L’année de la première cohabitation, 1986, coïncide avec une vague de terrorisme : entre le 4 et le 17 septembre, plusieurs attentats, dont le plus meurtrier a lieu rue de Rennes à Paris, coûtent la vie à onze personnes. Le 17 novembre, le PDG de Renault, George Besse, est assassiné par des membres de l’organisation Action directe. L’année se clôt sur la mort d’un étudiant, Malik Oussekine, victime d’un malaise après avoir été frappé par les CRS au cours d’une manifestation, à Paris, contre la réforme Devaquet qui veut élever les droits d’inscription à l’université. Les manifestants l’accusent de vouloir pratiquer une forme de sélection.
Les enfants d’Izieu
Le 11 mai 1987 commence le procès de Klaus Barbie, devenu après sa carrière de chef de la police nazie à Dijon pendant la guerre, agent au service des Américains pour la lutte contre l’URSS. En 1972, Beate et Serge Klarsfeld (fils d’un déporté mort à Auschwitz), les chasseurs de nazis, retrouvent sa trace en Bolivie, et le 5 février 1983 il est livré à la justice française. Barbie, c’est le responsable de nombreuses rafles de Juifs qui seront déportés, dont celle des enfants d’Izieu, dans l’Ain, le 6 avril 1944 : quarante-quatre enfants de trois à treize ans sont arrêtés avec les cinq adultes qui s’occupent d’eux. Tous sont transférés vers Drancy, puis vers les camps de la mort dont pas un ne reviendra. Barbie, c’est aussi le tortionnaire de Jean Moulin. Le 3 juillet 1987, après trente-six jours d’audience, Barbie est condamné à perpétuité pour crimes contre l’humanité. Le 25 septembre 1991, il meurt en prison à Lyon.
François Mitterrand va effectuer un second mandat de sept ans. Il devient ainsi l’homme politique français ayant exercé le plus longtemps la fonction de président de la République. C’est Michel Rocard qui va devenir Premier ministre.
Le premier tour des élections présidentielles a lieu le 24 avril 1988, et donne les résultats suivants : Mitterrand : 34,09 % ; Chirac : 19,94 % ; Barre : 16,54 % ; Le Pen : 14,39 % ; Lajoinie : 6,76 % ; Waechter : 3,78 % ; Juquin : 2,10 % ; Laguiller : 1,99 %. Le 8 mai, au second tour, François Mitterrand l’emporte avec 54,01 % des voix. Porté par la « génération Mitterrand », et se situant alors au-delà de la gauche, il désigne Michel Rocard comme Premier ministre, tentant ainsi une ouverture au centre – Michel Rocard a milité aux côtés de Pierre Mendès France ; il incarne une « deuxième » gauche, plutôt décentralisatrice et autogestionnaire.
Le 14 mai 1988, François Mitterrand dissout l’Assemblée nationale. Aux élections du 12 juin, les socialistes obtiennent 277 sièges, les communistes 27, l’UDF 130, et le RPR 128. Le Front national n’a plus qu’une élue : Marie-France Stirbois. Le gouvernement Rocard, après avoir apaisé la situation en Nouvelle-Calédonie – le FLNKS de Tjibaou demande l’indépendance de l’île, le RPCR de Jacques Lafleur désire qu’elle reste dans la République – s’emploie à la tâche sociale. Le RMI est créé (Revenu minimum d’Insertion) et l’impôt sur la fortune est rétabli. Un nouvel impôt fait son apparition : la CSG (Contribution Sociale Généralisée) qui s’applique à tous les revenus.
Les grands travaux
Le 4 mars 1988, le président Mitterrand inaugure la pyramide du Louvre. L’architecte chinois, naturalisé américain, Ieoh Ming Pei a imaginé cette construction de verre qui semble négocier quotidiennement son intégration à un environnement d’une autre époque – et l’obtenir sans mal dans les effets du couchant qui confond les formes. D’autres constructions marquent les deux septennats de François Mitterrand : le Bibliothèque nationale de France qui porte son nom, l’opéra Bastille – inauguré le 13 juillet 1989 –, l’Arche de la Défense, le Grand Louvre, l’Institut du monde arabe, la Cité de la musique. La série des « grands travaux » s’est interrompue en 1995.
1989 : le mur de Berlin tombe dans la fièvre, l’allégresse, et dans une soudaineté que suivent de très près la réunification de l’Allemagne et la désagrégation du système soviétique. À Paris, les « affaires » commencent avec l’inculpation d’un ami personnel de François Mitterrand – Roger-Patrice Pelat. Il est accusé de recel de délit d’initié à l’occasion d’une opération boursière. Peu de temps plus tard, le 22 juin 1989, c’est Gérard Monate, l’ancien patron de la société Urba, qui est à son tour inculpé : le cabinet d’études qu’il a dirigé a servi au financement du parti socialiste.
18 mai 1990 : la rame TGV A n° 325 atteint la vitesse record de 515,3 km/h