Les troupes de Hitler, que le général Weygand, bientôt ministre de la Guerre de Pétain, n’a pu contenir, entrent dans Paris le 14 juin 1940. Un exode massif des populations du nord de la France, de Paris et de sa région commence alors. Plus de huit millions d’hommes, de femmes, d’enfants et de vieillards se retrouvent sur les routes, embarqués dans toutes sortes de véhicules, ou bien à pied, dans le désordre, la surprise, la stupeur ou la résignation. Le 15 juin, le gouvernement français se replie à Bordeaux. Le 16 juin, le président du Conseil, Paul Reynaud, se refuse à demander un armistice aux Allemands, il démissionne. Albert Lebrun fait alors appel au maréchal Pétain qui – à quatre-vingt-quatre ans ! – prend la place de Reynaud. À minuit, le gouvernement français demande l’armistice. Le 17 juin, Pétain s’adresse à la nation française : « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander de mettre un terme aux hostilités. »
Londres, de Gaulle et ses trois appels de juin 1940
Pendant que Hitler visite Paris, le général de Gaulle, sous-secrétaire d’État à la Guerre du gouvernement Reynaud, s’est rendu à Londres où il va retrouver Winston Churchill. Apprenant que l’armistice a été demandé par Pétain, il lance, de la BBC, la radio anglaise, un premier appel à tous les Français, le 18 juin à dix-sept heures. Cet appel n’est pas enregistré. On en possède seulement le texte. Il diffère, dans la forme seulement, du texte d’un deuxième appel, celui d’une affiche placardée sur les murs de Londres et qui reprenait les mêmes idées : inciter les Français à résister contre l’envahisseur. C’est dans le texte de cette affiche qu’on trouve la formule choc : « La France a perdu une bataille ! Mais elle n’a pas perdu la guerre ! » Le 19 juin, un troisième appel est lancé, de la BBC, par de Gaulle, plus bref, plus direct : « Tout Français qui porte encore les armes a le devoir absolu de continuer la résistance… »
Le 19 juin, les Allemands sont à Nancy, Vichy, Rennes… À Saumur, les cadets de l’École de cavalerie résistent héroïquement à la Wehrmacht. Le vendredi 21 juin, dans la clairière de Rethondes, près de Compiègne, le wagon du maréchal Foch où fut signé l’armistice le 11 novembre 1918 est de nouveau utilisé, mais cette fois, ce sont les Français qui sont vaincus, chez eux. Hitler, Göring, Keitel et Brauchitsch y assistent à la signature de l’armistice par les plénipotentiaires français, obtenue le 22 juin 1940. Hitler ordonne alors que le wagon soit transporté à Berlin afin d’y être brûlé, et que soit dynamité le monument commémoratif qui avait été construit sur place.
La France est alors coupée en deux par une ligne de démarcation : la zone nord est occupée par les Allemands, la zone sud est libre. L’Alsace et la Lorraine sont annexées à l’Allemagne. L’Angleterre désormais est seule intacte et capable de prendre les décisions qu’elle estime nécessaires à la lutte contre les Allemands. Ainsi, craignant que ceux-ci s’emparent de la flotte française, Churchill ordonne que les cuirassés français qui mouillent à Mers-el-Kébir sur la côte algérienne soient coulés ! Les navires anglais en envoient trois par le fond, un quatrième réussit à s’échapper. Cette opération cause un vrai massacre : 1 500 marins français trouvent la mort !
La France après l’armistice du 22 juin 1940
Le 20 octobre 1941, le lieutenant-colonel Holtz est abattu dans une rue de Nantes. Hitler décide immédiatement de faire fusiller cinquantes otages français, en représailles. Le 22 octobre, vingt-sept d’entre eux sont rassemblés dans une baraque du camp de Choisel, à Chateaubriant, puis conduits sur le lieu de leur supplice, dans une carrière proche de la ville : La Sablière. Ils sont fusillés entre 15h50 et 16h10. Ces représailles cruelles, exercées aussi à Bordeaux, vont animer l’esprit de résistance. Le plus jeune des fusillés de la Sablière n’a que 17 ans. Il s’appelle Guy Môquet. Quand vous passerez ligne 13, dans le métro, à Paris, rappelez-vous...
Le maréchal Pétain reprend du service alors qu’il est déjà entré dans ce qu’on appelle aujourd’hui le quatrième âge. La France qu’il dirige est celle de la collaboration, bien davantage – au début tout au moins – que celle de la Résistance. L’occupant n’éprouve aucune difficulté à obtenir de la police française l’arrestation des Juifs et, de la milice, l’espionnage des réseaux de résistance. De son côté, le général de Gaulle que concurrençait le général Giraud devient, en 1943, à Alger, chef du gouvernement provisoire de la République française.