Le Premier ministre Alain Juppé – choisi par Jacques Chirac le 18 mai 1995 – affronte la situation en maintenant le plan de réforme de la Sécurité sociale qui a mis le feu aux poudres. Ce plan prévoit la mise en place d’un régime universel d’assurance maladie, une révision des régimes spéciaux de retraite, l’allongement de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein – allongement progressif de 37,5 à 40 années –, l’imposition des Allocations familiales, la réforme des caisses locales et nationales de sécurité sociale – création d’un conseil de surveillance –, réforme de l’hôpital, etc. Des grèves importantes se déclenchent alors à la SNCF, la RATP, EDF-GDF, La Poste, et dans l’Éducation nationale. Les grandes villes sont paralysées. Mais le mouvement s’épuise et, le 18 décembre 1995, la reprise du travail est générale. La plupart des réformes prévues vont, au fil des années qui suivent, se mettre en place.
Les sans-papiers d’Ababacar
Depuis le 18 mars 1996, des immigrés africains sans papiers ont décidé d’occuper des églises afin de sensibiliser le pouvoir à leurs problèmes. Après avoir été expulsés de l’église Saint-Ambroise dans le IXe
arrondissement de Paris, et de quelques autres lieux de culte catholique, ils se retrouvent, en août, réfugiés dans l’église Saint-Bernard dans le XVIIIe arrondissement. C’est là que les forces de l’ordre donnent l’assaut, le 23 août, en forçant les portes à coup de hache afin d’expulser les 220 sans-papiers qui l’occupent. Cette opération, largement médiatisée, crée un malaise considérable. Malgré les efforts de celui qui a pris la tête du mouvement, Ababacar Diop, la régularisation des sans-papiers se révèle lente et difficile au regard d’une législation pleine de contradictions.Touvier, Papon, la France face à la collaboration
Cour d’assises de la Gironde, à Bordeaux. 8 octobre 1997 : le procès de Maurice Papon, secrétaire général de la préfecture de la Gironde sous le régime de Vichy, s’ouvre. Maurice Papon est accusé de crime contre l’humanité : sous le régime de Vichy, numéro deux officiel de la région de Bordeaux, supervisant le service des questions juives, il a ordonné l’arrestation de près de 1 600 Juifs entre 1942 et 1944, hommes, femmes, enfants, personnes âgées, la plupart déportés à Auschwitz.
Papon est le deuxième Français qui va être jugé pour crime contre l’humanité, le premier étant Paul Touvier, condamné à la réclusion à perpétuité le 20 avril 1994 par la cour d’assises des Yvelines. Paul Touvier, ancien chef du service de renseignements de la milice de Lyon, était accusé de complicité dans l’assassinat de sept otages juifs fusillés par les Allemands, à Rillieux-la-Pape, en juin 1944.
Le 2 avril 1998, Maurice Papon est condamné à dix ans de réclusion criminelle pour complicité de crime contre l’humanité. Il se pourvoit en cassation, et peut ainsi rester en liberté. En octobre 1999, refusant de se présenter à la prison à la veille de sa comparution pour l’examen de son pourvoi en cassation, il prend la fuite pour la Suisse. Retrouvé et arrêté, il est aussitôt emprisonné le 22 octobre.
Trois ans plus tard, le 18 septembre 2002, il est remis en liberté, en raison de son âge – quatre-vingt-douze ans – et de son état de santé, libération qui ne manque pas de susciter de nombreuses polémiques. Désapprouvée par les uns, approuvée par les autres – dont Robert Badinter, ancien garde des Sceaux et ancien président du Conseil constitutionnel – elle a été rendue possible par une loi votée le 4 mars 2002, précisant que les prisonniers peuvent être libérés s’ils souffrent d’une maladie incurable ou si leur incarcération se révèle dangereuse pour leur santé.
Après la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Jacques Chirac, la gauche qui remporte les législatives va, à son tour, être appelée à cohabiter avec le président.