est fait prisonnier. Mais l’acte de bravoure est tel qu’il est relâché par les Milanais ! Plus fort : le 28 décembre 1503, en Italie, 200 soldats ennemis ont décidé de franchir le Garigliano pour aller battre les troupes françaises. Mais qui trouvent-ils en plein milieu du pont ? Un chevalier, un seul, et qui leur tient tête, avant l’arrivée des renforts : c’est Bayard qui acquiert son surnom « le chevalier sans peur et sans reproche » et renforce sa légende.
En 1513, il est fait prisonnier par le roi anglais Henri VIII qui lui propose d’entrer à son service. Refus de Bayard : par respect, il est remis en liberté. Au soir de la bataille de Marignan, c’est lui qui arme chevalier François Ier
. Enfin, au printemps 1524, au siège de Rebec, près de Milan, contre l’armée espagnole, une pierre d’arquebuse lui brise la colonne vertébrale. On le transporte sous un arbre, la face vers l’ennemi, à sa demande.Le connétable de Bourbon, passé dans le camp espagnol après la confiscation d’une partie de ses biens par François Ier
, vient le voir et lui dit qu’il éprouve de la pitié pour lui. Bayard lui fait cette réponse pleine d’un ultime panache : « Monsieur, il n’y a point de pitié en moi car je meurs en homme de bien. Mais j’ai pitié de vous, de vous voir servir contre votre prince, et votre patrie, et votre serment. » Puis, ce 30 avril 1524, il rend le dernier soupir.Si, dans l’aventure guerrière de Charles VIII, le bilan territorial est nul, la découverte du luxe à l’italienne va considérablement marquer les esprits. Toutes les richesses rapportées de Naples ou d’autres villes servent à aménager le château d’Amboise qui prend des airs méditerranéens. Et cette mode se répand en France. Le temps est à la fête, aux réjouissances. De grands bals sont donnés, des spectacles, des banquets. On s’amuse follement. Et qui voit-on qui danse et rit à perdre haleine, qui virevolte et passe devant la reine Anne de Bretagne en lui faisant mille grâces, et mille sourires – au point qu’elle lui fait la tête et qu’il doit s’en aller en son château de Blois ? C’est Louis d’Orléans, toujours aussi amoureux, toujours aussi impatient de monter sur le trône que son cousin occupe. Et de plus en plus impatient, car Charles et Anne n’ont point d’héritier mâle.