Incroyable commandement d’un chrétien contre des chrétiens. De terribles massacres se préparent. C’est la guerre des gens du Nord – les croisés – contre ceux du Sud. Les Nordistes composent une foule des plus disparates : ce sont surtout des petites gens attirées par un enrichissement facile, des mercenaires, des brigands, des aventuriers, des bourgeois aussi, des aristocrates et des militaires. Leur chef est Simon de Montfort, un organisateur exceptionnel, un soldat plein d’audace, mais un sanguinaire accompli. En juillet 1209, il lance ses troupes sur la ville de Béziers qui est vaincue : toute sa population est massacrée. Avant l’assaut, les croisés viennent demander au légat du pape comment reconnaître, dans la ville, un cathare d’un non-cathare ; celui-ci leur répond (ou leur aurait répondu…) : « Tuez-les tous ! Dieu reconnaîtra les siens ! » Puis c’est le tour de Carcassonne, du Quercy, de l’Agenais, de Muret, et enfin de Toulouse où, en juin 1215, Simon de Montfort fait son entrée, alors que Raymond VI, le comte de Toulouse, s’est réfugié en Angleterre, auprès de Jean sans Terre.
Finalement, Raymond VI se soumet, mais pas pour longtemps : les Toulousains se révoltent et Simon de Montfort, en 1218, est obligé de faire le siège de la ville qui l’a mis dehors. Toute la ville s’active contre les croisés de Montfort, les femmes en particulier qui actionnent des machines de guerre. L’une de ces machines, une catapulte, projette une grosse pierre avec tant de précision qu’elle atteint Simon de Montfort à la tempe, provoquant sa mort. Ses armées, immédiatement, se dispersent. C’est son fils Amaury qui lui succède, mais il est battu en 1224 par Raymond VII, le successeur de Raymond VI. En 1226, une nouvelle croisade s’organise pour rayer de la surface de la terre l’hérésie cathare. Louis VIII – le fils de Philippe Auguste – la conduit. Il prend Avignon dont les murs sont rasés, mais meurt de dysenterie. Tout s’apaise en 1229, au traité de Meaux : les possessions des croisés tueurs de cathares reviennent à la France, et le comté de Toulouse sera français à la mort de Raymond VII.
16 mars 1244 : Montségur
Comment traquer les cathares qui résistent dans le sud de la France ? Une seule solution : la violence et la torture ! Ce sera l’œuvre terrible et dégradante de l’Inquisition. Instituée en 1233 par le pape Grégoire IX, l’Inquisition est confiée aux dominicains, un ordre religieux fondé par Dominique de Guzman, plus tard devenu saint Dominique – celui-ci voulait concurrencer sur leur propre terrain les parfaits, tentant de regagner des fidèles en parcourant lui aussi, avec ses compagnons, la campagne pieds nus dans la poussière ! En vain ! On leur préférait les Bons Hommes à la voix douce et paisible, à la sérénité accueillante puisque chacun pouvait venir leur raconter ses misères ou ses déroutes sans aucune crainte.
L’Inquisition va donc se mettre en place au début du XIIIe
siècle. Tout un arsenal de tortures est utilisé pour les réticents, les obstinés : pieds brûlés, torsion des membres, ingestion forcée de liquide. Et, pour terminer, le bûcher attend ceux qui refusent d’abjurer. En général, les conversions sont nombreuses, mais certains résistent, se réfugient dans des forteresses. Ainsi, en 1244, à Montségur, un château est construit sur un impressionnant piton rocheux, en plein cœur des Pyrénées. Attaqués dans ce nid d’aigle par Hughes d’Arcis, les purs résistent des mois, mais finissent par se rendre après la trahison d’un paysan qui a indiqué un passage secret. Les 210 parfaits, hommes, femmes, enfants, qui en sortent refusent d’abjurer. Ils vont périr sans offrir de résistance dans le bûcher dressé au pied du rocher. On raconte même que beaucoup d’entre eux se jetèrent d’eux-mêmes dans les flammes. Aujourd’hui encore, ce champ s’appelle le Prat des cramats (des brûlés).Louis IX, plus connu de nos jours sous le nom sans appel de Saint-Louis, va marquer son temps. Ce roi épris de justice va installer dans le royaume un réseau très efficace de baillis, sénéchaux et prévôts à la poigne de fer pour une justice parfois trop rigide. Il va faire de multiples démonstrations de sa piété fervente. Mais cela ne l’empêche pas de conseiller l’épée dans le ventre pour ceux qui portent atteinte à la cohésion de la religion.