Louis XI est libéré, retourne à Paris et, en novembre 1470, il revient sur tout ce qu’il a accordé ! En janvier 1471, il occupe les villes de la Somme. Le Téméraire se met encore en colère et se venge sur de petites villes dont il fait massacrer les habitants. Il reprend Amiens le 10 mars 1471, puis attaque Beauvais. Mais à Beauvais, ses Bourguignons aguerris sont vaincus par une femme ! Et quelle femme : elle s’appelle Jeanne Laisné. Postée sur les remparts de sa ville, elle galvanise le courage des hommes dont elle a pris le commandement. Alors que les troupes du Téméraire tentent d’entrer dans la ville, elle s’empare d’un étendard bourguignon. Ne possédant pour toute arme qu’une hachette, elle s’en sert pour abattre plusieurs ennemis, avec une détermination telle que tous les autres reculent ! La ville de Beauvais échappe aux Bourguignons, et Jeanne Laisné entre dans l’histoire sous le nom de Jeanne Hachette !
1477 : la fin du Téméraire
Charles le Téméraire subit ensuite les dérobades de ceux qui se disaient ses alliés comme l’empereur Frédéric III. Il est abandonné par Édouard IV d’Angleterre que Louis XI a habilement conduit à signer un traité de paix à Picquigny. En 1476, le 2 mars, les terribles Suisses écrasent presque toute l’armée bourguignonne à Grandson, puis ils achèvent ses restes à Morat le 22 juin. Le Téméraire veut encore se battre ! Le 5 janvier 1477, ayant rassemblé 10 000 hommes, plutôt des va-nu-pieds, des traîne-misère et des maraudeurs, il tente de reprendre Nancy ! C’est sa fin, contée plus haut. Une fin à la mesure de sa cruauté.
La Bourgogne démembrée
Le Téméraire avait une fille, Marie, héritière des possessions bourguignonnes. Louis XI, se référant à la loi salique toujours en vigueur – et bien pratique – précisant que seul un homme peut gouverner, envahit les terres de celle dont il était le parrain. Mais Marie épouse en 1477 Maximilien de Habsbourg, le fils de l’empereur Frédéric III. Maximilien attaque aussitôt ou plutôt commence à harceler Louis XI sur les territoires qu’il estime revenir à sa femme. Mais, en 1482, Marie tombe de cheval et meurt quelques jours plus tard. Maximilien cesse de se battre et signe avec Louis XI le traité d’Arras où il abandonne ses prétentions sur la Bourgogne et la Picardie. Il donne le reste des possessions bourguignonnes à sa fille Marguerite qui est alors fiancée – à deux ans ! – au fils de Louis XI, le dauphin Charles. Pour plus de précautions, Marguerite va grandir à la cour de France en attendant son mariage ! Ainsi, la Bourgogne est démembrée. La France de Louis XI dépasse maintenant celle du traité de Verdun !
Louis XI revu et corrigé
Un habile politique
Alors, que penser de Louis XI ?
Est-ce le monstre que dépeignent certaines pages d’histoire ou de littérature ?
Est-ce le calculateur sans cœur que présentent certains films ou téléfilms qui reprennent complaisamment en l’accentuant encore la légende noire du monarque ?
Est-ce le roi malsain entouré de cette âme damnée d’Olivier le Daim – pas plus damnée qu’une autre, en réalité – ou de Tristan Lhermitte son grand prévôt et son compère du château de Plessis-lès-Tours, forteresse où il se retire pour y mourir ?
N’est-ce pas plutôt un habile politique qui préfère négocier, quitte à prendre de gros risques personnels plutôt que d’envoyer ses soldats se faire étriper ?
N’est-ce pas l’unificateur du royaume qui y installe une administration et une justice efficaces et garantes de la stabilité dans tous les domaines ?
Un roi moderne
Louis XI, pendant tout son règne, parvient à relever la France que la guerre de Cent Ans avait laissée exsangue.
Il ranime les foires, supprime les péages intérieurs, fait construire des routes, agrandir des ports.
Il développe l’agriculture. Il attire les marchands et les meilleurs ouvriers étrangers, établit un système de libre échange avec l’Angleterre, développe la production minière.
Il favorise l’entreprise de deux professeurs de la Sorbonne, Jean Heynlin et Guillaume Fichet qui, en 1470, introduisent l’imprimerie en France – après Gutenberg (Johann Gensfleisch) à Strasbourg en 1436.
En cette fin du Moyen Âge, Louis XI est un roi moderne qui s’éteint d’une hémorragie cérébrale, le 25 août 1483, dans sa forteresse de Plessis-les-Tours où il attendait la mort en la redoutant, ignorant sûrement que, pour sa mémoire, les Voltaire, Hugo, Scott, ou autres inventeurs de légendes étaient bien plus redoutables…
La France à la mort de Louis XI
Charles VIII : avant l’Italie, le trône…