Et comment préserver le pays de la guerre intérieure ? En l’exportant. En Italie par exemple puisque, descendant d’une Italienne – Valentine Visconti, sa grand-mère – on peut réclamer le duché de Milan. Cette réclamation prend la forme d’une guerre à rebondissements qui commence en 1499 sur le territoire italien et se termine par un retour vaincu en France en 1504. Trois ans plus tard, nouveau départ pour l’Italie, nouvelle guerre d’abord avec le pape Jules II, puis contre lui. Victoire de Ravenne, en 1512. Défaite de Novare en 1513. Retour à la case départ : la France – que les Anglais commencent à envahir par le nord, mais sans aller plus loin.
À la reine Anne de Bretagne qui meurt en 1514 va succéder, la même année, la jeune sœur d’Henri VIII d’Angleterre : Marie.
Louis est donc veuf, à cinquante-deux ans, malade d’hémorragies à répétition, de goutte, d’hémorroïdes. Le roi d’Angleterre Henri VIII, dix-huit ans, a une sœur. Elle s’appelle Marie. Elle est ravissante. Elle a seize ans. Vous hésitez à les marier ? Pas eux ! En octobre 1514, c’est fait, et Louis trouve une nouvelle jeunesse en compagnie de celle qu’on nomme sa poupée anglaise. Elle l’entraîne dans la fête et les banquets au-delà de minuit. Ils ne se lèvent qu’à midi passé (Marie est une Tudor…). Le 31 décembre 1514, Louis XII ne se lève pas, ne se relèvera plus. Le 1er janvier 1515, il meurt. La France a retrouvé le chemin de la prospérité, mais les caisses royales sont vides !
La reine Claude
Boiteuse – comme sa mère Anne de Bretagne –, disgracieuse, de petite taille et de forte corpulence : voilà Claude de France. Le 13 mai 1514, âgée de quatorze ans et demi, elle se marie. À qui ? Au plus beau, au plus grand : un jeune homme de dix-neuf ans : François d’Angoulême. En ce mois de mai 1514, on porte le deuil de la reine Anne de Bretagne morte en janvier, ce mois terrible où le froid fut si intense que les loups affamés attaquèrent bourgs, villages, fermes isolées, et que le pain manqua. Point de jeux, point de trompettes, ainsi en a décidé Louis XII. Et François d’Angoulême, futur François Ier
, déclare à quelques proches, à propos de cette épouse sans grâce, mais qui l’admire tant : « Rien en la personne de cette fille de roi ne me séduit, je l’estime, mais je ne pourrai jamais l’aimer. »Pourtant, neuf mois après son mariage, Claude de France, à quinze ans, va donner naissance à son premier enfant : Louise qui mourra à trois ans. Six grossesses consécutives vont suivre : Charlotte, morte à 8 ans, François, mort à 18 ans, Henri, le futur Henri II, Madeleine, morte à 17 ans, Charles, mort à 22 ans, et Marguerite, morte à 51 ans. Lorsqu’elle met au monde Marguerite, la reine Claude n’a que 24 ans ! En un peu moins de dix ans de mariage, elle aura été enceinte sept fois, et son septième accouchement sera le dernier. Lorsqu’il apprend qu’elle va mourir, François Ier
s’attendrit tristement en disant : « Si je pensais la racheter par ma vie, je la lui donnerais de bon cœur. Je n’aurais jamais pensé que le lien du mariage fût si difficile à rompre. » Claude de France s’éteint le 26 juillet 1524. D’elle on conserve l’image d’une reine douce et bonne ; et celle d’une prune toute ronde, verte et parfumée, à laquelle elle donna son nom : la reine-claude.