1431 à Paris : en deux jours, on pend au gibet de Montfaucon soixante-deux malandrins qui infestent les alentours de la ville. La famine sévit dans la capitale au point que le samedi 14 mai, 1200 personnes, sans compter les enfants, quittent la ville parce qu’elles n’ont plus de quoi manger ! Cette année-là naît François de Montcorbier, tôt orphelin, et qui sera recueilli par maître Guillaume de Villon, chapelain de Saint-Benoît-le-Bétourné, près de la Sorbonne. Maître Villon donnera son nom au petit François. François Villon va devenir maître es Arts, mais il fréquente des bandes peu recommandables en ces temps troublés au point qu’il va être impliqué dans deux meurtres. Banni de la ville de Paris le 8 janvier 1463, il n’y reparaîtra plus. Et personne ne connaîtra sa fin. Il nous laisse Le Lais et
Louis s’épanouit enfin, en Dauphiné. Il prend très au sérieux son rôle. Il révise le système d’imposition qui comportait beaucoup d’exemptions au profit des plus riches. Il crée un parlement, une armée régulière, interdit les guerres privées entre les seigneurs locaux. Il réglemente la chasse, l’exploitation des forêts. Il installe des banquiers juifs à Briançon, crée une université à Valence. Il met au point un système de communications rapides entre les villes en utilisant des hommes à cheval qui emportent à toute allure des messages ou des paquets qui sont déposés dans des relais prévus à cet effet. Ce n’est pas écrit La Poste, mais c’est tout comme !
Charles VII suit tout cela de près, et il s’en montre encore jaloux ! Aussi, lorsque Louis lui demande d’épouser Charlotte de Savoie, la fille de son voisin – elle n’a que 11 ans – le roi se fâche et refuse son consentement. Il ordonne à Louis de revenir à la cour, afin de se soumettre à son souverain de père ! Louis n’en fait qu’à sa tête : il épouse Charlotte à Chambéry, le 9 mars 1451. La jeune épouse n’ayant que 11 ans, la consommation du mariage est remise à plus tard… Aussitôt, Charles VII menace d’envahir la Savoie. Des pourparlers sont engagés, qui traînent jusqu’en 1455.
Août 1456 : Charles VII décide d’attaquer son fils ! Louis préfère s’enfuir. Il laisse le gouvernement du Dauphiné à un ami, Louis de Laval. Le 30 août, cinquante cavaliers l’accompagnent vers le nord. Il ne se sent en sécurité qu’à son arrivée sur les terres de Philippe le Bon, le Bourguignon, celui qu’il appelle affectueusement son oncle. Quel prétexte trouver pour aller se réfugier ainsi chez celui qui, malgré le rapprochement opéré contre les Anglais, demeure le rival de son père ? Louis en trouve un et en informe son père : s’il est allé chez le Bourguignon, c’est pour préparer une croisade ! Arrivé à Bruxelles, Louis y est reçu avec beaucoup d’honneurs, honneurs qui redoublent lorsque Philippe Le Bon, revenu d’une campagne aux Pays-bas le 15 octobre, est de retour.
Cependant, Philippe ne souhaite pas faire la guerre à Charles VII pour l’intérêt de Louis. Il préfère laisser faire le temps, en accordant à son neveu une pension royale et un château immense, celui de Genappe, au sud de Bruxelles. Dans cette pension dorée, Louis apprend que son père Charles a envahi son Dauphiné ! Le coup est rude, mais oncle Philippe est là : il console Louis en faisant venir à ses frais Charlotte de Savoie. Lors de son mariage avec Louis, elle n’avait que onze ans. Elle en a dix-huit maintenant, et c’est une superbe jeune fille que Louis voit arriver au château de Genappe en juillet 1457. Le couple peut alors consommer le mariage. En mai, l’année suivante, naît un petit Louis…