Jamais ils ne se sont entendus : Charles VII ne comprend pas ce fils qu’il trouve ténébreux ; Louis ne comprend pas que son père préfère sa maîtresse à sa femme, la reine. Effectuons un petit retour en arrière pour tout comprendre…
Louis XI n’est pas un démon ! Ce n’est pas un ange non plus. On dirait de lui aujourd’hui qu’il a beaucoup de mal à digérer son complexe d’Œdipe, c’est-à-dire qu’il ne parvient pas à s’entendre avec son père. Et ce père, Charles VII, ne fait rien pour arranger l’affaire. Élevé loin de ses parents, dans des milieux simples, ce qui lui donnera toute sa vie ce langage et cette allure qui le font prendre pour un homme issu du peuple, Louis rejoint son père à l’âge de quatorze ans. Ce ne sont pas les grandes amours entre le père et le fils, au point qu’en 1439, Charles VII envoie ce fils distant et sournois loin de lui : en Languedoc. Il a pour mission de ramener la paix dans la campagne mise à sac par des bandes de pillards. Son sens politique, ses habiletés diplomatiques font merveille. Il accomplit même sa mission au-delà de ce qui lui était demandé : non content d’avoir ramené à la raison les pillards mais aussi les seigneurs turbulents, il fait alliance avec ceux-ci pour mener la Praguerie, révolte contre le roi de France, son père, qui a décidé que les armées ne seraient plus seigneuriales ! Charles VII fort mécontent, et très jaloux, ordonne le retour immédiat de ce fils trop habile.
Louis demande alors le Dauphiné. Cette province qui comprend les actuels départements de l’Isère, des Hautes-Alpes, d’une partie de l’Ain et de la Drôme revient, depuis 1349, à l’aîné des fils du roi, le Dauphin (Dauphin, Dauphiné, compris ?). On écrit Dauphin avec une majuscule car, à l’origine, il s’agit d’un prénom : Delphin ; le Dauphiné sera réuni à la couronne royale en 1560. Charles refuse de donner à Louis le Dauphiné ! Louis demande alors de l’argent pour s’installer dans ses meubles. Nouveau refus paternel ! Louis passe sa colère en se mettant à la tête d’une armée qui déloge les Anglais d’Harfleur.
Louis revient vers son père qui s’empresse de l’envoyer dans le Midi mater le comte d’Armagnac en 1443. Mission difficile mais parfaitement réussie ! Retour à Paris. Charles VII trouve sans tarder une nouvelle mission à son fils, plus difficile, plus périlleuse encore… Il s’agit cette fois d’apporter de l’aide à l’empereur des États germaniques, Frédéric d’Autriche, à qui les terribles Suisses donnent du fil à retordre. Louis se met à la tête d’une bande d’écorcheurs qu’on veut éloigner du royaume. Deux mille Suisses les attaquent par surprise près de Bâle, la résistance est acharnée et finalement Louis remporte la victoire. Les 2 000 Suisses sont tués. Mais les Autrichiens s’effraient de la troupe de Louis qui se montre menaçante. Louis, calmement, négocie à la fois avec les Autrichiens qui lui donnent quelques villes d’Alsace, et avec les Suisses dont il apprécie l’efficacité guerrière.
François Villon, le mauvais garçon...