Pour ce qui concerne les élections cantonales, sur 2 034 sièges renouvelés, 834 vont au parti socialiste, 200 aux divers gauche, 108 au parti communiste, 44 aux radicaux de gauche, 4 à l’extrême gauche, 4 à l’extrême droite, 468 à l’UMP, 265 aux divers droite, 68 à l’UDF, et 23 aux divers et inclassables. Le parti socialiste devient ainsi le premier parti de France dans les conseils généraux. Pour la première fois depuis leur création par la Constituante en 1789, certains conseils généraux passent à gauche – ainsi celui de Loire-Atlantique. Au total, dix assemblées départementales de plus passent à gauche – Charente, Charente-Maritime, Cher, Doubs, Drôme, Oise, Saône-et-Loire, Seine-et-Marne, Loire-Atlantique, Ille-et-Vilaine –, la droite ne gagnant que la Corse-du-Sud.
Peu de surprises dans le nouveau gouvernement dont la composition est annoncée le dernier jour de mars.
Au lendemain des élections roses, tout le monde se demande ce que va faire le président de la République : dissoudre l’Assemblée nationale ? Changer de gouvernement ? La réponse est rapide : Jean-Pierre Raffarin qui est venu présenter la démission de son gouvernement est reconduit dans ses fonctions. Aussitôt, le traditionnel ballet des limousines aux vitres teintées commence à Matignon. L’arrondi des virages s’efforce de mimer les temps forts des films d’espionnage où la gomme sur l’asphalte pousse son cri d’orfraie… Les téléphones sonnent, ou ne sonnent pas…
Finalement, à dix-neuf heures trente, le 31 mars 2004, la composition du nouveau gouvernement est annoncée : Nicolas Sarkozy devient ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie ; François Fillon, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche ; Dominique de Villepin, ministre de l’Intérieur, Jean-Louis Borloo de l’Emploi, Michel Barnier des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy à la Santé, Dominique Perben demeure à la Justice, Michèle Alliot-Marie à la Défense, Jean-François Lamour à la Jeunesse et aux Sports.
Francis Mer (Finances), Noëlle Lenoir (Affaires européennes), Luc Ferry (Éducation nationale) et Jean-Jacques Aillagon (Culture) s’en vont.
Les années qui viennent vont être consacrées, notamment, à la réduction du déficit de la dette publique. Le gouvernement s’y est engagé ; des réformes souvent difficiles à accepter sont entreprises.
Le nouveau gouvernement qui offre un visage plus social va se mettre au travail sans tarder. La tâche est énorme : la dette publique française est colossale, la politique financière menée depuis deux ans – baisse des impôts, dépenses multipliées ou amputation de recettes diverses : exonération de taxes professionnelles aux entreprises, restaurateurs, chercheurs, filière porcine, laitière, buralistes, hôpitaux… – a fait passer les comptes de la France dans le rouge.